samedi, 13 aout 2016 10:33

L'indépendance (6ème partie)

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Photo Pinsonneault : Maurice Duplessis et ses soeurs, Margueritte, Jeanne, Etiennette, et Gabrielle
 
Juriste Curé
 
La disparition de Dieu au Québec
 
Pour vous donner une idée de ce que représentait le personnage du Cardinal Léger, voici un extrait de la biographie de Duplessis : « Le cardinal Léger des années cinquante, jeune prodige du Sacré Collège de Pie XII, était un personnage bien différent du grand modernisateur qui allait faire valoir ses idées lors de Vatican II, sous Jean XXIII durant les années soixante. […] La plupart du temps ils (Duplessis et Léger) étaient à peu près aussi irrités l’un que l’autre par les membres les plus d’avant-garde de l’université de Montréal, par le groupe du journal Le Devoir et par certains membres du bas clergé qui n’hésitaient pas à faire connaître leurs opinions » [Maurice Duplessis, Conrad Black, p393]. Autrement dit, ils étaient tous les deux irrités par George-Henri Lévesque (membre du bas clergé) et P.E. Trudeau, Jean Marchand et Gérard Pelletier, principaux agitateurs de cette période. Suite à la mort de Duplessis vint la prise de pouvoir du parti libéral et Vatican II de 1962 à 1965. Ce serait durant ce concile que le Cardinal Léger aurait tourné casaque, aurait viré son capot de bord. D’abord peu enclin à accepter l’orientation de Vatican II, il en fut ensuite son plus fervent défenseur et fit campagne dans tout le Québec pour en vendre les bienfaits. Vatican II reléguait notamment la responsabilité de la religion à la sphère privée (sécularisation),  manière implicite de déconfessionnaliser les écoles, les hôpitaux, etc. (le ministère de l’éducation et de la santé n’existait pas à cette époque ; aujourd’hui c’est plus de 50% du budget provincial). Les évangiles rapportent que Jésus disait : « Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu ». Voilà que le Saint-Siège disait « Rendez tout à César » et les clercs, athées comme religieux, répliquaient « Rendez tout au peuple. Un seul homme ne peut contrôler le politique et le spirituel. ». Ensuite, quelques années plus tard, suite logique du constat de l’échec communiste et socialiste, « Rendez tout à l’individu ». Le sort du monde entre les mains inconséquentes de chacun des individus, de la plus grande âme au plus vil bandit. Jacques Rouillard explique le résultat de ce cheminement chez les syndicats internationaux : « Le système démocratique de gouvernement reçoit aussi leur aval car il garantit les libertés individuelles et laisse la faculté aux travailleurs de former des syndicats. C'est pour cette raison qu’ils appuient le gouvernement canadien au cours des deux grandes guerres, militent pour l'adoption d'une charte des droits et libertés et combattent tout autant les groupes socialistes, communistes que fascistes » [Rouillard, 2001, p. 17]. Pour ce type de syndicat qui, durant l’entre-deux-guerre, dénonçait la loi du cadenas parce que anticommuniste et qui était soupçonné d’être un nid de communistes (trotskistes), un pareil revirement de situation en dit long sur son intérêt.
 
Pour la population québécoise qui, sauf chez les Anglais, s’organisait collectivement ou à tout de moins familialement, sans savoir trop ce que la sphère privée (nid de l'individualisme) mangeait en hiver, on peut s’imaginer le choc de Vatican II. À vrai dire, les Québécois continuèrent à faire confiance aux mêmes élites et conseillers de vie… pourquoi auraient-ils changé ? Sauf que ces élites et conseillers de vie étaient devenus athées ou sceptiques et, ayant viré Dieu de leur vie, par perte de repère, jouèrent, par la suite, aux apprentis sorciers sur la population. Certaines expériences fonctionnèrent, d’autres pas. Certaines furent même catastrophiques. Parlez-en aux enfants des signataires de Refus global [i].
 
Au moment de Vatican II, la CTCC, syndicat catholique, s’était déjà déconfessionnalisée transformée en CSN en 1960, la même année que l’entrée au pouvoir du parti libéral dirigé par Jean Lesage. Cette même absence de repère amenant les syndicats devenus athéistes à jouer aux apprentis sorciers se ressent. Un mélange d’excitation et d’improvisation.
 
 
 

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