22.10.2014 - United colors of bande de cons !

C’est une histoire canadienne, tellement canadienne. Zunera Ishaq est une musulmane pakistanaise arrivée au Canada (en Ontario, plus précisément) suite au parrainage de son mari. Mais arrivée ici, au moment de faire son serment de citoyenneté, elle a refusé de retirer son niqab alors qu’une directive gouvernementale exige qu’on fasse ce serment à visage découvert. Elle poursuit désormais le gouvernement canadien qui l’empêcherait d’exercer pleinement sa liberté de religion. Son avocat accuse notamment le ministre Jason Kenney d’avoir imposé ses convictions personnelles à l’ensemble de la population, et de violer ainsi les droits constitutionnels de la plaignante. On notera que c’est en prenant la pose de la victime persécutée qu’elle entend s’inscrire dans son nouveau pays.

C’est le multiculturalisme à son meilleur. On en connait désormais parfaitement la règle fondatrice. C’est l’inversion du devoir d’intégration. Ce n’est pas à l’immigrant de s’intégrer au pays qui l’accueille mais c’est à ce dernier à se transformer pour accommoder la «diversité». Et si le pays d’accueil ne se couche pas, on l’accusera de discrimination et de ne pas s’ouvrir à l’autre, dont l’apport sera nécessairement bénéfique, dont la contribution sera inévitablement positive, même s’il n’est pas si évident, du point de vue d’une société occidentale moderne, que le niqab soit de quelque manière que ce soit une contribution positive. N’est-il pas l’exemple, mais il y en aurait d’autres, que les «différences» ne sont pas systématiquement des «richesses»? Plus largement, dès qu’une communauté culturelle peinera à s’intégrer, on accusera la société d’accueil de la marginaliser, mais jamais on n’invitera cette communauté à l’autocritique. Nous sommes devant une machine à culpabiliser la société occidentale, pour la désarmer idéologiquement et politiquement, et la neutraliser psychologiquement en la convainquant que chaque fois qu’elle affirme, elle opprime.

On nous dira qu’il ne faut pas réduire la femme en question à son niqab, qui n’est d’ailleurs que l’expression de ses convictions les plus intimes, qu’il ne faudrait pour rien au monde brusquer, tant le droit canadien s’est défini selon le principe du respect des «croyances sincères». On répondra qu’il s’agit d’une escroquerie intellectuelle grossière. Celle qui porte le niqab, et on pourrait appliquer ce commentaire à d’autres symboles religieux ostentatoires moins caricaturaux, envoie le signal à la société qu’elle veut d’abord se faire reconnaître par ce symbole, qui relève de l’exhibitionnisme identitaire le plus criant. On porte le niqab justement pour s’y réduire, à la manière d’un uniforme qui est aussi un symbole politique. Il marque aussi une frontière culturelle et symbolique très visible qui soustrait les femmes qui le portent à la société d’accueil, pour les ramener dans les frontières étroites et infranchissables d’une communauté ethno-religieuse. Il s’agit de l’expression violente et sans équivoque d’un refus de s’intégrer au pays qu’on rejoint. Ou si on préfère, il s’agit d’une déclaration de non-appartenance. Le niqab envoie un message clair : nous sommes ici mais nous ne sommes pas des vôtres, et votre loi n’est pas la nôtre. Tout cela devrait être évident.

Lire la suite sur blogues.journaldemontreal.com

 

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir