02.11.2016 - Liban : Michel Aoun élu président de la République

Le chef de l’État devrait annoncer jeudi le nom du Premier ministre à l'issue des consultations parlementaires contraignantes qui auront lieu mercredi et jeudi.

Le leader chrétien Michel Aoun a été élu lundi à la présidence de la République libanaise au second tour de scrutin avec 83 voix sur 127 par le Parlement libanais lors de la 46e séance électorale.

Au premier tour, M. Aoun n'avait obtenu que 84 voix, alors qu'il lui en fallait 86. Le second tour a fait l'objet de cafouillages. Les députés ont du voter à trois reprises. Les deux premières fois, 128 bulletins avaient été déposés dans l'urne alors que 127 députés sont présents dans l'hémicycle.

Trente six députés ont voté blanc au second tour (contre 36 également au premier tour). Sept bulletins ont été annulés (5 pour la "Révolution du Cèdre continue au service du Liban", un où il était écrit "un Parlement légal ou pas" et un au nom de "Zorba le Grec"). Une voix a également été attribuée à Sethrida Tawk (Geagea).

Le président est élu à bulletin secret, à la majorité des deux tiers des députés au premier tour et à la majorité absolue aux tours suivants (soit 65 voix). Actuellement, le Parlement ne compte plus que 127 membres après la démission du député Robert Fadel.

L'élection de M. Aoun, 81 ans, est le fruit d'un laborieux compromis entre les principales factions politiques, habituellement promptes à s'affronter sur tous les dossiers. La candidature du fondateur du Courant patriotique libre était soutenue par les Forces libanaises, le Courant du Futur, le Hezbollah et le Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt.

Le nouveau président a prêté serment avant de rejoindre pour six ans le palais présidentiel de Baabda, d'où il avait été chassé il y a 26 ans par l'armée syrienne. Sa famille était présente aux portes du palais pour l'accueillir. Le drapeau libanais a été hissé à son arrivée.

M. Aoun devient le troisième général à accéder à la magistrature suprême.
"Je jure devant Dieu, que je respecterai la Constitution et ses lois et que je préserverai l'indépendance de la nation libanaise et la paix sur sa terre", a-t-il déclaré devant les députés. 

Le Liban était sans président depuis le 25 mai 2014, date de la fin du mandat de Michel Sleiman. Jusqu'à maintenant, toutes les tentatives d'élire un chef de l’État s'étaient avérées infructueuses. A 45 reprises, le Parlement a essayé sans succès d'atteindre le quorum des deux tiers nécessaire pour organiser le vote, soit 86 des 127 députés (depuis la démission du député Robert Fadel). A chaque fois, les 20 élus du groupe parlementaire de M. Aoun et les 13 députés du Hezbollah ont boycotté les séances.
 

Célébrations

La victoire de M. Aoun a été célébrée par des feux d'artifice dans plusieurs régions du Liban. Des milliers de voitures klaxonnaient, ses partisans brandissaient son portrait et d'autres sablaient le champagne. Un rassemblement des militants du Courant patriotique libre (CPL), fondé par M. Aoun, avait lieu place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth.

Le cabinet du fondateur du CPL a dans ce contexte publié un communiqué appelant ses partisans à la retenue.

M. Aoun devrait annoncer jeudi le nom du Premier ministre à l'issue des consultations parlementaires contraignantes qui auront lieu mercredi mercredi et jeudi. Le Premier ministre sera certainement l'ancien chef du gouvernement Saad Hariri, 46 ans. En annonçant son soutien à M. Aoun, M. Hariri expliquait son choix par la nécessité de "préserver le système politique, renforcer l’État, relancer l'économie, prendre nos distances avec la crise syrienne". Après son élection, le président a dans ce cadre confié au gouvernement présidé par Tammam Salam la gestion des affaires courantes. Le gouvernement actuel est désormais considéré techniquement comme démissionnaire.

Cette percée intervient dans un contexte de paralysie des institutions publiques à cause d'un malaise politique généralisé dans un Liban voisin de la Syrie en guerre. Les autorités, minées par la corruption, s'avèrent également incapables d'offrir à la population les services de base comme le ramassage des ordures, le courant électrique, l'eau potable ou l'épuration des eaux usées.

Adulé par ses partisans, Michel Aoun a néanmoins des détracteurs qui le décrivent comme un homme colérique et capable d'audacieuses volte-face politiques.

 

Source : L'Orient-Le Jour

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