12.10.2016 - L’oligarchie a le dos au mur : Elle fera gagner Donald Trump pour se sortir de l’impasse syrienne

Pour bien appréhender la situation, faisons d’abord quelques remarques. La campagne présidentielle américaine bat son plein et les esprits, pas seulement américains, s’échauffent. D’un côté il y a les pro-Clinton parce qu’elle va faire ceci, et de l’autre il y a les pro-Trump parce qu’il va faire cela. A tous ces passionnés, je les invite à observer ce que fait, ou a fait, Obama dont le mandat est encore en cours. Plutôt que de spéculer sur ce que feront les candidats, ils devraient observer et évaluer, avec l’exemple d’Obama, les véritables capacités d’action d’un président américain. Force est de constater qu’elles sont très limitées et bien encadrées.

On pourrait aller encore plus loin dans l’appréciation du rôle global d’Obama dans la politique américaine. Rappelons-nous qu’il est arrivé à un moment où cette politique allait vers une impasse. La période Bush se terminait dans une ambiance d’opinion négative, et même de détestation vis-à-vis des Etats-Unis au niveau mondial et plus particulièrement dans le monde arabo-musulman. George Bush, qui avait parfaitement rempli la mission pour laquelle il avait été élu, devait laisser sa place à un « pacificateur », métissé racialement et religieusement, qui permettrait de continuer plus facilement une réalisation plus approfondie de l’agenda.

Un pacificateur se doit d’avoir les symboles qui vont avec. Avant même d’avoir accompli le moindre acte, Obama se voit octroyer le hochet, le prix Nobel de la paix. Pour renouer avec les musulmans, quoi de plus prestigieux que l’université Al-Azhar au Caire ? C’est là que Barack Hussein Obama va faire son fameux discours, qualifié d’historique à l’époque, à l’adresse du monde musulman. Pour encore plus montrer la sincérité des Etats-Unis, Obama va reconnaitre ce que tout le monde savait déjà, la responsabilité de son pays dans la déstabilisation de l’Iran au temps de Mossadegh.

Tout ce cinéma aura permis aux Etats-Unis de désamorcer la spirale de haine engendrée par la mission plutôt musclée de George Bush. De plus, en annonçant à coup de trompettes le désengagement des forces américaines en Irak, un désengagement qui n’était en fait qu’un redéploiement, Washington fera croire au monde que l’ère du « méchant » Bush était définitivement enterrée. Les Etats-Unis pouvaient ainsi repartir d’un bon pied… pour continuer, en pire et autrement.

Cela signifie que ce n’est pas un président nouvellement élu qui changera un scénario écrit bien des années avant son arrivée. Il a juste diverses options politiques pour mener à bien ce scénario. Les options de l’un ou l’autre des candidats aux élections américaines actuelles seront peut-être différentes, mais elles devront toutes conduire aux mêmes résultats. La politique menée sous le mandat d’Obama arrive elle aussi à une impasse. La continuer telle quelle serait absurde et suicidaire, d’autant plus qu’elle devient de moins en moins maîtrisable. Les oligarques ont donc tout à gagner en partant sur d’autres bases dont ils tiennent encore tous les atouts.

La confrontation actuelle avec la Russie, pas seulement en Syrie mais partout ailleurs, pourrait être considéré par les oligarques comme un échec complet. L’idéal pour eux serait le scénario suivant : dès que les Etats-Unis montent le ton, jouent des muscles, brandissent les sanctions ou éventuellement envoient la foule dans la rue, l’adversaire doit courber l’échine et filer droit. Si cela ne suffit pas, une petite intervention de forces spéciales et quelques bombardements viendraient achever de régler le problème. Généralement, quand les Etats-Unis sont obligés d’en arriver à cette phase, le dirigeant du pays visé a toutes les chances de finir au bout d’une corde, avec un joli pédigrée de dictateur, rejoignant ainsi la longue liste de dictateurs made in Occident. Avec la Russie, ce scénario n’a fonctionné à aucun moment, bien au contraire, chaque étape fut un échec, pour en arriver aujourd’hui à un stade de confrontation, un stade qui n’aurait jamais dû être atteint. En cela, c’est un échec.

L’arrivée au pouvoir d’un homme de dialogue permettra de désamorcer la spirale qui si elle continue, aboutira à ce que Washington n’osera même plus se permettre de faire les gros yeux à Costa Rica. Cet Homme de dialogue, ce sera Donald Trump. Il continuera ce que Bush et Obama ont fait avant lui, mais dans un climat plus apaisé sans lequel rien de durable et de gérable ne peut être envisagé. Avec Trump, les Etats-Unis et leurs alliés pourront même participer à la « libération » de la Syrie et de l’Irak, après avoir transféré leurs mercenaires en Libye ou dans les Balkans. Ils pourront parader en libérateurs comme en 1945, et peut-être que ni Damas, ni Moscou n’y verront d’inconvénient.

Le choix de Donald Trump semble être l’option la plus raisonnable et la plus rentable à long terme pour les oligarques. Si malgré tout, ils choisissent Hilary Clinton, c’est que soit ils gardent encore l’espoir d’intimider la Russie, ce qui est difficilement crédible, soit ils ont décidé d’aller à la confrontation nucléaire, c’est-à-dire à une destruction mutuelle, et l’on en voit pas vraiment la raison.

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