26.10.2016 - Les Kurdes de Daech, sujet tabou

Note du Bonnet : rappelons aussi que de nombreux Kurdes figurent parmi les génocidaires des peuples arménien et assyrien ...

Les Kurdes sont, dit-on, les ennemis déterminés des djihadistes de l’État islamique (EI). C’est effectivement le cas des Kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et de sa branche syrienne, le Parti de l’Union démocratique (PYD) ainsi que des peshmergas du Gouvernement régional du Kurdistan en Irak (KRG) qui combattent Daech en Irak et Syrie.

Ce qu’on ne dit pas

Mais ce qu’on ne dit pas toujours c’est que des Kurdes, il y en a aussi dans les rangs de l’État islamique. Le prédicateur Najmuddin Ahmad Faraj, fondateur du mouvement Ansar al-Islam, qui a donné naissance à l’État islamique dans les années 2000, n’était-il d’ailleurs pas lui-même un Kurde?

Et en Syrie lors de la fameuse bataille de Kobane, d’octobre 2014 à janvier 2015, les Kurdes du PKK-PYD ne se sont-ils pas trouvés combattant aussi d’autres Kurdes engagés dans l’EI? Tandis que, pendant quelques jours, de l’autre côté de la frontière en Turquie, de véritables scènes de guerre civile opposant jeunes kurdes du PKK et membres du Parti de Dieu (Hüda-Par, islamiste radical kurde) faisaient une cinquantaine de morts.

En avril 2016, on estimait à quelques 300 le nombre de combattants kurdes de l’EI tués par la coalition internationale, dont Ziad Salim Mohammad Ali le Kurde, l’un des dirigeants, lors d’un raid sur Mossoul début 2015. Plus récemment en juin 2016, un autre responsable de l’EI, Hemn Jalal, connu sous le nom d’Abdulrahman le Kurde, a également été liquidé. Tous deux venaient d’Irak mais on évoque aussi la présence de deux frères kurdes originaires de Turquie à la tête de l’une des unités turques de l’État islamique en Syrie.

Un phénomène déjà ancien en Turquie

 

Liée à la crise sociale et politique que vit le sud-est de Turquie, la radicalisation religieuse des Kurdes sunnites du sud-est du pays est un phénomène qui n’est pas nouveau. Il remonte au moins à 30 ans.

Dans les années 80, le terme générique d’Hezbollah (sans rapport avec son homonyme libanais chiite) recouvrait plusieurs groupes, essentiellement kurdes, qui avaient pour objectif d’établir par la violence un État fondé sur la Charia. Deux de ces groupes les plus connus, Manzil et Ilim, avaient noué des liens avec l’Iran dont ils ont pu recevoir une aide financière et logistique en échange de renseignements sur les dissidents iraniens réfugiés en Turquie ou sur les positions militaires turques dans la région frontalière.

Or à partir de 1984, à l’autre bout du spectre idéologique, le PKK veut établir un État kurde, indépendant et marxiste-léniniste. Pour cela, il passe à la lutte armée contre les forces de sécurité turques. Ces communistes voient donc d’un très mauvais œil l’influence grandissante du Hezbollah parmi les Kurdes pieux et pauvres, recrutés dans les mosquées de Diyarbakir, Batman, Bingöl et Mardin. L’Etat turc quant à lui comprend l’intérêt qu’il peut tirer de l’essor des musulmans radicaux pour empêcher les militants marxistes et ruraux du PKK de prendre pied dans les zones urbaines. Et il ne s’oppose pas à la coopération (information sur d’éventuelles cibles, entraînement au fonctionnement des armes, etc.) entre services secrets turcs et militants radicaux du Hezbollah.

Résultat: le PKK lance une campagne d’attaques et d’assassinats contre des cadres du Hezbollah qui à leur tour exécutent ou font disparaitre sommairement leurs rivaux. Entre 1992 et 95, ces affrontements intra-kurdes auraient fait quelque 600 morts (dont deux tiers de militants du PKK).

 

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