Margaret Hodge, président du PAC, a affirmé que les ministères ont dû faire une croix sur une somme « absolument vertigineuse » d'un billion de livres versée par le contribuable et consacrée à des projets informatiques destinés à faciliter le traçage des étrangers entrant et sortant en Grande-Bretagne.
« Le ministère de l'Intérieur doit prendre des mesures urgentes afin de remédier au désordre de l'immigration », a-t-elle déclaré.
Le rapport du PAC a également révélé qu'un nombre « inquiétant » de 29000 demandes d'asile remontant à sept ans n'ont toujours pas connu leur dénouement, parmi lesquelles 11000 n'ont même pas fait l'objet d'une décision initiale. Ces chiffres ont été démentis par le ministère de l'Intérieur.
Débordé, le département a par ailleurs perdu la trace d'au moins 50000 immigrants clandestins qui n'ont pas reçu d'autorisation de séjour et doit encore en expulser 175000, d'après ses dires.
Le rapport fait suite à des révélations du Daily Mail au sujet d'une série de gaffes commises par des agents de l'immigration. Il a été dévoilé hier que des gardes frontaliers avaient été critiqués par un juge pour leur gestion « catastrophique » d'une escroquerie de 500 000 £ qui avait permis à plus de 175 travailleurs pakistanais et à leurs familles de pénétrer illégalement sur le territoire britannique entre 2009 et 2012.
Le juge a estimé qu'il était scandaleux que l'UKBA remette des permis de travail à Techsense UK, une société dénoncée par son propre inspecteur pour avoir dissimulé des opérations de racket dans le domaine de l'immigration. Au lieu d'obtenir des emplois en informatique rémunérés à 40 000 £ par année, beaucoup de ceux qui ont fait le déplacement jusqu'au Royaume-Uni ont fini par travailler dans des fast-foods et des supermarchés.
La semaine dernière, un pasteur soupçonné de diriger le plus grand réseau britannique de faux mariages avait été relaxé après l'annulation de son procès à un million de livres, à la suite d'une « faute grave » par l'UKBA.
Un rapport de John Vine, inspecteur en chef du service Frontières et immigration, a révélé que des milliers d'immigrants illégaux échappaient à leur expulsion en raison du chaos au sein du système migratoire. Les fonctionnaires du ministère de l'Intérieur ont systématiquement ignoré des renseignements et des dénonciations émanant du public et de la police et jugé sans importance, à tort, des informations précieuses.
Le gouvernement a assuré qu'il était encore en train d'arranger le fatras laissé par la politique de frontières ouvertes « dysfonctionnelle » du parti travailliste.
Cependant, le rapport de la commission de Margaret Hodge est un coup dur pour Thérésa May, qui avait démantelé l'UKBA en mars 2013 pour confier le traitement des demandes d'asile au Département des Visas et de l'Immigration au sein du ministère de l'Intérieur. Le comité a constaté que le ministère avait du mal à traiter le nombre croissant de nouvelles demandes, dont beaucoup proviennent de réfugiés originaires de pays déchirés par la guerre tels que la Syrie.
Selon le comité, l'impasse est due à la décision « bâclée » de l'UKBA de rétrograder du personnel, décision qui avait conduit à la démission de cent vingt fonctionnaires expérimentés, ce qui avait ajouté davantage encore de pression sur les autres. D'après le rapport du comité, l'annulation de deux projets informatiques défectueux a amoindri la capacité de retracer les candidats au sein du système d'immigration. En 2013, le ministère de l'Intérieur a gaspillé 347 millions de livres sur un projet censé faciliter le traitement des demandes d'asile, de visa et de résidence. Le programme avorté eBorders, qui aurait instauré des contrôles de sortie, a coûté au contribuable plus de 500 millions de livres sterling.
Le ministre de l'Immigration James Brokenshire n'en démord pas : « Le système d'immigration qui nous a été légué était totalement dysfonctionnel. Corriger des années de mauvaise gestion a pris du temps, mais nous sommes à présent sur la bonne voie et nous nous attaquons aux retards dont nous avons hérité. »
Toutefois, Dia Chakravarty, directrice politique de l'Alliance des contribuables, a déclaré que le ministère semblait aggraver la situation.
« Ces retards ont non seulement un coût humain [mais] coûtent également de l'argent aux contribuables », dit-elle. « Le ministère de l'Intérieur doit de toute urgence rattraper ce fiasco. »
Source : dailymail.co.uk