mercredi, 28 octobre 2020 14:25

De la misère d´être soudainement devenus Québécois

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Légende de la photo : Adressez-vous au Comité de recrutement de la Fédération des Canadiens-Français

 

« Nous croyons qu’il existe au Canada, dans le sens sociologique du terme, une nation de langue française dont le foyer est au Québec.

Cette nation a la ferme intention de poursuivre son affirmation en se donnant, dans l’ordre et la justice, tous les instruments nécessaires à son développement. »

Daniel Johnson père

 

 

 

Gilles Verrier

On ne s'est dit NON qu'en tournant le dos à notre identité nationale

Après les avoir invités à venir statuer sur notre destin, ceux qui s'étaient bâtis des institutions comme McGill à nos dépens, le chef du camp du oui leur concéda tout de suite la victoire. Et il n'en démordra pas. Jusqu'à sa mort, malgré tous les rappels dépités d'un vol référendaire qu'on peut lire encore aujourd'hui sur les réseaux sociaux, il aura maintenu que "les résultats étaient là", c'est-à-dire valides. 

J'ai toujours eu du mal à voir un grand homme dans le mauvais stratège qui abandonna ses troupes au beau milieu du champ de bataille. Ce mauvais général, dont nous parle Sun Tsu, qui, ayant perdu une bataille, se conduisit comme s'il avait perdu la guerre. On a eu beau critiquer le vol référendaire à l'époque, et reprendre l'antienne encore aujourd'hui, ni le chef, ni son successeur, ni l'état major, ni les députés, personne n'était plus là pour sonner le rassemblement et fortifier nos positions. Mais laissons-là une stratégie déplorable qui cache le pire.

Sur le fond, le référendum était un enfant de la québécitude : cette nation fictive dans laquelle on voulait mettre ensemble les deux solitudes du Québec, faute de mettre ensemble les deux solitudes du Canada. Selon cette aliénation, les tensions nationales, omni présentes depuis la Conquête, devaient désormais s'estomper sur l'autel d'une nouvelle identité forcée. 

Aveuglé par le néo-nationalisme qui reniait l'identité canadienne-française de ses pères et mères, le chef du camp du oui ne pouvait concevoir que nous pouvions tirer quelque chose de cette apparente, mais non irrémédiable défaite. Piégé par la québécitude, il lui était impossible de réclamer sur le champ des négociations constitutionnelles, arguant que 60 % des Canadiens-Français avaient voté oui. Une nouvelle démonstration de la fracture du Canada ne venait-elle pas d'éclater à la face du monde ? Mais au lieu d'une relance appropriée, on eut droit à un discours peu diplomatique, sans hauteur politique et n'ouvrant sur aucune relance. Après quelques semaines de vaines agitations, nous sommes repartis sur la route du déclin, car les nations qui refusent de se battre pour leur existence reculent. Tellement l'univers politique et mental des Canadiens-Français est bouché, il aura fallu vingt-cinq ans pour en arriver à réunir ces idées qui se réclament de plus de cohérence. 

Ne réagissez pas émotivement. Il ne s'agit pas tant de faire porter tout le blâme sur le chef du camp du oui, mais plus gravement sur la doctrine bancale qu'il incarnait. Avoir renoncé à notre identité historique est une deuxième défaite des plaines d'Abraham, à la différence que, cette fois-ci, elle est auto-infligée. Un nouveau chapitre, inédit, sur l'aliénation coloniale restera à écrire pour les générations futures.

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