mercredi, 29 avril 2015 14:06

Israël critiqué pour avoir défendu un sauvetage au Népal tandis que Gaza est toujours en ruines

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Traduction par Mehdi

 

Le directeur de Human Rights Watch a critiqué Israël pour avoir vanté ses efforts d'aide d'urgence au Népal, dévasté par un tremblement de terre. Ceci, alors qu'Israël continue de bloquer la reconstruction de Gaza.

« Il est plus facile de remédier à une catastrophe humanitaire lointaine qu'une autre plus proche à Gaza », a tweeté Kenneth Roth en référence à l'annonce par Israël de l'envoi par avion de 260 médecins et militaires de l'armée israélienne à Katmandou.

« Fin du blocus ! », exige Roth. Plus tôt ce mois-ci, 46 organismes d'aide internationaux ont exhorté à des sanctions contre Israël s'il n'arrêtait pas le siège de Gaza qui a empêché la reconstruction d'une maison dans les huit mois qui ont suivi l'agression dévastatrice d'Israël l'été dernier.

D'après le rapport, signé, entre autres, par Oxfam et Save the Children, « le blocus constitue une punition collective; il est imposé en violation du droit humanitaire international et, selon l'ONU, peut entraîner la commission de crimes de guerre ».     

Malgré le fait que plus de 100 000 personnes dont les maisons on été détruites restent sans abri permanent, "aucun logement permanent a été reconstruit".

Plus de 2200 Palestiniens ont été tués, y compris 547 enfants. Au moins 11 000 Palestiniens ont été blessés.

Malgré l'urgence et l'appel des organismes d'aide pour Gaza, le rapport a été pratiquement ignoré par les médias internationaux.    

Réponse de l’ambassadeur étasunien

Au Népal, les derniers rapports établissent le nombre de victimes du tremblement de terre de samedi et des dizaines de répliques à plus de 3000 personnes; une grande partie de la dévastation est concentrée dans la capitale Katmandou.

Pendant ce temps, l'ambassadeur étasunien en Israël, Dan Shapiro, a également été prompt à exploiter la tragédie, en tweetant que les États-Unis et Israël « ont la même réponse: nous annonçons un sauvetage immédiat et une aide d'urgence. »

Shapiro a été tout à fait silencieux à propos du blocus strict d'Israël sur Gaza qui continue à empêcher les secours.  

Propagande

L'utilisation par Israël de l'aide internationale pour redorer son image controversée est une routine assez courante et s'élève au statut de politique officielle.

 

« Vous êtes envoyé pour une mission importante », a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu au personnel de l'armée à destination du Népal. « C'est le vrai visage d'Israël - un pays qui fait tout en son pouvoir dans ces moments-là. »

En 2013, Israël avait déployé du personnel d'aide aux Philippines, où des milliers de personnes avaient été tuées par le typhon Haiyan.

Il avait monté un effort de propagande multimédia sophistiquée, y compris un compte Twitter et des vidéos de YouTube, afin de se vanter de ses efforts.

Le blogueur Benjamin Doherty, du blog The Electronic Intifada,  appelle ce genre de propagande le « bluewashing ».

Doherty, écrivant avant la dernière attaque dévastatrice d'Israël sur Gaza, a noté que les efforts d'aide tant vantés d'Israël étaient loin d'être exceptionnels, et dans le contexte des événements dans sa propre région, minuscules:                                                    

La catastrophe humanitaire en Syrie a poussé des millions de réfugiés à émigrer dans les pays voisins, alors qu'Israël a fait quelques petits efforts pour fournir des soins de santé à quelques Syriens. Les petits efforts de l'armée israélienne pour fournir des secours pour une poignée de Syriens sont beaucoup affichés dans les médias internationaux, tandis que les camps de réfugiés et les villes en Jordanie, en Turquie et au Liban sont surpeuplés, en raison des Syriens fuyant la violence. Il n'y a pas d'autre pays qui fait si peu et fait tant de bruit à ce sujet.                                                            

Effort banal d’Israël

En effet, des dizaines de pays et d'organisations humanitaires se précipitent pour aider le Népal. Compte tenu de la taille relativement importante de son budget militaire, la contribution d'Israël à l'effort de secours n'est pas hors de proportion avec ce que d'autres pays offrent.

En plus de fournitures, le Royaume-Uni a envoyé sept équipes de recherche et de sauvetage, quatre chiens de recherche et de sauvetage et une équipe de médecins en traumatologie.

Qatar a annoncé qu'il avait mis en place un "pont aérien", avec plusieurs avions acheminant de grandes quantités de matériel de secours et un hôpital de campagne. La Turquie a également proposé d'envoyer un hôpital de campagne pourvu de cinquante lits.

L'Iran a déclaré qu'il travaillait déjà avec ses voisins pour envoyer des secours d'urgence et des équipes de secours.

Le Pakistan a dépêché quatre avions C-130 de transport militaire transportant des secours et un hôpital de 30 lits.       

