dimanche, 02 juin 2019 11:29

Montréal invivable pour le Montréalais

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Réjean DeGaule

Depuis quelques semaines, le centre-ville de Montréal est congestionné. Davantage qu'à l'habitude. Les responsables ne sont pas tant les voitures que la quantité de piétons dans les rues. Aux abords de chacune des feux de circulation, il devient pratiquement impossible de tourner à gauche ou à droite en raison de l'affût mirobolant de piétons. La durée de la lumière verte qui indique le moment durant lequel les piétons peuvent traverser le chemin n'est pratiquement jamais respectée. À moins de profiter de la lumière jaune, voire orange (manière de décrire le moment durant lequel la lumière tourne au rouge), les voitures ne peuvent tourner. Dans les endroits les plus achalandés, il faut parfois sauter trois à quatre lumières vertes si ce n'est davantage pour pouvoir tourner. Il n'est pas difficile d'imaginer que durant ce temps, une file de voitures se crée à l'arrière.

Les piétons de centre-ville, quand ils ne sont pas rivés à leur téléphone intelligent, apparaissent seuls dans leur monde. Aucune raison donc de se soucier de la circulation automobile. S'il n'y avait aucune conscience de la part des automobilistes du nombrilisme des piétons,  on pourrait croire à une vague de suicide parmi les piétons tellement certains prennent des risques en traversant la rue n'importe comment.

S'ajoute à ces embouteillages qui n'ont pas lieu le restant de l'année, les rues fermées en raison de la construction. Inutile d'en rajouter sur ce fléau. Il faut être un ermite pour ne pas avoir encore constaté l'étendue des dégâts sur nos routes. De mauvaise foi, on pourrait dire que plus il y a de chantiers de construction, plus il y a de nids de poule.

Projets de tour d'habitation de 1 milliard $ au centre-ville

Le 1er mai dernier, on annonçait la construction de 3000 unités d'habitation au coût de 1 milliard à Candiac. Inutile de dire que le centre-ville de Montréal sera l'endroit où se déplaceront les proprios et locataires durant l'été. On annonce aujourd'hui dans les pages du Journal de Montréal, un projet de 1 milliard pour la construction d'un immeuble de 61 étages pour 800 unités haut de gamme. À noter que « la décontamination » ainsi que « les mesures d’urgence et de rétablissement » entourant la catastrophe de Lac-Mégantic, village de plus ou moins 5 600 habitants, a coûté 280 millions aux contribuables. Le total de la facture est probablement un peu plus élevé, car on peut déduire que l'état n'est pas le seul à avoir payé la reconstruction. Il serait intéressant de connaître la valeur d'une maison ou d'un terrain à Lac-Mégantic en ce moment. Néanmoins, ce n'est pas le sujet de l'article. Si l'on se fie à TVA, la facture due au « rétablissement » (bravo pour la novlangue) de Lac-Mégantic serait salée. Si la facture de Lac-Mégantic est salée, elle paraît bien dérisoire devant le coût de construction des récents projets d'unités d'habitations entourant le centre-ville de Montréal. Les nouveaux habitants de Montréal seront donc riches. Nul besoin d'être économiste pour prévoir les conséquences de l'arrivée de ce type d'habitant dans le centre-ville de Montréal. Il y aura inflation. Il y aura augmentation des coûts. Et puis, la quantité de piétons augmentera. Si certaines compagnies québécoises peuvent réaliser de bonnes affaires et parfois récolter le magot, qui voudra se déplacer au centre-ville pour faire les tâches ingrates et sous-payées dans ce genre de contexte ?

Chaque investissement pour le bien des fortunés pourrait bien être accompagné d'une nouvelle vague de migrants prêts à réaliser ses tâches ingrates.

Certains disent : « les jeunes sont lâches. De la job, y en a en masse. Il y a des plongeurs qui gagnent 18$ de l'heure en ce moment. Si c'est pas attirant ça ?! Qu'ils travaillent. Comme ça, on n’aura pas à faire venir de migrants » Oui, les salaires augmenteront un peu s'il y a un manque de main-d’œuvre. Ça ne fera tourner la roue plus rondement. Travailler au centre-ville sera bientôt une torture que certains accepteront qu'en se gelant aux drogues fortes, comme c'est déjà le cas dans l'arrière-cuisine de plusieurs restaurants. Ce qui a de bien de Montréal, c'est que le coût de la vie pour une métropole est encore raisonnable. Cela ne saurait durer.

Comme quoi certains types de clientèles attrayants à prime à bord ont leurs lots de conséquences néfastes. Personne n’est responsable. Seulement l'appât du gain généralisé...

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