dimanche, 23 decembre 2018 12:42

Écologie : se faire voler et exiger de se faire voler davantage

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Réjean De Gaulle

Pendant qu'en France un sentiment de révolte prend de l'ampleur, notamment en raison d'une énième taxe, celle-ci sur l'essence, le prix de l'essence au Québec est à son plus bas depuis des lustres (légèrement plus d'un dollars le litre en moyenne). Pour donner une idée, le prix du litre d'essence à la pompe en France tournerait entre 1 euro 40 et 1 euro 50, ce qui équivaut en argent canadien à un prix de 2 dollars 15 le litre à 2 dollars 30 le litre. Pendant ce même temps, on nous annonce qu'au Québec on paie 15 à 20 cents de trop par litre d'essence depuis 2015 parce que le prix de l'essence n'est pas fixé à partir du baril de l'ouest canadien comme ça devrait être le cas. [i] La régie de l'énergie ne fait rien pour que ça change. Ce qui n'est pas sans rappeler le trop perçu d'Hydro-Québec de 44 $ par client annuellement(350$ entre 2008 et 2016), sans que le CAQ ne veuille réagir, après avoir pourtant promis une réclamation farouche de ces trops perçus. [ii] « Hydro-Québec a décidé de remettre à partir de cette année 50 % des trop-perçus annuels à sa clientèle. » Quelle générosité !

Ce n'est pas parce que le prix de notre essence est moins cher qu'il est plus juste, mais en regardant les Gilets Jaunes sur le web, il devient difficile de se plaindre, au Québec, du prix de l'essence ou de l'électricité (44 $ de trop par année apparaît absolument dérisoire). Se plaint-on le ventre plein ? N'avons-nous pas de la place, nous, pour nous occuper de l'environnement en payant plus de taxe, en cautionnant davantage le vol ?

Le leurre écologique

En France comme au Québec tout transport nécessite une certaine pollution. Vous vous croyez écolo avec votre GPS intégré à votre I-Phone qui évite les détours inutiles ou votre voiture électrique ? Le cobalt qui sert à la fabrication des batteries de I-phone ou de la Tesla vient du Congo. Quelle est l'empreinte carbone d'un transport de marchandise en provenance du Congo déjà ? Ai-je besoin d'en rajouter pour comprendre l'arnaque écolo ? Puisque tout transport finit par demander de l'énergie polluante, ne vous cassez plus la tête avec l'écologie. Ce qui vous rendra écolo sera votre mode de consommation et celui de ceux qui produisent vos biens. Autrement dit, votre croyance personnelle n'y change rien, et ce n'est pas votre voiture qui est à remettre en question. Ce qui devrait être remis en question c'est ce mode de vie qui oblige tout le monde à se déplacer inutilement en permanence avec cette voiture. Le problème n'est pas la voiture en elle-même c'est :

1.                  Son obsolescence programmée, qui vous fera en acheter une seconde dans quelques années. Plus la voiture comporte de gadgets, ne serait-ce que la transmission automatique ou un quelconque mécanisme qui permet de sauver de l'essence, plus elle a de chance de briser rapidement, de manière parfois à ce que le garagiste ne puisse rien faire. L'obscolescence programmée touche aussi les véhicules de transport en commun.

2.                  Le fait qu'elle est fabriquée à la chaine, dans une quantité toujours plus grandes pour subvenir aux besoins exponentiels en matériel en raison parfois de l'obscolescence programmée, parfois en raison du matérialisme, du culte de la marchandise, qui gangrène la majorité de nos esprits, mais aussi, en raison de la centralisation de la production qui fait que celui qui s'occupe du verger locale ne peut pas faire emballer ses pommes par l'emballeur local ni les distribuer dans le supermarché local. Tout ça, parce que le Maxi ou le Métro du coin refuse les pommes du verger local s'il n'a pas l'exclusivité de l'économie de la pomme (emballage, transformation, distribution, etc.). Si le gérant du verger a l'idée d'être infidèle au supermarché qui vend son produit, le supermarché répondra en posant de nouveaux standards. Ces standards s'avèrent souvent des prétextes aussi loufoques que le fait d'avoir besoin dans ses supermarchés d'une grosseur égale de pommes dans tous les sacs [iii]. Tout ceci est évidemment pensé pour que la production soit centralisée. Au final, les pommes du verger local sont cueillies, souvent par des travailleurs étrangers qui, le temps venu, retourneront dans leur pays (l'immigration "temporaire" est donc une mobilité de la main d'oeuvre assez peu écologique), elles sont transportées dans le camion d'un de ces travailleurs étrangers, font 6 ou 7 heures de route vers Montréal ou 13 ou 14 heures vers Toronto et reviennent emballées ou en gros, grâce une fois de plus au même nombre d'heures de conduite, avant d'être placer sur la tablette du supermarché du petit village. Tout ça, alors que le verger pourrait distribuer directement les pommes de sa région sans passer par Montréal ou Toronto.

3.                  Que la techonologie consomme beaucoup d'énergie, donc, logiquement, n'est pas écolo.

4.                  Que même les hommes les plus puissants, ceux qui pourraient faire une différence en réduisant leur production, ne sont pas en plein contrôle de l'univers. Afin de suivre le modèle imaginé par les puissants, le monde entier a intériorisé l'idée que la consommation soit une vertu. Cette consommation de masse est exigée par la population auprès des puissants. Si les hommes les plus puissants se réunissent et tentent comme ils peuvent de réduire la production, ils perdront leur statut de puissant. Quelqu'un les remplacera et produira autant sinon davantage.  Ils n'ont donc pas avantage à réduire leur production.

5.                  Que les déplacements des locaux, sédentaires, soient dévalorisés, taxés, doivent répondre à des normes très strictes pendant qu'aucun cosmopolite ne subit cette même dévalorisation de ces mouvements. Cette justice à deux vitesses quant aux déplacements favorise non seulement le plus pollueur des deux groupes de personnes (un voyage de bohême en Inde pollue davantage que l'utilisation régulière d'un 4x4), mais rend la vie sédentaire (mode de vie relativement écolo) invivable parce que le cosmopolite exige du sédentaire d'être pointilleux pour lui-même et envers son prochain qui sent bien qu'en plus il se fait voler par le cosmopolite. La mobilité de la main d'oeuvre pas chère montre bien que le sédentaire est le jouet du cosmopolite. Comment donc le sédentaire pourrait-il être coupable de la polution planétaire ?

6.                  Le mode de vie citadin, malgré toutes les bonnes intentions du monde, pollue davantage que celui rural. La population continue pourtant de s'entasser dans les villes.

 

Voilà les raisons pour lesquelles tant que nous vivrons sous un régime mondialiste, il sera impossible d'être écolo. Et oubliez nos politiciens, même celui qui se prend pour Macron 1er, n'est qu'un pion, ces politiciens ne sont que des pions. Voilà la raison pour laquelle l'enjeu actuel n'en est pas un d'écologie, mais de justice et de capacité à être juste (cela renvoit au spirituelle). Et si justice est rendue et que les mondialistes dégagent, nous pourrons naturellement devenir « écolo »... Peut-être bien, malgré nous, sans que nous nous en rendions compte, et sans cesser d'avoir des enfants comme le suggère l'immaculée conception de la matière grise, j'ai nommé madame Josée Blanchette. [iv]

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