Réjean DeGaulle
Je conduis à une heure du matin dans ce quartier de l'ouest de l'île de Montréal. Un client enivré me présente le quartier. Il voit bien que je suis québécois. Il me demande ce que je fais ici, si je suis perdu. Il est d'humeur à bavarder. Le congé des fêtes vient de commencer. Il me raconte les règles non-officiels du territoire.
Était-il anglophone ou francophone ? Je ne saurais dire. Toutefois, il aimait montrer qu'il parlait français ajoutant tout même quelques mots anglais par-ci, par là. Il me raconte que Pauline Marois a déjà résidé dans un ces ghettos anglophones. Il la perçoit comme une menteuse parce qu'elle racontait aux gens que ce territoire allait un jour appartenir aux Québécois. Les pancartes aux intersections affichent « stop » plutôt que « arrêt ». Le client me dit en anglais : « tu sais ce que ça veut dire ?... Ici, nous ne sommes pas dans le même pays. » Plutôt ironique venant de quelqu'un à qui une quelconque mention en faveur l'indépendance du Québec donne de l'urticaire.
« Nous ne sommes pas dans le même pays », voilà comment ils ont décidé qu'ils étaient chez eux. Ont-ils eu besoin d'un référendum d'initiative citoyenne pour prendre cette décision ? Absolument pas. Les résidents de ce quartier l'ont décidé, point final. Cela n'est écrit dans aucun journal. La frontière n'existe que par la valeur des terrains et le lien communautaire. Vous ne verrez jamais aucune carte qui affiche : West-island ; Population : 200 000 habitants; Langue parlée à la maison 50% anglais 50 % français; Langue parlée publiquement : anglais sinon allez tous vous faire enculer. Et ce, même si c'est la stricte vérité.
Bien sûr que l'aisance financière les aide à s'imposer. Néanmoins, ils n'ont pas attendu que les Québécois décident à leur place.
Comment se fait-il que nous, Québécois, les laissions agir ainsi ? Faudrait-il un référendum d'initiative citoyenne pour les obliger à vivre selon la législation de la province ? C'est-à-dire, en français. Même si 90% de la population votait en faveur d'une francisation de ces gens, l'Ouest de l'île restera anglaise dans le silence le plus absolu qui soit. En effet, nous ne sommes pas dans le même pays. Je parle du pays réel. Ce pays qui n'a pas besoin de constitution pour exister.
Il faudrait que les anglophones de l'Ouest de l'île boivent plus souvent de l'alcool, on dirait que c'est la seule manière de leur permettre d'émettre quelques vérités.
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