dimanche, 15 mars 2020 08:49

Pie XII un pape souvent méconnu et calomnié

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Louis-Philippe

Le Vatican a décidé d’ouvrir les archives de la période du pontificat de Pie XII (entre 1939 et 1958) à des dizaines de chercheurs depuis le 2 mars dernier. Le but est de résoudre une fois pour toutes les controverses au sujet de ce grand pape du siècle dernier. La plus grande controverse concerne son silence réel ou supposé sur les massacres perpétrés par les nazis contre les juifs. C’est la tristement célèbre pièce de théâtre Le Vicaire de l’écrivain allemand Rolf Hochhuth en 1963 qui a lancé les accusations de passivité, voire de complicité avec les crimes hitlériens contre Pie XII.

C’est un sujet fort complexe qui doit être étudié soigneusement,  mais rien n’a permis jusqu’à maintenant de prouver les accusations contre ce souverain pontife. La conversion au catholicisme du grand rabbin de Rome, Israel Eugenio Zolli, en 1945 s’expliquerait mal si Pie XII avait vraiment été complaisant envers les nazis, surtout qu’il a mentionné lors de son baptême être très reconnaissant de tout le bien que Pie XII aurait fait aux juifs au cours de la Deuxième guerre mondiale. Il a d’ailleurs pris le prénom Eugenio en hommage à Eugenio Pacelli, le véritable nom de Pie XII (1). Le confesseur et proche ami de Pie XII, le cardinal Augustin Bea, entretenait des contacts avec des représentants de la communauté juive, avec l’autorisation et la bénédiction du pape. Assez inconcevable pour un supposé antisémite!

L’anticommunisme véhément de Pie XII a été aussi un sujet de controverse. Certains ont même prétendu, sans l’ombre d’une preuve, qu’il aurait conduit le Saint-Père à ne pas voir la menace représentée par le nazisme et à faire preuve d’une certaine complaisance à son égard. Le sort des chrétiens, toutes confessions confondues, en URSS et plus tard en Europe de l’Est n’avait rien pour rassurer le Vatican sur les méfaits du communisme. Il faut aussi mentionner l’hostilité implacable des communistes à l’égard du catholicisme et de toutes les religions en général. Quand il était nonce apostolique en Bavière, de 1917 à 1925, Mgr Eugenio Pacelli a été confronté à l’insurrection communiste menée par les Spartakistes en 1919. Ces derniers tentèrent même de nationaliser l’immeuble de la nonciature et ils furent très menaçants envers le représentant du Vatican. On peut très bien comprendre le souvenir amer qu’en conserva Pie XII et son hostilité envers une idéologie fondamentalement anticatholique et antichrétienne.

En 1949 le Saint-Office publia un décret rendant passible d’excommunication les catholiques qui adhéraient au parti communiste et faisaient la promotion de sa doctrine. Il est important de garder en tête que pendant ce temps, en Europe de l’Est, les cardinaux Beran, Mindszenty et Wyszynski étaient jetés bêtement en prison à cause de leur défense opiniâtre de la foi catholique. Sans compter les dizaines de milliers, voire les centaines de milliers de catholiques, d’orthodoxes et de protestants durement persécutés et dans certains cas assassinés par les disciples de Lénine et Staline. La mesure adoptée par le Saint-Office pouvait paraître un peu radicale à ceux dont le cœur penche à gauche, mais l’attitude des régimes communistes n’incitait rien au dialogue et au rapprochement. Le prédécesseur de Pie XII, Pie XI, n’avait-il pas déclaré dans son encyclique Divini Redemptoris en 1937 que « le communisme est intrinsèquement pervers ». Le successeur de Pie XII, Jean XXIII, a eu une attitude quelque peu différente, non pas envers la doctrine communiste, mais plutôt face au monde communiste. Il a reçu en audience le gendre du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev, Alexis Adjoubei, en audience privée avec sa femme au Vatican. Jean XXIII cherchait par le dialogue à améliorer le sort des catholiques derrière le rideau de fer, on a désigné cette politique sous le vocable d’Ostpolitik ou ouverture vers l’est. Paul VI, qui succéda à Jean XXIII, a poursuivi cette politique qui tranchait quelque peu avec l’intransigeance de Pie XII, mais sans pour autant changer quoi que ce soit à la condamnation du communisme.

On peut dire sans conteste que Pie XII fut un des plus grands papes du XXème siècle. Il a travaillé énormément pour la défense de la foi catholique et aussi pour la paix dans le monde. Dans ses radio-messages diffusés pendant la 2ème guerre mondiale, il a abordé la question sociale et n’a pas hésité à dénoncer les maux du capitalisme et la nécessité d’une meilleure redistribution des richesses. Avant de porter un jugement à l’emporte-pièce sur sa soi-disant passivité face aux nazis, il serait sans doute bon de s’informer sur le travail qu’il a fait de manière discrète pour aider les victimes du nazisme tout en évitant des représailles terribles et funestes. Ne nous laissons pas aveugler par l’anticatholicisme primaire si répandu de nos jours et qui ne voit que les aspects négatifs de l’Église en les exagérant au maximum.

 

(1) https://www.revueenroute.jeminforme.org/eugenio_zolli.php

(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Pie_XII

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