dimanche, 14 juillet 2019 11:23

Adam Weishaupt - L´école secrète de sagesse

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Adam Weishaupt, né le 6 février 1748 à Ingolstadt en Bavière et mort le 18 novembre 1830 à Gotha, est un théologien et essayiste allemand. Après ses études où il suit l'enseignement des jésuites, il devint en 1775 professeur de droit canonique à l'université d'Ingolstadt (Électorat de Bavière, Saint-Empire romain germanique). Il est le fondateur de l'ordre des Illuminés de Bavière.

Réduisez le nationalisme et les hommes apprennent à se connaitre à nouveau eux-mêmes en tant qu’hommes. Que l’attachement se perde, et le lien de l’union se distend et s’élargit, la source et la raison d’un grand nombre d’actions utiles à l’Etat ne sont plus de mises. Si vous augmentez le patriotisme, vous enseignez aux hommes qu’il est tout aussi peu injuste d’agir contre sa patrie que contre le reste de l’espèce humaine ; qu’au regard de l’autre patrie, l’Etat possède aussi peu de privilèges que les autres familles, que l’on ne peut ni condamner ce fait, ni considérer comme crime un amour restreint quand on en donne soi-même l’exemple; que toute usurpation à mon profit serait autorisée et que finalement l’égoïsme le plus étroit apparaitrait tout aussi légitime si, comme l’Etat, il était en mesure de gagner en impunité grâce à sa supériorité. Eprouve le danger de ces propositions ! Ici, le crime contre l’humanité devient une vertu, parce qu’il est impunément commis par beaucoup, alors que toute personne raisonnable doit reconnaitre que le profit d’un Etat ne peut en aucune façon être la mesure de la justice et de l’injustice humaines, car sinon nous aurions pour les mêmes cas des droits contradictoires.

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C’est une métamorphose inouïe que les hommes regardent désormais toutes les choses avec d’autres yeux ; ils recherchent leurs droits originels et s’emparent finalement des moyens si longtemps ignorés pour saisir l’occasion de se renforcer pendant la période transitoire, promouvoir la révolution imminente de l’esprit humain, se prémunir de la rechute et remporter une victoire éternelle sur ceux qui les ont opprimés jusqu’à maintenant.

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Mais cette victoire aurait été de courte durée, les hommes seraient bien vite retombés dans leur humiliation précédente si la prudence des anciens temps n’avait travaillé auparavant et mis à disposition les moyens les plus durables qui se sont conservés jusqu’à notre époque, mais qui sont les ressorts secrets et pourtant sur de provoquer un jour la libération de l’espèce humaine. De tels moyens nous sont enseignés dans les écoles secrètes de sagesse. Ils furent toujours les sauveurs de la nature et des droits humains. Par eux, l’homme se relève de sa chute : les princes et les nations disparaitront de la terre sans violence ; un jour, l’espèce humaine sera une famille et le monde, le séjour des hommes raisonnables.

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Celui donc qui répand les lumières universelles procure en même temps par-là la sécurité générale réciproque, et les lumières et la sécurité universelles rendent les princes et les Etats superflus. Pourquoi donc aurait-on besoin des leurs ?

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Celui qui veut provoquer la révolution doit changer les mœurs ; il doit les rendre meilleures ou pires, pour, avec le temps, former une république ou un Etat despotique. Toute histoire le confirme.

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Les hommes ne sont pas mauvais parce qu’on les rend tels et que tout les y incite ; la religion, l’Etat, les fréquentations, le mauvais exemple.

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Tu vois donc que le nom « illuminé » aussi provient de l’Eglise primitive et que le but de la Franc-Maçonnerie authentique et de l’Ordre est le suivant : rendre les hommes aptes à la liberté par le christianisme en actes, la diffusion de la doctrine de Jésus et la préservation des vrais secrets de cette doctrine, ainsi que par les lumières de la raison ; rassembler dans une famille le monde et les hommes séparés par l’ordre civil, et faire advenir le royaume des justes et des vertueux.

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On agit souvent au mieux dans le monde grâce aux femmes. Entrer dans leurs bonnes grâces, gagner leur amitié doit faire l’objet de notre plus fine étude. Elles sont plus ou moins dirigées par la vanité, la curiosité, la sensualité et le penchant au changement. On en tire des avantages pour les bonnes choses ! Ce sexe tient une grande partie de monde dans ses mains.

[…]

Le petit peuple doit aussi partout être gagné. On y parvient le mieux par l’influence sur les écoles, puis par la générosité, par un certain éclat, par l’affabilité, la popularité et par une tolérance apparente des préjugés dominants que l’on peut alors commencer à éradiquer peu à peu.

[…]

Là où l’on a la main dans le gouvernement d’un pays, on doit apparaitre le moins possible comme quelqu’un d’influent ; ainsi, personne ne travaillera contre nous, et là où l’on ne peut rien imposer, il faut sembler pouvoir tout faire afin que l’on soit craint, recherché et par là renforcé.

[…]

Les écoles militaires, académies, imprimeries, librairies, chapitres-cathédraux, et tout ce qui a une influence sur l’éducation et le gouvernement, ne doivent jamais être quittés des yeux ; les régents doivent sans arrêt élaborer des plans pour pouvoir commencer à obtenir le pouvoir sur eux.

