jeudi, 23 mai 2019 11:51

Fatima Houda-Pepin : de l'islam au progressisme maçonnique des Lumières

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Mike Deschamps

Alors qu’on monopolise l'actualité par les débats sur la laïcité, Madame Houda-Pepin n’en finit plus d’étaler sa science humaniste à travers ses chroniques d’opinion. Elle a expliqué très récemment dans une de ses chroniques pourquoi elle était pour la laïcité [i].  Elle y décrit l’islam de son enfance, très serein, et l’islamisme qu’elle a découvert en arrivant au Québec. Bien que sa chronique soit intéressante pour découvrir l’expérience d’une ex-musulmane convertie aux Lumières, il reste que son analyse se base uniquement sur son propre bien-être en ignorant les apports de ce qui a fondé le Québec : le catholicisme.

Sociologie du « collabeur »

Dans cette chronique écrite en novembre 2017 [i], où nous décrivions les quatre sortes de « musulmans », nous parlions du « collabeur » en ces termes :

Le  collabeur est un militant. Il manifeste sa colère vis-à-vis de l’islam radical parce qu’il est progressiste. Il embrasse volontiers les « bienfaits » de la société de la marchandise et justifie la nécessité d’imposer une forme de laïcité parce qu’il a souffert d’oppression religieuse dans son pays d’origine. Sa souffrance l’empêche de voir clair. Ne lui parlez pas de l’occidentalisme et de ses dogmes car il est incapable de sortir de sa condition de musulman (culturel ou pas). Il a juré religieusement sur sa nouvelle bible « Les Droits de l’Homme » qu’il militerait pour la société progressiste. Il aime plaire au système dominant en opposition aux barbus. 

[…]

Sa seule liberté de conscience consiste à s’exprimer uniquement sur l’islam car encore une fois, il ne sort jamais de sa condition. En militant pour le progressisme il se rend coupable de la destruction d’un patrimoine religieux dont il n’a que faire. Ce progressisme l’arrange bien (comme il arrange bien les barbus), il n’est pas catholique, mais plutôt  un musulman culturel qui a décidé de séparer le temporel et le spirituel. 

[…]

Le patrimoine catholique a donc deux ennemis idéologiques au Québec : le « collabeur » qui part son militantisme, œuvre avec d’autres québécois  à sa destruction et l’islamiste qui impose sa vision théologique du monde. L’un détruit le spirituel et crée un vide que l’autre remplacera par une doctrine qu’il tentera d’imposer.

Fatima Houda-Pepin entre aisément dans cette catégorie. Alors que la laïcité est un projet de loi commun qui englobe tous les citoyens en s’exerçant  aussi sur le patrimoine historico-culturel du Québec, madame Fatima Houda-Pepin n’en a que faire. Dans sa chronique « Pourquoi je suis pour la laicite » [i] madame Houda-Pepin ne démontre qu’une seule chose : elle réfléchit uniquement à partir de sa condition d’ex-musulmane convertie aux Lumières. Son combat contre le wahhabo-salafisme l’amène à réfléchir sur les religions en comparant l’islam au catholicisme.  Comparaison qu’elle fait aussi entre le catholicisme et le protestantisme en soulignant  dans une autre chronique [iii]  que « les anglo-protestants n’ont pas vécu les mêmes traumatismes et les mêmes tensions sociales et politiques sous le joug d’une Église ultramontaine et vaticaniste » en omettant de révéler les raisons profondes de cette différence, préférant plutôt diaboliser l’Eglise du Vatican. Les raisons profondes se trouvent dans l’ouvrage de Max Weber « L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme ». En effet, en tant qu’adepte des Lumières et de la raison maçonnique favorisant le libéralisme, madame Houda-Pepin se gardera bien que définir ce qui fait du protestantisme, la religion de la modernité (donc du libéralisme) en opposition au catholicisme qui combattait l’usure. Rappelons également que les loges maçonniques anglophones combattues sur le terrain idéologique par le catholicisme au Québec, recevaient l’appui de l’Eglise protestante. Et c’est pour illustrer son propos que madame Houda-Pepin ira jusqu’à parler de la création de l’Institut Canadien par 200 jeunes libéraux sans mentionner l’histoire maçonnique de cet institut [iv] :

L'Institut Canadien fut fondé en 1844. La plupart des membres faisaient partie de la loge maçonnique Odd Fellows. Le rite maçonnique présidait à l'initiation des recrues de l'Institut. Les plus notables politiciens de l'époque en faisaient partie: A.A Dorion, Éric Dorion, Joseph Doutre, Rodolphe Laflamme (membre de la loge Jacques-Cartier de Montréal) et Wildfrid Laurier.

Cet institut canadien donnera ensuite naissance à une importante loge francophone, soit "La loge des Coeurs-Unis #45" en 1870. Les premières assemblées de "Cœurs-Unis" eurent même lieux dans les locaux de l'institut canadien. L'allumage des feux de cette loge avoisine la date de création de la confédération canadienne. Probablement que l'on sentait le besoin de disposer d'un réservoir de sujets loyaux à Sa Majesté, en effet, le symbolisme du nom de la loge se réfère aux cœurs français et anglais que l'on souhaitait voir "unis" sous le chapeau de la franc-maçonnerie.

C’est donc en partisane des Lumières maçonniques que madame Houda-Pepin définit l’histoire du Québec dans sa chronique « La laïcité: une trajectoire de deux siècles de combat », histoire qu’elle n’a pas vécu dans sa chair mais qui renforce son idéologie laïciste quant à la comparaison d’un certain islamisme au catholicisme.

