mardi, 28 mai 2019 13:54

Le Devoir à Paris

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Réjean De Gaules

Après avoir montré l'imposture Christian Rioux, nous nous devons de montrer une autre imposture d'envoyé spécial en France. Celle de Stéphane Baillargeon. Ce dernier culpabilise les médias français de jouer la carte de la nostalgie culturelle avec un article titré « obsession patrimoniale ». [i]

Baillargeon cite Thibault Le Hégarat qui a fait son doctorat sur l'apparition du thème du patrimoine à la télévision française : « Les discours se répartissent le long d’un spectre allant de la nostalgie désuète à la célébration des racines supposées de la nation France. » Les racines supposées... passons. Il y a pire.

« Beaucoup d’émissions ont un ton conservateur, au sens sociopolitique, dit le chercheur en entrevue. Elles disent que la France néglige son passé, perd contact avec un temps plus glorieux. La plupart du temps, ce n’est même pas conscient de la part des producteurs, qui se contentent de faire comme tout le monde fait. » « Il y a encore cent ans, quand quelque chose disparaissait ou était modifié, ce n’était pas grave »

Baillargeon cite l'universitaire Michel Le Guénic « Tous les jours, on a donc une émission qui nous dit que la ville est en train de tout gâcher et que Paris, c’est le cauchemar absolu », résume par une formule-choc le docteur en télé. » Comme quoi, tout est une question de point de vue.

Jusque-là, il serait possible de laisser le bénéfice du doute au journaliste du Devoir, car vendre la campagne et le passé comme romantique à des acheteurs qui ne les connaissent que très peu, est un phénomène assez répandu même au Québec. Lorsque je demande à des clients (généralement montréalais ou immigrés de grandes métropoles) ce qu'ils pensent de la campagne, la bobine étiquetée « romance, beauté sauvage, vue à couper le souffle, retour à ses racines, reprendre contact avec la nature » se déroule comme une série de clichés avec une insistance particulière. Il y aurait donc une part de vérité dans ce journalisme de cosmopolite. La campagne française et les conquêtes du passé sont fort probablement un tantinet idéalisées. Pas de quoi écrire à sa mère ou dans le Devoir puisque la fierté française se trouve assez difficilement dans les méandres de la modernité. Comment ne pas être tenté de trouver cette fierté ailleurs que dans la modernité ?

Mais Baillargeon n'arrête pas ces petites mesquineries de cosmopolite en si bon chemin. Il va jusqu'à omettre des informations pour prouver son point. Il ajoute toujours en citant un expert patenté : « Il y a de fortes réticences à tout ce qui modifie les traces du passé. On le voit aussi autour de Notre-Dame de Paris en ce moment. Un pan de la France ne veut rien modifier et souhaite reconstruire à l’identique la flèche du XIXe siècle. » Sans plus d'explication.

Mensonge par omission

Aucune mention de cette volonté de projet foncier entourant Notre-Dame ou de la reconstruire à un coût exorbitant avec des méthodes modernes, ces méthodes qui incluent plus de temps à préméditer l'obsolescence programmée des structures qu'à les rendre solides ou belles. Si certains Français se méfient des modifications à Notre-Dame, c'est qu'il apparaît y avoir anguille sous roche. Ce n'est absolument pas pour des raisons de nostalgie hugolienne ou je ne sais quoi. Livrer un symbole qui est cher à une population à des profanes sans scrupules a de quoi rendre inquiet. Ce n'est pas parce que les Français sont bêtes comme le sous-entend cet article, bien au contraire. L'abruti c'est Baillargeon qui ne fait pas son travail jusqu'au bout. Il ne s'agit même pas de voir un complot quelque part et d'enquêter. Il s'agit simplement de livrer des informations et témoignages qui ne font de mal à personne.

Ce romantisme qui idéalise la vie rurale, le passé, a beau empêcher une part d'autocritique qui est nécessaire en ce moment, ce romantisme est bien inoffensif en comparaison au mépris anti-France de cet article de Stéphane Baillargeon. Le national-sionisme de Christian Rioux et le mépris de Stéphane Baillargeon pour la France profonde se complètent bien dans un processus dont le but est de colporter une idéologie mortifère du pays qu'ils tendent de couvrir. Si on peut parfois déplorer un manque de connaissance des expatriés français pour leur terre d'accueil, que dire de l'ignardise du Québécois qui se fieraient à ces deux chroniqueurs pour bien connaître la France ? C'est sans prendre en considération l'avis des cosmopolites radio-canadiens ou des chroniqueurs du Journal de Montréal qui caricaturent la France, qui ne montrent que leur France à eux.  Il faudrait bien un jour montrer la France des français.

[i] https://www.ledevoir.com/culture/ecrans/555283/terre-chretienne-et-france-rurale-les-mythes-fondateurs-de-l-emission-sur-le-patrimoine

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