Michel Clouscard, le plus grand philosophe marxiste de sa moitié de siècle (tout en sachant ce qu'il doit à Lucien Goldmann notamment), sur l'aliénation du corps par les nouveaux modèles culturels du capitalisme. Le Blue jean témoigne du nouveau corps de la civilisation capitaliste, décliné en série. Le capitalisme de la séduction : Second niveau initiatique : Jeans, Treillis, cheveux longs, guitare : portrait-robot. Le prêt-à-porter de la contestation.
"Quel est le prêt à porter de la spontanéité ? " "Suivons la mode. Telle qu'en elle-même la vanité de classe la change. Elle va mettre la dernière main à la panoplie vestimentaire des nouveaux usages mondains." [...]Conquêtes de la frivolité, dites libératrices, crues émancipatrices, voulues révolutionnaires. Les révolutions du libéralisme sont ineffables.[...] Le cul est devenu une silhouette. Et quelle silhouette ! Celle de l'archétype hollywoodien. Les jeans, à l'origine tenue de travail, permettent de camoufler cette promotion mondaine, du derrière.[...] Promotion du derrière : il est devenu enfin une silhouette et celle-ci est celle de la mode. Une matière à pris forme. Ce qui était en puissance est devenu en acte. La sexualité a revêtu la mode. [...] Le derrière de la pondeuse doit s'effacer pour ne plus être que la silhouette inventée par la libido capitaliste. Cette opération est réalisée par les blue-jeans. L'eurêka de la mondanité : l'uniforme du désir, l'objectivation de la phallocratie. Voici le nouveau corps prêt-à-porter. Le corps du désir. [...] Blue-Jeans, rêve de femme ! A la portée de toutes, corps parfait revêtu en masse. Enfin une féminité désencombrée de la maternité, le sexe sans la reproduction, le désir sans mariage et le mariage avec le divorce. Le corps libre, naturel, spontané ! le corps sans la toilette ! Le corps sans la mode ! "