samedi, 12 mars 2016 09:08

L'indépendance (2ème partie)

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Photo Pinsonneault : Maurice Duplessis et ses soeurs, Margueritte, Jeanne, Etiennette, et Gabrielle
 
Juriste Curé
 
Saint-Maurice l'ultramontain
 
Dans sa biographie, il est décrit ainsi : « Il n’est pas le Dictateur que la légende représentera. Il consulte ses collègues sans qu’ils s’en aperçoivent. [Maurice Duplessis et son temps, Rumilly, p.317] » « Duplessis était un partisan de l’autorité. Il croyait en une église et un État hiérarchisés, mais compatissants. Auprès des pauvres, durant la crise des années 30, ce serait sa secrétaire de toujours Auréa Cloutier qui serait intervenue auprès des gérants de banques pour qu’ils refusent les endossements de Duplessis « qui se ruinait pour Pierre-Jean-Jacques. »[Maurice Duplessis et son temps, Robert Rumilly, p.91]
 
« En fait, il façonna l’Union nationale presque à l’image de l’Église du Québec. Hautement structurée, elle récompensait le mérite [et la fidélité], se souciait de l’ouvrier, du fermier et de la petite bourgeoisie, mais se méfiait des élitistes et des réformateurs. Le catholicisme du Québec n’était pas le catholicisme bénin pratiqué en Hollande et en Grande-Bretagne et il n’avait pas non plus la forme hautement intellectuelle du catholicisme français. L’église du Québec n’avait pas l’attitude morbide et fataliste de l’Église espagnole ni l’esprit mondain de l’Église italienne. Au Québec, l’Église n’était pas aussi politisée qu’elle ne l’était en Allemagne ni aussi aristocratique qu’en Amérique du Sud. Elle n’était pas, comme l’Église européenne, habituée à l’existence des mouvements antichrétiens, de gouvernements athées et de révolutions et elle n’était pas non plus, comme l’Église des pays anglo-saxons, habituée à partager sa tâche avec la majorité protestante. Au Québec, le catholicisme était puissant et absolu. Chez nous, le leadership de l’Église procédait du peuple. Le cardinal Villeneuve était fils de chapelier et le père du Cardinal Léger était un épicier. Parmi les prélats, Mgr Roy était celui qui se rapprochait le plus d’un aristocrate. Son père, Ferdinand Roy, avait été nommé par Duplessis à la présidence de l’Office des salaires raisonnables et devint par la suite doyen de la faculté de Droit de l’université Laval et juge en chef de la magistrature du Québec » [Duplessis, le pouvoir, Black, 1977]. J’ajouterais à cette description de Mgr Roy qu’il a été aumônier militaire durant la Seconde Guerre mondiale. Autrement dit, même les quasi-aristocrates, dans ces temps-là, n’étaient pas à l’abri de quelques menus sacrifices.
 
 
On accuse inlassablement Duplessis de marché main dans la main avec les patrons d’entreprises américaines. C’était sa manière de refuser de soumettre l’état québécois aux banques. Ceux qui s’endettaient, c’étaient les entrepreneurs. Et puis même les entrepreneurs… « Les grosses entreprises tombaient sous la tutelle de Duplessis en tant que procureur général et chef des Canadiens français » [Duplessis, Le pouvoir, Conrad Black, p 485-486.].
 
« Avec l’austérité […] L'obsession d'aujourd'hui n'est-elle pas que le fardeau de la dette entrave le développement du Québec ?» demande Gilles Verrier sur son blogue au cœur duquel il s’intéresse énormément à l’indépendance du Québec. Remarquez bien que le jour où l’Union nationale, sorte de front national québécois (alliance entre le parti conservateur du Québec et l’Action nationale du Québec (libéral idéologiquement parlant et nationaliste canadien-français)[ii], a perdu le pouvoir aux mains des libéraux de Jean Lesage[iii], la dette s’est mise à augmenter  radicalement.
 
 

[ii] Née durant la crise économique par mécontentement à la gestion de la crise préconisée par le premier ministre libéral Alexandre Taschereau (on parle souvent de la corruption du gouvernement Taschereau mais il s’agit surtout de l’habilité de Duplessis à mettre en  évidence la corruption de Taschereau), l’action libérale nationale est un mouvement qui allait, par la suite, devenir le principal bâton dans les roues de l’Union nationale. Plusieurs mécontents de la tournure que prenait l’Union nationale se réfugièrent dans l’ordre de Jacques-Cartier qui noyautait, selon Robert Rumilly, la société Saint-Jean Baptiste, les commissions scolaires, les caisses populaires, les syndicats catholiques et d’autres sociétés dites nationales québécoises, tout en conservant le siège social à Ottawa…

[iii] Il avait pris le pouvoir grâce à un slogan piqué à l’union nationale (maître chez nous)

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