04.10.2016 - Pornographie : « On regarde pour savoir ce qu’aiment les meufs »

L'Assemblée décide d'aborder enfin un problème qui terrifie parents et professeurs depuis maintenant quelques années.

« J’ai un compliment et un reproche à vous faire », commence le professeur Israël Nisand, gynécologue obstétricien et professeur des universités, à l’adresse du député Jean-Frédéric Poisson. « Le compliment : merci d’organiser cette première rencontre à l’Assemblée nationale sur le thème de la protection de l’enfance contre la pornographie. Le reproche : pourquoi si tard ? »

Le professeur résumait ainsi le soulagement palpable de la salle comme des intervenants : enfin un parlementaire qui accepte de se saisir de ce problème qui terrifie parents et professeurs depuis maintenant quelques années. Réunir autant d’acteurs si différents autour d’une table n’était pas chose facile ! Les convictions de ce député très engagé ne sont un secret pour personne, mais les intervenants ont passé outre les différences, parfois majeures, pour se concentrer sur un sujet qu’ils estiment urgent. La politique comme on l’aime…

Ce vendredi, à l’Assemblée, il y avait donc autour de la table la philosophe et sexologue Thérèse Hargot qui avait jeté un véritable pavé dans la mare en remettant en cause la libération sexuelle dans un ouvrage plébiscité à l’hiver dernier : IVG, homosexualité, contraception… aucun sujet sensible n’avait échappé à sa plume. Israël Nisand, également. Gynécologue qui avait reconnu en mars dernier avoir aidé des homosexuels à avoir des enfants en infraction avec la loi. Grégory Dorcel ensuite, DG d’une industrie de production de films pornographiques dont le chiffre d’affaires dépasse 18 millions d’euros et enfin Marc Vannesson, qui représentait Vers le Haut, un think tank dédié aux jeunes, aux familles et à l’éducation. Peu de point commun à première vue, et pourtant, le même constat : les conséquences d’un accès prématuré (voire un accès tout court pour certains intervenants) à la pornographie sont dramatiques.

Israël Nisand parle crûment. Un collège tout à fait fréquentable l’a récemment sollicité pour intervenir après des fellations collectives organisées dans les toilettes… Première question d’un élève : « Comment se fait-il que les femmes aiment sucer les sexes des animaux ? » Il poursuit : « J’ai entendu parlé de zoophilie dans 100% des collèges dans lesquels je suis intervenu ». De l’autre côté du bureau, Thérèse Hargot approuve et la salle conserve un silence gêné.

Pour la reconnaissance d’un « droit à l’enfance »

Tous s’entendent sur un point : les enfants sont incapables de prendre la moindre distance par rapport à ce qu’ils voient. Pour eux, les images sont le réel, et ces images détruisent la confiance, l’affectivité, le regard et les aspirations de ces enfants. « On regarde pour savoir ce qu’aiment les meufs », est une réponse communément entendue dans ces écoles. Les « meufs », de leur côté, acceptent de faire des choses qu’elles viennent raconter en pleurant le lendemain. Le culte de la performance, la dégradation de la femme, mais également l’enfance volée, tout est évoqué. Marc Vannesson appelle au respect du « droit à l’enfance », Jean-Frédéric Poisson reprend l’expression à son compte : « Les enfants ne sont pas des adultes miniatures », insiste-t-il. Applaudissements dans la salle.

Thérèse Hargot transcende le sujet par une réflexion beaucoup plus large : « Nous avons voulu nous affranchir de l’autorité religieuse, désacraliser la sexualité, et nous en avons fait un objet de consommation, créant ainsi un nid à l’industrie pornographique. Aujourd’hui, cette dernière est vecteur de normes de jouissance, de réussite, d’efficacité, qui sont terriblement angoissantes pour des enfants qui ne peuvent les atteindre. Alors posons-nous la question :  la société que nous voulons est-elle celle de la marchandisation de la sexualité ? » Sa réponse est évidemment non, celle de la salle aussi apparemment.

 

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