07.10.2016 - Afghanistan : c’est l’héroïne, idiot !

Nous y revoilà encore. Lors d’une nouvelle frappe de précision du Pentagone, un immeuble résidentiel du quartier Achin, dans la province de Nangarhar, a été touché au moment où la foule accueillait un chef tribal de retour du Hajj [pélerinage à la Mecque].

Au moins treize civils ont été transformés en dommages collatéraux. Le Pentagone, bien sûr, ne «discute pas les détails des opérations de contre-terrorisme», mais il est «en train d’examiner tous les documents relatifs à cette frappe».

Évidemment rien n’en sortira, ajoutant simplement ces morts civils au tribut croissant de l’éternelle opération Enduring Freedom.

Par contre, quelqu’un qui supporte très bien la liberté dans toute sa splendeur est l’ancien chef de guerre, chef du Hezb-i-Islami et boucher de Kaboul, Gulbuddin Hekmatyar.

Le Pentagone ne détient pas le monopole des bombardements de civils en Afghanistan. Hekmatyar en a également fait sa délectation au début des années 1990 – en plus de l’entretien d’une prison de torture souterraine au Pakistan voisin.

À Kaboul sous le régime taliban, à la fin des années 1990, j’ai parlé à de nombreux résidents pendant la guerre civile, qui étaient alliés au commandant tadjik, le Lion du Panshir, Ahmad Shah Massoud – assassiné deux jours avant le 9/11 – et qui ont rappelé les bombardements sans relâche des quartiers civils par les forces d’Hekmatyar.

Hekmatyar s’est caché pendant près de deux décennies – depuis 1997. Il n’est pas encore retourné à Kaboul. En 2002, dans la province de Kunar en Afghanistan, j’essayais de le pister – ainsi que Oussama ben Laden – avec mon intermédiaire Peshawar, et nous tombions continuellement sur des Marines américains qui nous demandaient des informations. Après la disparition de Oussama, Hekmatyar est rapidement devenu la cible numéro un «mort ou vif» de Bush II en Afghanistan, marqué comme «terroriste mondial» par Washington et sur la liste noire de l’ONU en 2003.

Maintenant, il est prêt à amasser le pouvoir politique, après avoir été gracié par le gouvernement du président Ashraf Ghani. Son équipage, le Hezb-i-Islami, est une force militaire épuisée depuis des années. Sur le plan politique, c’est une autre histoire. Après l’accord intervenu avec les États-Unis, les militants du Hezb vont maintenant être en mesure de concourir pour les prébendes.

Cela a été difficile à résoudre. Hekmatyar a toujours refusé de signer tout accord tant que les troupes US / OTAN  occupaient de facto l’Afghanistan. L’accord final établit que le Hezb et l’US / OTAN sont d’accord pour être en désaccord – du moment que Hekmatyar refuse de soutenir le terrorisme. Et les supporters de Ghani ont fait la paperasse nécessaire pour effacer le Hezb-i-Islami de la liste des organisations terroristes de l’ONU.

Le fait que l’incorporation du Hezb dans le fragile gouvernement de Kaboul puisse intimider les talibans reste une question ouverte.

Suivez les lignes d’exfiltration de l’héroïne de la CIA

L’Afghanistan à toutes fins utiles continue d’être occupé par des étrangers ; dans ce contexte, la logique de Hekmatyar arrive à refléter la logique des talibans – même si les successeurs du mollah Omar ne seront pas admis à la table du pouvoir à Kaboul.

 

Lire la suite sur Le Saker francophone, traduction depuis Strategic-Culture

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