Pour emprunter les paroles de Jean-René Dufort: «Je ne sais pas ce qu’ils mettent dans l’eau ces temps-ci à Radio-Canada.»

Dans une décision rendue hier, l’ombudsman de Radio-Canada, Pierre Tourangeau, blâme l’animateur d’Infoman pour un reportage sur la bande de Gaza, diffusé le 11 septembre.

Dans ce reportage tourné avant la guerre de l’été dernier, Jean-René Dufort et son caméraman traversaient toutes les étapes pour entrer à Gaza, par le passage israélien d’Erez, une entreprise laborieuse. Avec son style habituel, il voulait ainsi démontrer que les Palestiniens ne pouvaient pratiquement plus sortir du pays.

J’avais beaucoup aimé ce segment, qui n’était qu’un avant-goût de deux émissions spéciales d’Infoman, tournées entièrement à Gaza, et prévues pour décembre.

L’ombudsman lui reproche de se cacher sous le couvert de l’humour pour traiter d’un sujet aussi sérieux que le conflit israélo-palestinien sans respecter les normes et les pratiques journalistiques de Radio-Canada, et sans donner les deux côtés de la médaille.

Estomaqué, Jean-René Dufort m’a confié que son équipe ne tiendra pas compte de la décision. «On tombe des nues. Personne aux variétés n’était au courant de ces règles qui semblent tomber du ciel. Nous allons bien sûr demander des précisions.»

J’ai été très étonné de lire Pierre Tourangeau se permettre de lancer cette question à la fin de sa décision: «Que diable allait-il faire dans cette galère?» L’ombudsman porte également un jugement de valeur et s’interroge sur les choix de sujets de l’équipe d’Infoman, qui n’a pourtant jamais dérogé à son mandat depuis 15 ans, celui de faire dans la satire et la prise de position. Pour moi, l’ombudsman est à côté de la plaque. Il est important de mentionner que M. Tourangeau a rendu cette décision en réponse à une plainte du directeur associé des affaires publiques du Centre consultatif des relations juives et israéliennes, David Ouellette.

En ces jours où il est beaucoup question de l’indépendance journalistique à Radio-Canada, sachons que l’ombudsman est censé faire preuve de la plus grande neutralité, sans aucune influence de la part de la direction. Il est nommé par un comité de sélection de quatre membres, dont deux proviennent du public, un de la direction de la Société, et l’autre du personnel journalistique.

Source : blogues.lapresse.ca