05.11.2016 - Présidentielle américaine : "Les latinos peuvent faire gagner Clinton"

Stigmatisée par Donald Trump, la communauté hispanique se mobilise et s'apprête à jouer un rôle majeur dans l'élection présidentielle. Explication par Frances Negrón-Muntaner,  essayiste, universitaire et réalisatrice portoricaine.

Traditionnellement, ils votent peu. Mais en cette année présidentielle marquée par la présence d'un candidat au discours anti-latino particulièrement vigoureux, les Hispano-Américains devraient être nombreux à se rendre dans les bureaux de vote le 8 novembre. Et la vitalité démographique de la minorité hispanique en fait un groupe qui comptera de plus en plus dans les années à venir.

Frances Negrón-Muntaner est professeure à l'université de Columbia à New York et spécialiste de la question hispanique aux États-Unis. "L'Obs" l'a rencontrée pour évoquer l'histoire, les espoirs et le rôle politique de la minorité hispanique aux États-Unis.

L'Obs - Quelles conséquences a la campagne électorale sur la communauté hispanique ? Sera-t-il plus difficile d'être Latino aux États-Unis après l'élection ?

Frances Negrón-Muntaner - Tout dépend du vainqueur de l'élection. Les analyses sur le vote anticipé montrent que si les Latinos se mobilisent, ils pourraient permettre, avec les femmes diplômées, la victoire d'Hillary Clinton. D'autant que jusqu'à présent, les Afro-Américains ne se sont pas beaucoup déplacés au bureau de vote. Étonnant quand on sait qu'ils ont largement soutenu Clinton face à Sanders lors des primaires.

Si cette tendance se confirme, alors pour la première fois de l'Histoire, les Hispaniques seront décisifs dans l'élection d'un candidat. Cela pourrait avoir plusieurs conséquences : des nominations à de hautes fonctions dans l'administration, une meilleure représentation dans les médias…

En revanche, si Trump est élu, les hispaniques lui poseront un défi politique majeur, comme les femmes ou les noirs. Ces groupes vont-ils devenir mieux organisés et plus audibles ?

Donald Trump a-t-il réveillé une sorte d'hispanophobie ?

- Elle existait avant lui. Dès 2012, l'hispanophobie était l'un des ressorts de  la campagne de Mitt Romney. Mais le jour où Trump annonce sa candidature, il a parlé des "violeurs mexicains", franchissant un nouveau cap. Dès le premier jour, il a compris qu'il existe un groupe d'électeurs relativement important, majoritairement blancs, qui pensent que leurs perspectives d'avenir sont sombres parce qu'il y aurait trop d'immigrés, et que les mauvais immigrés sont les Latinos. Trump a exprimé ce ressenti clairement et publiquement.

Ensuite il s'en est pris à un juge hispanique, à Alicia Machado… Pendant un temps, les partis politiques, les médias et aussi une part de la population l'ont plus ou moins laissé faire. Cela montre à quel point le discours anti-latino est répandu.

L'électorat hispanique avait voté à 27% pour Romney, un score très faible. Faut-il s'attendre à un pourcentage encore plus bas en faveur de Trump ?

- Trump récoltera probablement moins de 25% des suffrages hispaniques. Mais qui sont ces 25% ? Manifestement des électeurs qui croient au discours de Trump lorsqu'il dit être un self-made man, ce qui en réalité est faux. Ou des citoyens qui pensent que les États-Unis n'ont plus besoin d'hommes politiques, car ceux-ci auraient ruiné le pays, et que Trump pourrait donc apporter le changement nécessaire.

 

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