12.10.2016 - Cigarette électronique : le risque d'explosion doit-il être pris au sérieux ?

Des médecins américains alertent sur une fréquence importante d'explosions de cigarettes électroniques dans le New England Journal of Medicine. Une information reprise de façon sûrement trop alarmiste.

Nouvelle alerte propre à inquiéter les usagers de la cigarette électronique, et à freiner les fumeurs qui seraient tentés par le dispositif : les risques d'explosion des cigarettes électroniques seraient plus importants qu'on ne le croit avec des conséquences graves. C'est une correspondance publiée dans le prestigieux New England Journal of Medicine par des médecins du Centre médical de l'université de Washington à Seattle qui met le feu aux poudres, si l'on peut dire. Sur une période de 5 ans au Etats-Unis, entre 2009 et 2014, seuls 25 cas d'explosion de cigarette électronique ont été officiellement rapportés. Sauf que l'équipe de médecins emmenée par le Dr Alisha Brown, qui travaille au service des urgences, décrit dans cette publication 15 cas enregistrés sur une période de moins d'un an (octobre 2015 à juin 2016) pour leur seul établissement. Des données qui font dire à l'équipe que le nombre d'accidents répertoriés au niveau national serait largement sous-évalué.

Il s'agit moins pour les auteurs de cette publication de pointer une dangerosité inhérente à la cigarette électronique que d'alerter les services d'urgences du pays d'un risque de surcroit d'accidents liés à l'explosion de batteries au lithium. En particulier sur des modèles bon marché dont la fabrication n'est que peu encadrée. Des accidents qui nécessitent une prise en charge spécifique en raison des brûlures - parfois graves - qu'elles occasionnent. Les médecins décrivent ainsi les cas auxquels ils ont eu à faire dans leur service : 80% d'entre eux ont souffert de brûlures causées par des flammes, 33% de brûlures chimiques dues à la composition des batteries et 27% de blessures dues au souffle de l'explosion. Les cas d'explosion survenant lorsque le dispositif est porté à la bouche restent très minoritaires. Les zones les plus touchées sont la cuisse ou l'aine dans 53% des cas, les mains (33%) et le visage (20%). En raison de la diversité des brûlures et blessures, les auteurs expliquent que les patients "nécessitent une prise en charge multidisciplinaire complexe impliquant les urgentistes, chirurgiens plastiques, spécialistes des plaies, conseillers professionnels et psychologues". Ils appellent ainsi la Food and Drug Administration (FDA), l'agence sanitaire américaine, à mieux encadrer la fabrication des différents composants des cigarettes électroniques, en particulier des batteries.

Faut-il vraiment s'inquiéter ?

Au début du mois de septembre 2016, le géant de la téléphonie Samsung a annoncé suspendre la vente de son dernier smartphone, le Galaxy Note 7, en raison d'un défaut de fabrication des batteries qui a conduit à l'explosion d'au moins 24 modèles sur le million d'exemplaires vendu en Corée du Sud et aux Etats-Unis. Un modèle lancé le 19 août 2016... Le rapport ? Les batteries au lithium qui peuvent s'avérer instables en cas de défaut de fabrication ou de mauvaise utilisation lors de la recharge. Réagissant aux articles alarmistes laissant entendre que la vente de cigarette électronique constituerait un risque en soi, le Dr Christopher Russel, chercheur-psychothérapeute à l'université de Glasgow (Royaume-Uni) spécialisé dans l'évaluation de la e-cigarette pour la sortie du tabagisme rappelle qu'il "n'existe pas de dispositif électrique (grille-pain, iPhone, sèche-cheveux...) qui puisse être utilisé un milliard de fois sans qu'un accident ne survienne quelque part." Il reprend ainsi le chiffre des 25 cas officiels d'accidents entre 2009 et 2014 aux Etats-Unis, pour le mettre en perspective avec les quelque 2,5 millions d'Américains usagers quotidiens de la cigarette électronique. Notons que sur ces 25 explosions, 20 ont eu lieu pendant que la batterie chargeait, et non durant leur utilisation. Elles ont provoqué des blessures chez 9 personnes et aucun décès. "Ce qui signifie que le risque qu'une e-cigarette explose alors que vous vous en servez est de 0,0000001 %. Vous avez autant de chance d'être tué par la chute d'un distributeur automatique (13 morts par an aux Etats-Unis) que de voir une cigarette électronique exploser pendant son utilisation", s'amuse-t-il. "Mais si vous abandonnez la cigarette électronique pour recommencer à fumer du tabac, le risque de mourir d'une maladie liée au tabac est de 50%. Quel risque préférez-vous ?" Autrement dit, le problème vient bien des batteries - qu'on trouve un peu partout de nos jours - et non de la cigarette électronique elle-même. On pourrait d'ailleurs rappeler qu'un grand nombre d'incendies sont déclenchés chaque année par des cigarettes classiques. Le Comité national contre le tabagisme estime ainsi que "dans le seul secteur de l’habitation, on dénombrait en France 6.264 victimes en 2005, dont 295 morts et 728 blessés graves. On estime que 30% de ces incendies mortels sont dus à des cigarettes."

Toutefois, il est vrai que la fabrication des différents composants n'est que peu encadrée aux Etats-Unis. C'est d'ailleurs le propos des auteurs de l'article du New England. La France est de ce point de vue plus avancée, puisque des normes ont été adoptées par l'Agence française de normalisation (Afnor) en avril 2015. Celles-ci prévoient notamment des dispositions pour prévenir le risque de surchauffe de la source d'énergie. Ce qui, en théorie, rend le risque encore plus faible.

Source : sciencesetavenir.fr

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