Note du Bonnet : Vous pouvez également écouter notre émission de web-radio au sujet de la laïcité : http://www.lebonnetdespatriotes.net/lbdp/index.php/radio/item/21162

Thi MT

La notion de laïcité semble exprimer une position qui est neutre face à toutes les religions; elle serait, en quelque sorte, à égale distance de toutes les religions. Sauf, que si l'on regarde de plus près et si l'on se rapporte également à la réalité historique, cela est faux et même archi-faux. La laïcité, même si elle se dit neutre, n'estime acceptable et ne tolère, en fait, qu'un type de religion, qu'une conception de Dieu, à savoir une religion qui, comme on l'entend souvent, se contente d'être pratiquée et de n'exister QUE dans la vie privée. Aussi est-ce sur la base de cette conception qui réduit le religieux au privé qu'elle soutient qu'il doit y avoir une séparation rigoureuse entre la religion et la politique, entre l'Église et l'État, entre la vie religieuse du croyant et la vie politique du citoyen. Or, il n'y a à vrai dire que deux religions parmi les trois religions monothéistes (et leurs différentes dénominations) qui fait sienne une telle séparation: c'est le protestantisme et le judaïsme (lorsque ceux-ci vivent "en exil", hors de la terre d'Israël) . l'islam ne l'accepte pas.

Quant au catholicisme, il soutient que l'Église et l'État, que la vie religieuse et la vie politique sont distincts, bien sûr. (Rends à César ce qui est César et à Dieu ce qui est à Dieu) Mais, il soutient aussi qu'elle ne doit pas être entièrement séparée. Pourquoi? Parce que pour le catholicisme, le croyant doit viser à vivre sa vie dans la cité ( la vie politique) comme étant une préparation en vue de la vie céleste. Pour reprendre les termes de Saint-Augustin, la vie dans la cité des hommes doit être une préparation pour la vie dans la cité de Dieu. Ce qui veut donc dire que pour un catholique, la vie sur terre est certes importante, mais pas pour elle-même, car c'est la vie céleste, après la mort, qui est la véritable vie. Ce qui implique que le catholique ne doit pas faire de la vie terrestre une fin, mais un moyen; il ne doit pas chérir la vie terrestre en tant que tel, mais il doit l'utiliser, en faire un moyen, pour se préparer le mieux possible à la vie céleste. Or, c'est justement ce que combat la laïcité qui, elle, s'appuie sur la philosophie des Lumières et fait la promotion du libéralisme politique et de l'économie capitaliste. Pour la laïcité, il s'agit de "couper" le lien entre le religieux et le politique, entre la vie religieuse et la vie politique, car la vision du monde qu'on qualifie de matérialiste, est selon laquelle il n'existe pas (vraiment) de cité de Dieu, mais seulement une cité des hommes. Aussi est-ce cette vision du monde à laquelle adhère le libéralisme politique et qui le conduit à soutenir que le pouvoir politique est entièrement une affaire humaine (contrairement à Saint-Paul qui estime que cette conception est dangereuse, car elle conduit l'homme à se substituer à Dieu).

Et enfin, c'est cette même vision du monde "matérialiste" qu'embrasse l'économie capitaliste, car en faisant de la vie terrestre la seule fin de toute vie humaine, cette vision du monde enlève à l'économie capitaliste toute barrière, tout frein que la vision catholique du monde pouvait lui opposer. En effet, pour le catholicisme, l'argent, la possession de bien matériels ne doit jamais être une fin. Au mieux, ils doivent être des moyens pour la réalisation du bien commun permettant ainsi une meilleur préparation pour la vie céleste. Donc, en somme, par définition, la laïcité est porteuse d'une "vision du monde" qui convient tout à fait au libéralisme politique et à l'économie capitalisme. Et sur le plan religieux, c'est le protestantisme qui lui est adéquat. Et d'ailleurs, si l'on retourne au moment où la laïcité s'est imposée pour la première fois, soit à la révolution en France, ce sont justement des protestants qui en furent les promoteurs. Quant aux catholiques, ils comprirent rapidement qu'ils étaient la cible principale des laïcistes. À la révolution et, ensuite, lors de l'adoption de la loi dites de la séparation de l'Église et de l'État en 1905, à chaque fois, ce fut essentiellement CONTRE le catholicisme que la laïcité (républicaine) s'est imposée. Bien sûr, les protestants n'ont pas été embêtés du tout, au contraire. En ce qui a trait aux juifs, les révolutionnaires les ont immédiatement intégrés à la République en leur donnant la citoyenneté. Quant aux musulman, il n'en avait très peu, voire aucun qui vivaient en France à ce moment. De ce côté-ci de l'Atlantique, ce fut à peu près la même chose. La laïcité s'est imposée essentiellement et, à vrai dire, exclusivement contre la religion catholique. Bref, tant d'un point de son "contenu" que d'un point de vue historique, il est faux de dire que la laïcité s'oppose également à toutes les religions. Elle est à vrai dire une doctrine qui, sous le couvert ou sous le faux drapeau de la neutralité vise à imposer une vision judéo-protestante du monde sur laquelle se fonde le libéralisme politique et l'économie capitaliste (aujourd'hui mondialisée).