jeudi, 21 juillet 2016 18:23

Le rôle du gouvernement canadien dans l’intervention en Yougoslavie

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Traduction par Jean Tavernier

Par Scott Taylor

Scott Taylor est un ancien soldat canadien qui maintenant publie dans le magazine ontarien Esprit de Corps, célébré pour son examen minutieux constant des forces militaires canadiennes. Il apparait aussi fréquemment dans les médias canadiens en tant qu’analyste militaire.

 

Après que le plan de paix Rambouillet eu entré en effet et que les troupes yougoslaves ont commencés à se retirer du Kosovo, les médias occidentaux ont proclamés la victoire sur les Serbes. Par-delà le jingoïsme et les titres jubilants, la vérité était bien plus propice à faire réfléchir. Au travers des hostilités, l’objectif affiché de l’OTAN était de faire sortir Milosevic du pouvoir. Alors que la guerre se déroulait, l’Alliance a annoncée qu’elle ne souhaitait pas être cosignataire d’un plan de paix avec un « criminel de guerre ». À la fin, l’OTAN a tout de même été forcée de négocier avec le dirigeant serbe. Malgré une campagne aérienne massive de 78 jours, la présidence et les pouvoirs de Slobodan Milosevic restèrent intacts.

Le second objectif de la campagne aérienne de l’OTAN était la prévention d’une crise humanitaire au Kosovo. En fait, les bombardements ont déclenchés une offensive serbe et un exode d’Albanais.

Dans une manœuvre habile, les doreurs d’images de l’OTAN ont proclamés  que les attaques aériennes étaient nécessaires pour freiner une crise humanitaire. Pour justifier l’intensification des bombardements, l’OTAN mentionna un « génocide » et un nombre de morts atteignant 100 000.

Quand les forces de l’OTAN se sont finalement déployées au Kosovo, le prix de leur victoire est devenu apparent. Contrairement aux affirmations de Jamie Shea, l’armée yougoslave n’a pas été « réduite de façon sérieuse ». Comme le témoigne les troupes de l’OTAN, les Serbes se sont retirés de façon virtuellement intacts. Comme le Kosovo demeure un territoire serbe souverain, le positionnement des troupes de l’OTAN ne peut pas très bien être appelé une « libération ». Pour ce qui est d’apporter la paix et la stabilité au Kosovo, cette illusion a été ruinée quand l’ALK commença une campagne de terreur en assassinant et en pillant les Serbes kosovars. Des centaines de milliers de Serbes ont été forcés en dehors de leurs maisons.

Malgré le fait que les Albanais kosovars ont, avec l’aide de l’OTAN, atteint leur but de se débarrasser du contrôle serbe, leurs célébrations colorées étaient prématurées. Il reste encore le combat acharné interne pour le contrôle politique de l’inévitable Kosovo indépendant. Les extrémistes du camp albanais parlent non seulement de « déplacer » les 90 000 Serves restants, mais d’une « Grande Albanie ». Ce territoire conceptuel consiste en environ 90 000 pieds carrés de kilomètres dont, les plus fervents affirment, appartient historiquement aux Albanais. En ce moment, la surface du Kosovo et de l’Albanie combinée n’atteint pas 50 000 kilomètres carrés. Le fait que le restant de la « Grande Albanie » se trouve en Macédoine, en Grèce, en Serbie, en Bosnie et au Monténégro n’est pas dissuasif.

Ayant échoué n’importe quelle de leurs objectifs primaires, l’OTAN avait besoin impérativement de valider leurs affirmations d’un génocide serbe.

Dès le moment que des casques bleus menés par l’OTAN ont entrés au Kosovo, des inspecteurs de crimes de guerre furent envoyés pour déterrer des sites suspectés d’être des cimetières de masse.

Lorsque les premiers rapports ont été rendus publics en Novembre 1999, les équipes ont enquêtées sur 40% des sites. Seulement 670 corps furent trouvés. C’était une preuve d’une haine ethniques et d’actes locaux de terrorisme, mais ça ne pouvait pas être qualifiée de génocide ou assimilée à l’Holocauste. Des porte-paroles de la Cour pénale internationale de l’ONU ont été rapides de pointer le fait que 60% des cimetières devaient encore être exhumés, mais ont concédé que les sites les plus gros et les plus probables ont déjà été examinés.

Les mines de Trepca ont été l’un des sites les plus médiatisés d’un supposé génocide. Des témoins visuels dans des camps des réfugiés ont racontés à des journalistes occidentaux d’effrayantes histoires de Serbes transportant des Albanais aux mines, les massacrant et jetant leurs corps en bas des puits. Il a été dit que ces mines seulement pouvaient contenir plus de 700 cadavres.

Après une recherche extensive, les équipes de l’ONU ont échouées à trouver ne serait-ce qu’un seul cadavre. Le plus gros site, découvert à Ljubenic, n’a révélé que 7 corps – et non les 350 rapportés initialement.

Lorsqu’un journaliste canadien questionna le ministre de la défense Art Eggleton sur la différence entre le nombre de cadavres rapporté par l’ONU et les affirmations de l’OTAN, il avait une réponse bien préparée. Avec seulement une petite réécriture de la sortie originale préparée pour le Général Henault, Eggleton fixa le journaliste dans les yeux et répondit sévèrement : « ceci est à propos d’une tragédie humaine, ça ne devrait pas être tourné en un jeu de nombres ».