Malgré la publicité démesurée pour ses missions d'aide, Israël "est classé vers en bas parmi les principales économies de marché dans la fourniture de l'aide étrangère aux pays en développement", selon une étude de l'Université hébraïque.                           

Politique officielle

D'après le général de réserve Shuki Shemer, ancien médecin hygiéniste en chef de l'armée israélienne, les missions d'aide à des pays incluant le Rwanda, l'Arménie, la Turquie, Haïti, les Philippines et la Macédoine au cours des dernières décennies ont contribué à « générer du respect vis-à-vis d'Israël ». « Ces missions contribuent à la hasbara israélienne à l'étranger ».

Hasbara - le mot hébreu pour « explication » - a fini par décrire la propagande gouvernementale s'inscrivant dans le cadre des efforts du gouvernement censés améliorer l'image du pays.

En effet, c'était une recommandation spécifique de l'Institut Reut, le think tank israélien qui a créé la feuille de route qu'Israël et ses organisations alliées ont utilisée pour saboter et attaquer le mouvement pro-Palestine et combattre la « délégitimation ».

« En ce qui concerne la lutte contre la délégitimation d'Israël, Tikkun Olam a une grande importance, car cela crée une dissonance avec l'image diabolisée d'Israël qui est affichée par les calomniateurs », affirme Reut dans son influent rapport de 2010 sur la façon de lutter contre les critiques d'Israël.

« Tikkun olam » est une phrase en hébreu qui signifie « réparer le monde » et qui symbolise une valeur éthique dans de nombreux interprétations modernes du judaïsme.

C'est aussi la bannière sous laquelle Israël, « Etat juif », exerce ses missions d'aide et devient ainsi un outil pratique de hasbara.

Israël peut chercher à démontrer qu'elle croit en la réparation du monde, mais il ne croit pas vraiment dans la réparation de Gaza.

« Trafic humain »

Le tremblement de terre au Népal a jeté la lumière sur une pratique internationale que certains comparent à un véritable trafic humain.

Dans le cadre de son «sauvetage», Israël évacue 25 bébés nés de mères porteuses népalaises, neuf d'entre eux prématurément.

« Beaucoup de couples masculins israéliens ont engendré des enfants avec l'aide de mères porteuses au Népal parce que la maternité de substitution est illégale en Israël pour les couples de même sexe », rapporte The Guardian.

Des responsables gouvernementaux israéliens ont déclaré qu'ils allaient accélérer les formalités administratives au sein du ministère de l'intérieur pour permettre aux bébés, qui sont des citoyens népalais et ne seraient pas considérés comme des juifs selon la loi israélienne, d'entrer dans le pays.                                                                                   

Les procédures habituelles exigent des tests ADN pour prouver que le père d'un bébé est Israélien.

Il y a un désir de légaliser les mères porteuses pour les couples homosexuels en Israël afin de contourner ce problème et de les recruter dans la guerre d'Israël contre la « menace démographique » des Palestiniens.                                                                 

« Légaliser la maternité de substitution pour les gays en Israël autoriserait l'implantation « d'œufs juives dans des mères juives » », a fait valoir Fred Hertz.

Les militants homosexuels juifs considèrent que la maternité de substitution pour les couples de même sexe est importante pour « maintenir l'avantage démographique sur les non-Juifs », explique Hertz, un avocat également militant LGBT et pro-Israël.

Alors que les bébés sont transportées par avion hors du pays, le sort de leurs mères semble inconnu.                                                                                                       

La maternité de substitution commerciale, qui permet à des gens des pays riches de payer des femmes porteuses dans les pays désespérément pauvres, est une industrie en croissance rapide dans des endroits comme l'Inde, la Thaïlande et le Népal, qui a un PIB par habitant de seulement 730 $.

La pratique de la maternité de substitution commerciale est illégale dans de nombreux pays européens. La maternité de substitution non commerciale est autorisée dans certains pays européens. Certains États américains permettent les transactions commerciales, mais l'attraction des pays comme l'Inde et le Népal fait qu'ils sont beaucoup moins chers dans ces pays-là.          

Un article de 2010 dans Mother Jones sur des entreprises indiennes a décrit des «dortoirs gestationnels» situés dans des véritables "usines à bébés» et des allégations selon lesquelles les femmes faisaient face à des procédures qui pouvaient mettre en danger leur santé.

L'Inde a récemment imposé de nouvelles restrictions sur ses 1,5 milliards de dollars par an consacrés à l'industrie de la maternité de substitution commerciale.

L'été dernier, la Thaïlande a lancé une enquête après que neuf bébés de substitution aient été trouvés dans des circonstances qui suggéraient qu'ils avaient été victimes de trafic humain vers, entre autres lieux, l'Australie.                                                                     

L'industrie mondiale mal réglementée a gagné en notoriété l'an dernier après qu'un couple australien ait été accusé d'abandonner un bébé dont la gestation avait été contractée avec une femme en Thaïlande, après avoir appris que le garçon, nommé Gammy, avait le syndrome de Down.

La Thaïlande envisage d'interdire la pratique.

Source : electronicintifada.net

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