mercredi, 15 octobre 2014 12:13

Une école du Nebraska suggère aux enseignants d’éviter les termes « garçons » ou « filles » pour une école « inclusive et non-sexiste »

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Traduction par Tino

LÉGENDE DE LA PHOTO : (photo par Ricardo Hernandez) INDIFFÉRENCIATION SEXUELLE : Une école secondaire du Nebraska a conseillé à ses enseignants de proscrire les dénominations « garçons ou filles », ou « Mesdames et Messieurs » pour leurs élèves, mais d’utiliser des termes plus attentifs à la dimension de genre tels que « campeurs » ou « lecteurs ».

Lincoln, Nebraska – Le personnel d’une école secondaire de Lincoln a distribué des documents afin de former le corps enseignant à employer, au lieu d’expressions « sexistes » telles que « garçons et filles » ou « mesdames et messieurs », des formules plus génériques comme campeurs, lecteurs, athlètes ou même « pingouins mauves », dans une optique « inclusive et non-sexiste ».

 

Un guide intitulé « 12 étapes faciles vers l’égalité des genres » conseille aux professeurs d’éviter de distinguer leurs élèves selon leur genre, mais plutôt selon leur date de naissance ou leurs préférences, en leur demandant, à titre d’exemple, s’ils préfèrent le skateboard ou le vélo, le lait ou le jus de fruit, les chiens ou les chats, l’été ou l’hiver.

« Vous devez toujours vous demander si la démarche que vous adoptez, pose une distinction entre les sexes », préconise l’étape 1 du guide.

Le guide recommande également aux enseignants de « donner un nom à leur local de cours », puis de « demander à tous les pingouins mauves de se rassembler au tapis[1] ».

Et le guide de poursuivre, dans l’étape 5 : « Lorsque vous jugez nécessaire de faire référence au genre, dites "garçon, fille, les deux ou aucun des deux". Si l’on vous demande pourquoi, tirez parti de l’opportunité pour faire de la pédagogie et expliquer que dans votre classe, on reconnaît et célèbre la diversité des genres chez tous les élèves »

Étape 7 : « Recherchez des exemples dans les médias qui confortent les stéréotypes sexistes et les modèles binaires de genre (on les y retrouve partout, cette tâche ne sera pas ardue). Lorsque vous êtes en compagnie d’autres personnes, critiquez et examinez ces exemples. »

Étape 8 : « Ne tolérez aucune attitude ouvertement hostile, ni aucune allusion à l’encontre d’élèves qui ont parlé de leur genre. Adopter une démarche de coercition peut mettre fin à ce comportement, au moins en votre présence ; faire preuve de pédagogie peut y mettre un terme définitif. »

Étape 10 : « Évitez d’utiliser le qualificatif "normal" pour décrire tout comportement. »

Un autre guide ludique, intitulé The Genderbread Person [2], affirme que le genre n’est pas binaire, qu’il ne consiste pas à choisir « l’un ou l’autre ». Il encourage par ailleurs les enfants à définir leur genre sur la base de leur degré d’alignement sur ce qu’ils « comprennent lorsqu’on mentionne des critères de genre » tels que « bispiritualité[3] » ou « genderqueer ». Les termes pour exprimer le genre varient de « butch » à « femme »[4], ou d’« androgyne » à « genre neutre ». Le guide a été rédigé par le « comédien pour la justice sociale » Sam Killermann.

Le mercredi 1e octobre, l’administrateur scolaire de Lincoln Steve Joel s’est déclaré, à la station radio locale KLIN, « heureux » et « très satisfait » du matériel pédagogique, puisque le district scolaire souhaite la réussite de tous les enfants sans qu’aucun d’eux n’ait à se sentir marginal ou à éprouver de la crainte à l’idée d’aller à l’école. Il a également expliqué que le district scolaire se doit d’être inclusif, d’éduquer et de comprendre tous les enfants, en luttant contre le harcèlement.

« Nous ne nous préoccupons pas de politique », a-t-il révélé. « Nous n’établissons aucune préférence de genre. Nous éduquons tous les enfants … et nous n’avons pas le droit d’émettre de jugement. »

Les enfants « au style de vie alternatif » ou d’un « genre différent » traversent une « période traumatisante sur le plan émotionnel », a poursuivi Joel. Les autres élèves « ne conçoivent pas ce que représente cet enfant » : l’école doit donc les aider à comprendre que « les différences ne constituent pas un problème » et que « nous sommes tous là pour apprendre ».

Al Riskowski, directeur exécutif du mouvement conservateur « Nebraska Family Alliance », a souligné que l’association a apporté son soutien à des mesures législatives afin de combattre le harcèlement, mais que le matériel pédagogique « dépasse de loin la simple volonté d’enseigner le respect de l’autre » et pousse la compréhension d’une identité ou d’une orientation sexuelle jusqu’à une « toute nouvelle notion de garçon et de fille. »

On enseigne à nouveau la « philosophie du spectre de genre[5] », a-t-il indiqué. Riskowski a rappelé que, bien qu’il sache à quel point les métiers d’enseignant et d’administrateur scolaire sont difficiles de nos jours, bien qu’il connaisse l’importance de ces problèmes à résoudre, l’idée d’une identité sexuelle définie non pas « par la biologie et la naissance » mais selon un « spectre de genre », est loin de s’accorder avec les croyances de « presque tous les membres de la communauté. »

D’après Joël, les documents n’ont été fournis qu’à l’Irving Middle School et ne seront pas distribués à l’échelle du district, puisque c’est aux écoles elles-mêmes de déterminer leurs besoins en la matière.