[…]

Et donc, si même la maladie, en tant que telle, n’est qu’une simple apparence, je n’en cherche pas moins de l’aide ; car outre le fait qu’il y a véritablement là-dedans quelque chose de matériel qui doit tellement m’affecter dans ces circonstances données, mais qui, dans d’autres m’affecterait peut-être de manière agréable, je réclame cependant que cet effet qui m’est désagréable soit supprimé [,] que son phénomène soit aboli par un autre phénomène – peu importe que la souffrance soit, une illusion ou une réalité. Aussi longtemps que nous serons organisés ainsi, son action demeurera désagréable ; aussi longtemps que notre nature actuelle sera telle que nous recherchons les états agréables, nous fuirons et écarterons ceux qui sont désagréables. De toutes les vérités relatives, rien d’autre n’est vrai que ceci : les forces invisibles que se trouvent hors de nous apparaissent d’une certaine façon à des êtres organisés d’une certaine manière, placés dans des situations et des circonstances données, pour apparaitre différemment dans d’autres conditions.

[…]

L’homme sage et prudent doit l’anticiper, et l’historien trouvera confirmé par le passé le fait que dans tous les pays d’Europe, le pouvoir royal croit manifestement à mesure que celui des états diminue ;  que si l’on n’y met pas un terme par des efforts secrets, si la patrie aristocratique détruite du gouvernement n’est pas remplacée par ces seuls vrais représentants de l’humanité, le cours de la nature en Europe fera en sorte que le régime féodal soit supprimé et avec lui les privilèges des états qui en découlent et conduira par conséquent au pouvoir absolu et despotique ; que les grandes armées permanentes, encore et toujours grandissantes, en seront l’instrument ; que l’immense entretien qu’elles nécessitent nécessitera de gros impôts et l’intervention de nouveaux devoirs ; qu’il sera plus facile de les obtenir et de les collecter, cependant que la capacité contributive des classes inférieures, qui sont les seules à travailler diminuera ; que l’incapacité des petites gens à satisfaire encore par leur contribution ce besoin permanent – et sans cesse croissant – devra obliger les princes à faire main basse sur les privilèges et les revenus des états libres ; que dans les pays catholiques, l’immense richesse du clergé en offrira le moyen le plus fécond et le plus inoffensif, sous le prétexte innocent d’une réforme attendue de longue date par tous les gens raisonnables ; que, par conséquent, la classe des soldats réduira le poids du joug papiste ; qu’en raison du besoin persistant, et une fois cette source tarie, les princes chercheront avec un indéniable succès, à faire bientôt la même chose aux fiers et nobles propriétaires terriens ; mais que finalement, les rois eux-mêmes comme ce fut le cas avec la chute de l’Empire romain, et par la suite avec la milice féodale, apprendront peut-être une nouvelle fois que les moyens du pouvoir absolu deviendront un jour les instruments de leur humiliation et de leur dépendances, si l’esprit guerrier et la discipline n’ont pas entretemps diminué à cause de la mollesse grandissante.

Le sage philanthrope et cosmopolite voit finalement émerger de cette pression imminente et de cet esprit de conquête, la culture et le raffinement pour le reste du monde encore arriéré, et un accroissement de population sur toute la terre ; il voit de la guerre naitre la sérénité et la paix ; du conflit, l’harmonie ; du manque, l’abondance ; des ténèbres, la lumière ; l’oppression, la liberté ; de la corruption, la morale ; et de la plus grande inégalité, l’égalité. – Le despotisme lui-même doit être le moyen d’éradiquer la classe moyenne et de faciliter la voie menant à la liberté. – Les sages historiens et les penseurs découvrent tout cela et plus encore, et d’une manière plus juste dans les conditions des peuples migrants et dans le pouvoir si borné de leurs premiers maitres.

[…]

Sur le cosmopolitisme

Les Etats et les Nations ne sont rien de plus, au regard du tout, que de grandes familles davantage subdivisées ; ce ne sont pas des fins, mais des moyens ; ce ne sont pas la dernière étape, mais un degré élevé sur la grande échelle de la nature par laquelle l’espèce humaine doit se hisser jusqu’à sa dignité et à sa grandeur. Si donc tu veux de la tranquillité et l’unité règnent parmi les hommes et les nations de la terre, réduis les liens serrés et les intérêts étriqués, réunis-les en un lieu supérieur et universel ; plus il sera élevé, plus la cause de la discorde disparaitra. De grandes actions et des œuvres d’abnégation deviendront visibles, les héros apparaitront. Si tu veux détruire le monde et répandre la dissension, restreins ton point de vue et favorise par-là même tes propres intérêts : les nains, les esprits mesquins, les calomniateurs et les hypocrites, l’arrogance et la fraude, les meurtriers et les voleurs ravageront le monde. La haine et la discorde sont les enfants de l’égoïsme et de tous les penchants bornés, selon que le point de vue est plus large ou plus étroit. La paix et la tranquillité universelles sont les conséquences du Cosmopolitisme.

Source : L'école secrète de sagesse - Reinhard Markner / Josef Wages

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