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Photo Pinsonneault : Maurice Duplessis et ses soeurs, Margueritte, Jeanne, Etiennette, et Gabrielle
Juriste Curé
La grève de l'amiante
« Le conflit d’Asbestos (1949), qui a beaucoup de retentissements dans la province à mesure qu’il se prolonge, donne lieu à un vaste mouvement de solidarité et de générosité. Plus de 500 000$ en argent et 75 000$ de vivres sont recueillis parmi les syndiqués de toute allégeance et aux portes des églises, comme l'ont demandé plusieurs évêques. L’idée d’un appui aussi tangible de l’épiscopat, unanime dans ce dossier, provient de la Commission sacerdotale d’études sociales qui, comme nous le verrons, est à l’origine du projet de réforme de l’entreprise ». Ironiquement du côté patronal on citait le pape (avant Vatican II) qui dénonçait « ceux qui s’appliquent à réduire tellement le caractère individuel du droit de propriété qu’ils en arrivent pratiquement à le lui enlever » [Jacques Rouillard, 2000, p.11].
Les personnages clés du syndicalisme
Fait assez inhabituel pour un archevêque, lors de la grève de l’amiante à Asbestos en 1949, Monseigneur Charbonneau, appuya sans réserve la grève. Après tout, selon lui, un complot se dessinait pour « détruire la classe ouvrière ». Ce franco-ontarien de souche n’ayant pour cette raison aucun intérêt pour le nationalisme québécois [i], se faisait plutôt le défenseur d’un catholicisme universaliste. Je me demande bien qui avait pu le conseiller… Une telle prise de position n’est pas sans conséquence, l’archevêque faisant partie de l’autorité morale. Ce genre de prise de position donne le feu vert à tout et n’importe quoi. Son universalisme s’est donc dissous dans le concret.
George-Henri Lévesque, fondateur de l’école des sciences sociales de l’Université Laval, Pierre Eliott Trudeau et Jean Marchand qui ont tous deux participé à au moins une rencontre de Bilderberg par la suite [ii], se firent un plaisir de défendre les travailleurs. On aura beau dire que les conditions de travail étaient difficiles et que la rébellion était donc justifiée, le saccage qui suivit l’échec des négociations ne fit absolument pas avancer la cause des travailleurs. Certaines demandes syndicales semblent avoir été écrites dans le but de faire perdre patience à la partie patronale. Parmi les revendications et selon la doctrine du moment, toutes les décisions patronales devaient passer par le syndicat. Pourquoi devenir entrepreneur, prendre des risques financiers, si le patron ne peut plus décider et doit sympathiser avec le leader syndical pour y arriver ? L’entente qui suivit allait faire revenir les conditions de travail au même niveau qu’elles étaient avant la grève [iii].
Le cardinal Léger, en remplacement de monseigneur Charbonneau, mettra un frein à l'intérêt de l’épiscopat canadien-français pour les causes syndicales, mais le train était en marche...
[i] «Pour Mgr Charbonneau, l’Église était universelle et il accordait peu d’attention au nationalisme québécois et aux partis pris confessionnels. L’archevêque croyait que les gens devaient être justes et bons et si l’on découvrait une injustice ou une mauvaise action il fallait la dénoncer énergiquement, quelles qu’en soient les conséquences. Il ne vint jamais à l’esprit de cet homme, altruiste et fervent, qu’une telle attitude pouvait conduire au désastre. Et finalement, quoique indiscutablement intelligent, Mgr Charbonneau était un administrateur incroyablement inefficace. Il n’entendait rien aux chiffres et ne s’attachait nullement au protocole. Désorganisé, il négligeait souvent de répondre à son courrier ou le faisait en retard » Entrevue avec le cardinal Roy à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de son intronisation à l’évêché de Québec, Le soleil, 22 juillet 1972.
[iii] Après un long délai, la procédure d’arbitrage reprit son cours normal et le règlement final était à peu de choses près pareil à celui qu’avaient rejeté les militants en février, mars, avril et mai. La lutte n’avait profité à personne. P341, Maurice Duplessis, Conrad Black.