16.10.2016 - Les Américains invoquent de prétendues "attaques" sur leurs navires pour justifier la poursuite de la guerre au Yémen

Le 12 octobre, les États-Unis ont lancé des missiles de croisière contre trois stations de radar de la côte yéménite occidentale. La région est formellement sous le contrôle du gouvernement de Sanaa, une alliance de groupes tribaux Houthis du nord du Yémen et de pans de l’armée yéménite contrôlés par l’ex-président Saleh. Mais en réalité leur contrôle de la région est inégal et Al-Qaïda et les combattants locaux pour l’indépendance du sud du Yémen y prédominent, surtout autour de Taiz et plus au sud.

Cette attaque serait une riposte à la prétendue attaque de navires étasuniens par des missiles tirés depuis la côte. Tous ces missiles « sont tombés à courte distance du destroyer, qui se trouvait dans les eaux internationales de la mer Rouge. » (Ces missiles étaient-ils tout simplement les RPG-36 de courte portée qu’Al-Qaïda avait reçus ?) Les Houthis, ainsi que l’armée yéménite (deux fois) ont officiellement nié avoir tiré des missiles et avoir attaqué quoi que ce soit qui appartienne aux États-Unis. L’ancien président Saleh a accusé les Saoudiens et leurs mercenaires d’Al-Qaïda et a demandé une enquête. Personne au Yémen n’a entendu parler de la préparation, ni de l’exécution, de pareilles attaques. Il n’y a aucune preuve que cette attaque se soit jamais produite. Toutes ces accusations sont fondées uniquement sur la parole de l’armée américaine. Le gouvernement Houthi / Saleh de Sanaa a demandé une enquête officielle des Nations Unies sur la question.

Il y a deux semaines, les Houthis ont attaqué et détruit un navire rapide de ravitaillement des Émirats Arabes Unis (EAU). Le missile utilisé était un missile anti-navire de moyenne portée, probablement d’origine chinoise. Le navire transportait des armes et des troupes anti-Houthi entre Assab, en Érythrée, et Aden, au sud du Yémen. Ils avaient fièrement revendiqué l’attaque et publié la vidéo [vidéo non accessible - NDR]. Auparavant, de petits navires saoudiens qui verrouillaient la côte avaient été attaqués par les pêcheurs locaux et coulés. Les EAU occupent certains endroits du sud du Yémen (Dubai Port International voudrait prendre le contrôle du port d’Aden) et les troupes des EAU et leurs forces par procuration sont les ennemis les plus directs des forces yéménites. Mais il est clair que toute attaque contre un navire américain ne ferait qu’augmenter la difficulté pour les forces Houthis. Ils n’avaient et n’ont aucune bonne raison de se livrer à une telle attaque.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Après quelques soulèvements tribaux en 2011-12, on a contraint le président Saleh à laisser la place à son vice-président Hadi qui a été fait président avec un mandat de deux ans. L’installation d’un nouveau gouvernement national a échoué lorsque Hadi et ses sponsors ont refusé d’y laisser participer les grandes tribus Houthis du Nord (environ 45% de la population totale). Ces tribus se sont révoltées et ont occupé la capitale Sanaa. Hadi, qui était alors dans la troisième année de son mandat de deux ans, a démissionné, puis s’est rétracté et plus tard a à nouveau démissionné verbalement. L’ONU a tenté de négocier un accord, mais l’envoyé de l’ONU a été évincé au profit des Saoudiens et l’accord sur le cabinet d’unité n’a pas été mis en place :

Les factions politiques combattantes du Yémen étaient sur le point de parvenir à un accord sur le partage du pouvoir quand les frappes aériennes dirigées par l’Arabie saoudite ont commencé il y a un mois, ce qui a fait dérailler les négociations, a déclaré l’envoyé des Nations Unies qui faisait office de médiateur pour les pourparlers.

Les Saoudiens, qui se sont battus dans des guerres précédentes contre les Houthis, ne veulent pas qu’ils participent à une structure de pouvoir. Ils prétendent que les Houthis sont des mercenaires iraniens. Il n’y a pas la moindre preuve de cela et l’accusation est tout simplement fausse. Pendant les quelques 18 mois de guerre, on n’a constaté aucun signe d’aide iranienne, ni en armement ni en personnel. Même le New York Times le reconnait aujourd’hui :

Les responsables du renseignement américains croient que les Houthis reçoivent beaucoup moins de soutien de l’Iran que l’ont prétendu les Saoudiens et d’autres pays du Golfe Persique.

Les Saoudiens veulent que Hadi, leur homme de paille, redevienne le président avec un pouvoir absolu. Ils veulent pouvoir tirer les ficelles. Mais même si les Saoudiens sont beaucoup plus riches, ils ne sont pas beaucoup plus nombreux que les Yéménites. Le Yémen a environ 26 millions d’habitants tandis que l’Arabie Saoudite en a environ 29. Chaque attaque saoudienne contre le Yémen pousse toujours plus de Yéménites à se lever contre l’Arabie Saoudite.

Les États-Unis soutiennent les attaques menées par les Saoudiens et les Émirats Arabes Unis. Ils envoient des avions et des munitions, leurs avions ravitailleurs rechargent les jets saoudiens - au total plus de 5 500 fois depuis le début des bombardements. Les Saoudiens utilisent le renseignement étasunien pour planifier leurs attaques.

 

Lire la suite sur Le Grand Soir, traduction depuis Moon of Alabama

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