02.11.2016 - « La langue française est un discriminant social »

Note du Bonnet : il nous faut nous insurger contre ce tissu d'inepties. Le français, par sa richesse, est au contraire la langue qui fournit le plus de moyens d'expression, c'est la langue de la subtilité, de la nuance : la langue de Molière n'était-elle pas la langue utilisée par tous les corps diplomatiques jusque la chute de Napoléon ?

La langue est le miroir de la mentalité d'un peuple. Si nous devions établir une comparaison (car comparaison inévitable il y a), nous rappellerions que le seul effort à fournir pour vivre (sans s'intégrer) dans une société anglo-saxonne est de parler une langue qui se caractérise par sa facilité d'apprentissage, et encore, il s'agit là d'un globish qui en est une version encore plus simplifiée... Ce qui dans le fond, reflète bien l'univers anglo-saxon, qui n'exige rien de la part de l'individu, qui ne l'élève en rien sur le plan moral (l'aspect utilitaire matérialiste avant tout !) et qui lui permet d'assouvir ses plus bas instincts et de ne renoncer en rien aux aspects les moins reluisants de sa communauté d'origine, car il faut bien le rappeler, le monde anglo-saxon, c'est le melting pot ...

INTERVIEW - La «tyrannie du bon usage» a créé une frustration et une peur de l'erreur regrettables selon Julien Barret. L'auteur de Tu parles bien la France explique pourquoi le français devrait nous «servir» plutôt que nous «asservir».

La langue française, cet idiome que l'on adore détester. Pas un jour ne passe sans que nous la pratiquions, sans que nous l'écrivions et... que nous lui fassions faire des fautes. Mais à l'impossible, nul n'est tenu! Et quand il est question de participe passé ou de subjonctif, le français peut en effet devenir notre pire ennemi.

Un ennemi qui nous veut pourtant du bien. Julien Barret entend à nous le rappeler dans son livre Tu parles bien la France!, sorti aux éditions de L'Harmattan. Selon le journaliste et rédacteur de Criticomique, la langue française devrait «nous aider à nous exprimer», pas à réfréner nos pensées ou «à retenir qu'il y a un «ph» à philosophie».

Il revient pour Le Figaro sur les critiques et clichés véhiculés autour de la langue française. Une langue de plus en plus cloisonnée selon notre milieu social...

LE FIGARO - Il sort chaque année une centaine de livres sur la langue française. Est-il devenu aujourd'hui plus urgent qu'hier de traiter du français?

Julien Barret - Je ne sais pas s'il y a une urgence, mais il y a une nécessité à comprendre ce qu'est le français. La langue française concerne tous les locuteurs francophones. Le point de vue, à la louche de 90% des gens - et en particulier des plus jeunes - consiste à dire que la langue ne doit pas évoluer. Selon eux, les évolutions de l'orthographe créeraient un nivellement par le bas.

C'est une idée qui revient très souvent chez les gens sous différentes formes: «On ne va pas faire de nos enfants des analphabètes», «si j'ai appris ces difficultés-là, je ne vois pas pourquoi ils ne pourraient pas les connaître», etc. Mais en arrière-plan, il y a une méconnaissance des origines de l'histoire de la langue française. Si on suivait le raisonnement, la langue serait figée et on parlerait latin ou en ancien français. Or, aujourd'hui on ne lit pas les classiques dans la langue des classiques.

Sommes-nous arrivés à un instant «t» de l'histoire de la langue?

Sommes-nous au début ou à la fin de son histoire? C'est difficile à dire. Même impossible. Cette question rejoint celle qui nous interroge sur l'état actuel du français. «Est-elle une langue morte?» Pour répondre à cette dernière, je peux vous assurer que ce n'est pas le cas. Le français n'est pas menacé en réalité. Une langue est menacée quand la syntaxe est menacée. Le vocabulaire qui change aujourd'hui ne constitue pas la structure de la langue.

Vous écrivez: «la langue doit nous servir plutôt que nous asservir». Pensez-vous que nous soyons aliénés par notre propre langage?

Oui, on se confisque nous-même la langue. Il y a une sorte d'inconscient linguistique - une idée théorisée par Claude Duneton dans son pamphlet Parler croquant - qui élèverait le français comme une langue bourgeoise, donc intouchable. Parce que les gens ont intériorisé cela, nombre d'entre eux refusent aujourd'hui que l'on touche à la langue.

 

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