Durant la guerre, les généraux des forces aériennes d’Eggleton ont tôt fait de pointer le rôle important que les pilotes canadiens ont joués dans la campagne aérienne. Avec une harde de chartes et de figures, ces commandants ont fièrement démontrés que le Canada a réalisé 10% des bombardements. Par contre, quand le nombre de civils yougoslaves tués par des « ciblages illégitimes » a été révélé au public par Human Rights Watch, personne dans le Ministère de la Défense nationale ne s’est présenté pour accepter le 10% de responsabilité du Canada.

Selon les estimés yougoslaves, notre part de cette responsabilité serait de 120 morts et 700 civils infirmes de façon permanente. (Les chiffres de HRW comptent tout de même pour les bombardements canadiens 50 morts et 450 civils blessés sérieusement.) Apparemment, ce qui distingue les meurtres et les mutilations de l’OTAN des crimes de guerre serbes est que l’OTAN agit au nom de l’humanité.

Alors que le brouillard de guerre se levait, CBC diffusa ce qui peut être considéré comme une rétraction de l’une de leurs histoires de la guerre au Kosovo. Durant le conflit, un magazine de CBC avait produit une pièce émouvante sur une femme guérilla. Au travers des larmes, la jeune albanaise expliqua que les Serbes avaient violés et tués sa petite sœur. Forcée de regarder cette atrocité, elle s’enrôla dans l’ALK.

Après la « libération » du Kosovo, le producteur de la CBC décida de faire un suivi de la jeune combattante. Lorsque l’équipe de télévision se présenta, ils furent choqués de trouver la sœur « tuée » bien en vie. Lorsqu’ils lui demandèrent à propos de cette fabrication, les Albanaises furent impénitentes. « Nous avons fait ce que nous avions à faire. Nous ne pouvions battre les Serbes nous-même » elles leur expliquèrent.

La CBC a été capable d’admettre qu’elle avait été trompée pour diffuser de la propagande pro-albanaise. Malheureusement, le gouvernement canadien n’a pas été aussi tenté de réexaminer son propre dossier sur le Kosovo. Dans la période turbulente suivant le conflit, le Canada a continué de démontrer un préjugé antiserbe tout en établissant des liens plus serrés avec les Albanais. En novembre 1999, le ministre des affaires étrangères Lloyd Axworthy visita Pristina pour ouvrir une mission diplomatique canadienne dans la capitale du Kosovo.

Malgré que le Kosovo demeure un territoire serbe, Axworthy n’a pas avisé les autorités yougoslaves de sa visite. En janvier 2000, l’ancien ambassadeur du Canada en Yougoslavie a été détourné de notre ambassade à Belgrade sur les ordres d’Axworthy. Depuis que l’ambassadeur James Bisset a été un opposant vocal aux attaques aériennes de l’OTAN, Axworthy a apparemment cru que les Serbes pourraient utiliser la visite à des fins de propagande. Finalement, la presse de Belgrade a eu une bonne journée avec l’inhabilité du Canada a tolérer une opinion divergente.  

L’un des meilleurs exemples de comment le gouvernement canadien comprend si peu de la situation complexe du Kosovo peut être trouvé dans une lettre que Gérard Proteau reçue après avoir écrit à Jean Chrétien. Ça commenca avec : « Le Premier ministre m’a transmis votre courriel concernant ``l’augmentation des vengeances albanaises meurtrières dans le Kosovo’’. Le Canada a condamné les activités terroristes de l’Armée de libération du Kosovo et l’usage de la violence pour atteindre une fin politique. Nous avons pressés le dirigeant kosovar Ibrahim Rugova de dénoncer le terrorisme et l’usage de la force dans la lutte pour une plus grande autonomie pour le Kosovo… ». La lettre, datée du 22 octobre 1999, est signée par Lloyd Axworthy.

Dès le début, Rugova a été la voix modéré, pacifiste du mouvement albanais kosovar. Il est opposé avec véhémence au terrorisme et à la violence de l’ALK. Durant la campagne de bombardement, l’OTAN a affirmé à tort (et n’a jamais renoncé) que Milosevic l’avait fait exécuter. Hashim Thaçi, le dirigeant de l’aile politique de l’ALK, a prononcé Rugova un traitre et l’ajouta à la liste des ennemies. Des soldats canadiens en patrouille au Kosovo sont entièrement au courant des disputes amères et souvent violentes entre la Ligue démocratique de Rugova et l’ALK. Même le nom de l’ALK a été changé pour le Corps de protection du Kosovo (CPK), puisque l’ALK, en théorie, a été dissoute et désarmée.

Malgré que nous ayons 1200 soldats sur le terrain et une mission diplomatique à Pristina, nos dirigeants politiques semblent être dangereusement ignorants des joueurs majeurs dans la crise des Balkans.

La personne qu’Axworthy et Chrétien devraient s’occuper avec sur le sujet de la violence kosovar n’est personne d’autre que le nouveau commandant du CPK, l’infâme criminel de guerre de Medak-Krajina, le Général Agim Ceku.

Source : iacenter.org

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