samedi, 09 fevrier 2019 11:54

Le Canada se joint à la mafia impériale pour menacer le Venezuela

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Traduction par Marionnettiste

La plupart des Canadiens considèrent leur pays comme une force pour le bien du monde, mais les efforts récents du gouvernement de Justin Trudeau pour renverser le gouvernement élu du Venezuela ont une fois de plus révélé l'horrible vérité sur le Grand Nord Blanc. Nous sommes un partenaire important dans l'impérialisme, désireux de s'ingérer dans les affaires intérieures d'autres pays, jusqu'à l'utilisation de la force militaire, pour le bénéfice de l'intérêt personnel de nos élites.

Au cours des deux dernières années, des représentants canadiens ont mené une campagne contre le président Nicolas Maduro. La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a critiqué à plusieurs reprises la légitimité démocratique et le bilan des droits de l'homme de Caracas. Récemment, elle déclarait : «Le régime de Maduro est maintenant totalement ancré en tant que dictature», alors qu'en septembre, Ottawa a demandé (avec cinq nations sud-américaines) à la Cour pénale internationale d'enquêter sur le gouvernement vénézuélien. C'est la première fois qu'un gouvernement a été officiellement saisi par un autre membre.

Ces dernières semaines, des diplomates canadiens ont joué un rôle important dans l'unification de vastes parts de l'opposition vénézuélienne derrière un plan soutenu par les États-Unis pour exacerber les tensions en proclamant le nouveau chef de l'Assemblée nationale dominée par l'opposition, Juan Guaido, président par intérim. La Presse canadienne a cité un diplomate canadien disant qu'il avait aidé Guaido «à faciliter les conversations avec des gens qui étaient hors du pays et à l'intérieur du pays» alors que le Globe and Mail a déclaré que «Freeland a parlé avec Juan Guaido pour le féliciter pour l'unification des forces de l'opposition au Venezuela, deux semaines avant qu'il ne se prononce par intérim.»À côté de Washington et de plusieurs gouvernements latino-américains de droite, Ottawa a immédiatement reconnu Guaido après s'être proclamé président mercredi. Les responsables canadiens font pression sur les dirigeants européens pour qu'ils reconnaissent Guaido comme président.

Ottawa a longtemps fourni diverses formes d'appui direct à une opposition souvent violente. Au cours des dernières années, le Canada a injecté des millions de dollars dans des groupes d'opposition au Venezuela et il y a 18 mois, l'ambassadeur canadien sortant, Ben Rowswell, a dit au Citizen d'Ottawa que «nous sommes devenus l'une des ambassades les plus entendues en matière de droits de la personne et encourageons les Vénézuéliens à s'exprimer.»

Outre son soutien à l'opposition, Ottawa a expulsé le premier diplomate du Venezuela en 2017 et a imposé trois séries de sanctions aux fonctionnaires vénézuéliens. En mars, le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a condamné les sanctions économiques que les États-Unis, le Canada et l'UE ont adoptées contre le Venezuela tandis que Caracas a accusé le Canada de «violation flagrante des règles les plus fondamentales du droit international».

Depuis le début du mois d'août, le Canada a été l'un des membres les plus actifs du «groupe de Lima» de gouvernements opposés au gouvernement élu du Venezuela. Le Canada accueillera la prochaine réunion du «Groupe de Lima». Freeland a maintes fois encouragé les pays des Caraïbes et d'Amérique centrale à se joindre aux efforts anti-Maduro du groupe de Lima.

En septembre, 11 des 14 Etats membres du «Groupe de Lima» ont appuyé une déclaration éloignant l'alliance anti-Venezuela de «tout type d'action ou de déclaration impliquant une intervention militaire» après que le chef de l'Organisation des États américains, Luis Almagro, ait déclaré : «En ce qui concerne l'intervention militaire pour renverser le régime Nicolas Maduro, je pense que nous ne devons exclure aucune option… la diplomatie reste la première option, mais nous ne pouvons exclure aucune action.»Le Canada, le Guyana et la Colombie ont refusé de critiquer le chef de l'OEA au sujet d'une invasion du Venezuela.

Parallèlement au chef de l'OEA, le président étasunien Donald Trump a discuté publiquement d'une invasion du Venezuela. À ma connaissance, Ottawa est restée muette au sujet des menaces de Trump, qui violent le droit international.

Pourquoi ? Pourquoi le Canada est-il si empressé de renverser un gouvernement élu ? Des titres récents du Globe and Mail («La crise vénézuélienne encourage des perspectives pour les producteurs de pétrole brut canadiens») et du Wall Street Journal («Bond Price in Venezuela Jump on Prospect of Regime Change») suggèrent quelques raisons à court terme. Mais le fait de regarder la situation d'un point de vue historique confirme l'affirmation de Noam Chomsky selon laquelle les affaires internationales sont gérées comme la mafia. Le parrain ne peut accepter la désobéissance.

Ainsi, même si la portée de la campagne actuelle du gouvernement Trudeau contre le Venezuela est remarquable, ce n'est pas la première fois qu'Ottawa appuie le renversement d'un gouvernement de gauche élu  dans l'hémisphère. Le Canada a soutenu passivement les coups d'État militaires contre le président guatémaltèque Jacobo Arbenz en 1954 et le président brésilien João Goulart en 1964 ainsi que les «coups d'État  parlementaires» contre le président paraguayen Fernando Lugo en 2012 et la présidente brésilienne Dilma Rousseff en 2016. Ottawa a joué un rôle un peu plus actif dans l'enlèvement du président de la République dominicaine Juan Bosch en 1965 et du président chilien Salvador Allende en 1973. Dans une contribution plus importante au travail de sape contre la démocratie électorale, Ottawa a appuyé l'enlèvement par l'armée hondurienne de Manuel Zelaya en 2009.

Le Canada a joué son rôle le plus énergique dans la suppression d'un président progressiste et élu dans la nation la plus pauvre de l'hémisphère. Treize mois avant que Jean-Bertrand Aristide ne soit «kidnappé» par les Marines le 29 février 2004, le gouvernement libéral de Jean Chrétien a organisé une réunion internationale pour discuter du renversement du président haïtien. Les forces spéciales de la FOI 2 ont pris l'aéroport de Port-au-Prince la nuit où Aristide a été évincé et 500 soldats canadiens faisaient partie de l'invasion menée par les États-Unis pour consolider le coup d'État.

En ce qui concerne le Venezuela, il n'est pas clair jusqu'où Ottawa est prêt à aller dans sa tentative d'oubli de Maduro. Mais il est difficile d'imaginer que le chemin que le Canada et les États-Unis ont choisi  de prendre peut réussir sans que le Venezuela ne soit plongé dans une grande violence.

Source : yvesengler.com

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