« Il est évident qu’il existe bien une école où ces questions ne font pas l’objet de discussions et où il n’est peut-être guère nécessaire de se pencher là-dessus », a-t-il concédé. « Irving a le mérite d’inclure en son sein des enfants que ces discussions concernent, et qui aident leur établissement à comprendre ces notions et à les définir. »

Quant aux enseignants susceptibles d’être offensés par le matériel pédagogique, Joel leur a suggéré « d’aller voir leur directeur et d’aborder le sujet avec lui. »

Joël a affirmé que sa boîte mail était emplie de messages le remerciant de se montrer ouvert à « l’autre facette », mais qu’il ne s’attendait pas à ce que le district scolaire change de cap à l’avenir. Une parente d’élève de l’Irving Middle School a joint par courriel d’autres parents pour les informer de l’existence de la formation pédagogique et leur demander de la contacter afin d’examiner le problème avec le conseil d’administration de l’école le 14 octobre.

Joël a expliqué qu’un district scolaire en croissance rapide, comptant une communauté diverse de 39000 écoliers, dont 30% sont des enfants « de couleur », dont 43% vivent dans des conditions précaires, sans oublier les élèves lesbiens, gais, bisexuels et transgenres, ne pouvait se permettre de décréter « quelle doit être l’apparence des élèves », ni « comment ils doivent agir ou parler. »

« Il n’existe aucune solution unique à cette problématique », poursuit-il. « Nous ne pouvons faire la sourde oreille face à cette situation, mais bien la comprendre. (Cela) ne signifie pas que nous devons l’approuver, mais nous ne pouvons pas adopter une approche catégorique dans nos écoles. »

Interrogé sur l’existence d’une politique destinée aux élèves transgenres au sein des écoles publiques de Lincoln – entre autres sur l’usage des vestiaires et des toilettes, il a répondu que de telles mesures existaient bien, mais qu’il s’agit d’un projet « en cours » relativement récent, personnalisé et maturé en étroite collaboration entre administrateurs et familles. Il a ajouté que les décisions étaient « prises dans l’intérêt supérieur de l’enfant », mais qu’elles ne seraient pas rendues publiques en raison du caractère affectif et confidentiel de l’affaire.

Bien qu’il ait reconnu que les élèves devaient se respecter mutuellement et ne pas porter de jugement les uns envers les autres, Riskowski a fait remarquer que le district scolaire ne devrait pas être obligé de rééduquer les 99% d’élèves non transgenres au sujet de la « notion toute entière de garçon et de fille. » Il a constaté que le matériel pédagogique ciblait de très jeunes enfants, pointant l’idée de nommer les enfants « pingouins mauves » et de les aligner en rang.

Il a indiqué ne pas être au courant de l’existence de formations similaires dans d’autres écoles du Nebraska, puis révélé qu’une organisation partenaire s’occupant de problèmes semblables à l’échelle nationale lui avait confié que ce matériel pédagogique « figurait parmi les plus radicaux que nous ayons vu. »

La directrice d’Irving, Susette Taylor, a déclaré au Lincoln Journal Star qu’elle a tenu une réunion du personnel sur cette thématique, et que les guides ont été distribués par un employé faisant partie d’une « équipe pour l’égalité au sein du district ». D’après elle, ces guides étaient destinés aux enseignants, non aux élèves ou aux parents, et consistaient non pas en des règles, mais en des suggestions visant à mettre les élèves à l’aise.

 

[1] Ndt : nous parlons ici d’un tapis sur lequel s’installent les élèves américains, notamment dans le cadre de réunions interactives ou de séances de lecture.

[2] Ndt : le héros de ce guide est un personnage modelé dans du pain d’épice, ce qui se dit "gingerbread" en anglais. Le titre dudit guide comprend donc un jeu de mots.

[3] Ndt : « Ce concept signifie que la personne bispirituelle portait en elle deux esprits, celui de l'homme et celui de la femme. Avoir ces deux esprits était un don de mère Nature. La personne bispirituelle sentait et voyait son monde d'une manière féminine et masculine. Elle agissait donc d'une manière féminine ou masculine. » (source : Coalition d’aide aux lesbiennes, gais et bisexuels-les de l’Abitibi-Témiscamingue)

[4] Ndt : En anglais, le terme « butch » désigne  la lesbienne « masculine ». Quant au terme « femme », utilisé tel quel dans la langue de Shakespeare, on entend par là la lesbienne « féminine ».

[5] Ndt : On désigne par « spectre de genre » un diagramme consistant en un cercle divisé en trois par trois flèches. Une flèche intitulée X représente une identité de genre masculine ; une flèche Y, une identité de genre féminine ; une flèche Z, une identité neutre ou androgyne. (source : Urban Dictionary)

Source : watchdog.org

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