samedi, 30 mars 2019 13:50

Ravary, les anglos et la laïcité

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Mike Deschamps

On ne présente plus Lise Ravary (qui nous affectionne particulièrement), « bloggeuse » du Journal de Montréal et accessoirement intellectuelle du dimanche.  Dans un article publié sur le JDM « Les anglos et la laïcité » [i], Ravary s’interroge sur l’incapacité des anglos à comprendre la laïcité « à la française ». De raccourcis en raccourcis, elle accuse le monde anglophone de ne pas savoir pourquoi la Québec a choisi la laïcité (et aux commissions scolaires anglos de ne pas l’enseigner) quand le peuple québécois dans sa grande majorité ignore tout des origines anticléricale et mondialiste de la laïcité.

Avocat du diable

Faisons un peu d’histoire et rappelons à Mme Ravary ce qu’est la laïcité à l’origine : il ne s’agit pas d’une simple séparation de l’Eglise et de l’Etat votée par des francs-maçons en 1905 en France mais il s’agit d’une volonté d’éradiquer l’influence politique de la sphère catholique vis-à-vis de l’Etat français et ce dès 1789. La France a été la première nation catholique à avoir, sous la Révolution française, tenté l’expérience de la laïcité, sans que le concept soit encore défini, avec l’état civil, le mariage civil, la suppression du budget des cultes et la loi du 5 fructidor an III. Cette haine des catholiques de la part des tenants de la future République aura été à son apogée sous le règne de la Terreur : massacre de masse, populicide (génocide vendéen en particulier),  conversion des prêtres réfractaires, remplacement  du calendrier chrétien pour refléter les nouvelles valeurs du libéralisme (moins de journées chômées), fonte des cloches d’Eglise…etc… comme nous l’avions expliqué dans notre article « Les illuminés du Québec » [ii]. La suppression de l’influence de l’Eglise dans la sphère politique de l’Etat avait pour seule mission l’ouverture sur le libéralisme, le catholicisme étant un frein à la marchandise. Comme le dit si bien Francis Cousin, la Révolution Française sera une des premières révolutions capitalistes.

Maintenant pour faire un peu de sociologie de terrain,  il faut rappeler à Mme Ravary dans quel univers idéologique beigne le monde anglo-saxon. Nous suggérerons donc à Mme Ravary de s’intéresser à la philosophie du protestantisme anglo-saxon. Il faut donc lire Max Weber « L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme » pour comprendre que la Réforme protestante est à l’origine de l’éthique du travail du capitalisme. Il n’y a donc aucune raison de voir une quelconque forme de laïcité dans le milieu anglo-protestant (et ce même si certains anglos ne sont pas protestants, l’influence du protestantisme est un fait indéniable) puisque le monde protestant contrairement au monde catholique ne s’est jamais opposé à l’usure et au monde de l’argent. Mieux encore, faut-il aussi rappeler à Mme Ravary que les protestants soutenaient la franc-maçonnerie anglo-saxonne dans le combat contre l’Eglise catholique au Québec ?

Voilà donc pourquoi le monde anglophone ne comprend pas la laïcité : sa religion et sa philosophie dominante ne s’oppose pas au libéralisme libertaire, mieux encore, elle l’encourage. La laïcité « à la française » ne s’impose qu’aux pays de tradition catholique. La séparation de l’Eglise et de l’Etat doit se faire, ainsi que la conversion de toutes les sociétés traditionnellement catholiques au libéralisme libertaire. L’Eglise ne doit plus être un frein à l’argent, et ce même si l’Eglise de Rome a décidé en 1991 de tolérer l’usure.

[i] https://www.journaldemontreal.com/2019/03/29/les-anglos-et-la-laicite

[ii] http://www.lebonnetdespatriotes.net/lbdp/index.php/dossierslbdp/item/11442

Commentaires   

 
0 #2 Louis-Philippe 01-04-2019 19:18
Francis Cousin a raison de dire que la Révolution française a été la première révolution capitaliste. Marx, qu'il se plait à citer souvent, voyait le capitalisme comme un progrès par rapport au féodalisme, entre autres parce qu'il avait permis le développement de la classe ouvrière qui deviendrait son fossoyeur. Marx méprisait souverainement les nostalgiques du pré-capitalisme .
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0 #1 Louis-Philippe 01-04-2019 09:55
Selon l'historien Jacques Heers l'usure était déjà tolérée par l'Église catholique au Moyen Age. Les usuriers se rachetaient en donnant à des institutions charitables: http://www.xn--pourunecolelibre-hqb.com/2012/07/histoire-le-moyen-age-une-imposture.html
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