Dans sa chronique « Pourquoi les religions dérangent-elles? » madame Houda-Pepin énumère des « explications » sur ce qui lui pose problème à savoir « c’est la religion qui soulève le plus de tensions sociales au Québec et dans le monde »

1.       Les religions sont jalonnées de guerres et de conflits qui ont marqué notre conscient collectif, et ce n’est pas que de l’histoire ancienne. 

Ici encore, on sent la partisannerie : en parlant des guerres de religions, elle évite de parler de la nouvelle religion mondialiste, ce qu’on pourrait appeler « l’occidentalisme » et sa bible « Les Droits de l’Homme » pour qui on tue aux quatre coins du globe, bible lu et suivi par l’entourage idéologique de madame Houda-Pepin.

2.       Les religions charrient des valeurs morales qui vont parfois à l’encontre de la conception que se fait la société d’accueil du mieux vivre ensemble.

Autre concept mondialiste : un « vivre-ensemble » qui n’aurait pas lieu d’être dans une société basée sur une religion fondatrice dans laquelle on demanderait aux nouveaux arrivants de s’intégrer et de se conformer (à l’histoire et aux traditions du Québec).

3.       Les religions sont instrumentalisées à des fins politiques. Loin de s’atténuer, l’extrémisme religieux est en voie de devenir l’un des enjeux majeurs du 21e siècle

Comme si les religions étaient les uniques dogmes à être exploités à des fins politiques : le lobbying mené par une militante dont l’idéologie est en théorie neutre, est bien instrumentalisé à des fins politiques. La franc-maçonnerie adogmatique qui représente les idées de madame Houda-Pepin, n’a jamais cessé par ses réseaux militants, de s’ingérer dans le domaine politique. Quand cette dernière mentionne qu’ « On le voit avec la droite religieuse américaine qui se sert des tribunaux pour faire reculer les droits des femmes de disposer de leurs corps. », c’est bien en tant qu’adepte du progressisme et de la progressivité maçonnique des Lumières qu’elle s’exprime.

4.       Les Québécois ont été marqués par des siècles d’oppression par l’Église catholique. Bien qu’ils tiennent toujours à certaines valeurs chrétiennes, ils sont passés à autre chose.

Effectivement et même si certains de nos compatriotes tiennent à certaines valeurs chrétiennes, cet autre chose c’est le déni de sa propre identité, de sa propre histoire qui demande d’accepter les moments de défaite autant que les moments de gloire. Cet autre chose c’est ce qui permet à une Fatima Houda-Pepin de recevoir une attention particulière alors que c’est toujours en tant qu’ex-musulmane et adepte des valeurs maçonniques qu’elle s’exprime dans un Québec dont elle associe systématiquement l’histoire catholique à une expérience musulmane personnelle.

Madame Houda-Pepin parle donc toujours à partir de sa condition d’ex-musulmane. Sa dernière chronique le démontre encore « Les six dates qui ont fait «le voile dit islamique» » [v]. Ce qui l’intéresse, c’est de combattre son héritage personnel religieux par l’intermédiaire d’un projet commun que représenté par le projet de loi 21. Consciemment ou inconsciemment, elle prépare le terrain aux idéologues issues de son ex-religion, qui eux n’auront aucun problème à imposer leur doctrine dans une société qui ne voit plus que par la lorgnette du monde matérialiste.

[i] https://www.journaldemontreal.com/2019/05/15/pourquoi-je-suis-pour-la-laicite

[ii] http://www.lebonnetdespatriotes.net/lbdp/index.php/dossierslbdp/item/15816

[iii] https://www.journaldemontreal.com/2019/05/12/la-laicite-une-trajectoire-de-deux-siecles-de-combat

[iv] http://www.lebonnetdespatriotes.net/lbdp/index.php/dossierslbdp/decryptage/item/9671

[v] https://www.journaldemontreal.com/2019/05/22/les-six-dates-qui-ont-fait--le-voile-dit-islamique

Commentaires   

 
0 #2 Louis-Philippe 23-05-2019 15:37
Les gens oublient trop souvent que le catholicisme n'est pas et n'a jamais vraiment été monolithique, peu importe notre perception du Vatican. Il y a eu à certains moments des phénomènes négatifs causés par des personnages fort douteux, on n'a qu'à penser au pape Alexandre VI de triste mémoire. Et bien sûr il y a eu aussi des événements regrettables comme les Orphelins de Duplessis.

A côté de ça, il y a eu beaucoup de choses négatives, comme par exemple l'action sociale de nombreuses congrégations religieuses féminines. Que serait le travail social dans notre Québec contemporain sans le travail colossal accompli par les Soeurs Grises de Montréal, les Soeurs du Bon-Conseil, les Soeurs de la Miséricorde, les Auxiliatrices du Purgatoire, les Soeurs du Bon-Pasteur pour ne nommer que ces celles-là? C'est qu'un aspect parmi de nombreux autres de l'action bienfaisante de l'Église en faveur de notre peuple.

Mais bien sûr les Houda-Pépin et Benhabib de ce monde s'en fichent royalement et préfèrent se concentrer sur des histoires réelles ou supposées sur la soi-disant "grande noirceur" de l'histoire québécoise.
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0 #1 Martin Thibodeau 23-05-2019 15:04
Bravo, excellent article! IL faudrait revenir sur le point 4 selon lequel, d'après Madame Houda-Pepin, "les Québécois auraient été marqués par des siècles d'oppression par l'Église catholique". C'est quand même fort et terriblement mensonger! Sans l'Église catholique, les Canadiens-Franç ais vivant, parlant et écrivant en français n'existeraient tout simplement plus.
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