Deux fois par jour, soit vers midi et vers 17 heures, une file d'attente commence à se former dans la salle à manger de la Tablée populaire où sont alignées des boîtes de nourriture de très bonne qualité, provenant d'épiceries à grande surface, afin que viennent se servir des gens dans le besoin pour en apporter chez eux.

Cette file d'attente, qui s’allonge tous les jours, «est désormais majoritairement constituée d’immigrants d’origine multiple, dont plusieurs ne parlent ni anglais, ni français. Pour cette raison, il devient de plus en plus ardu pour nos employés de faire respecter les règles de distribution que nous avons instituées», indique Nathalie Guindon qui en a fait part au député François Choquette dans une lettre récente.
«Avant l'hiver dernier, nous n'avions pas ce genre de problème. Mais, il y a de l'exagération de la part de nouveaux arrivants qui ne comprennent pas le français ou qui font semblant de ne pas comprendre. Quand on fait signe un avec un doigt, c'est assez universel et ça ne veut pas dire de partir avec une boîte de gâteaux mais bien avec un seul gâteau. Nous sommes appelés à gérer cette situation mais nous ne sommes pas assez nombreux pour faire ça, a dit un intervenant».

Le problème s'aggrave, dénonce l'équipe de la Tablée, lorsque «surviennent certains comportements irrespectueux. Ça cause de l’insatisfaction et de la frustration parmi la clientèle et nous ne sommes pas équipés pour faire face à une rixe si cela devait se produire. Nous avons même dû procéder à l’expulsion temporaire de certains individus afin de bien leur faire comprendre que les règles devaient être suivies et qu'aucun manquement ne sera toléré».

Autre objet de frustration, l'équipe de la Tablée s'est bien aperçue que des véhicules assez luxueux vont se stationner plus loin d'où débarquent des gens qui manifestement n'ont pas besoin de cette nourriture. «Une observatrice, provenant du milieu interculturel, est venue récemment assister à la formation de la file d'attente et elle a été très précise en disant que telle et telle personne n'avait pas besoin d'aide, tout simplement parce qu'elle connaissait leurs moyens».

Évidemment, les abus d'une partie de la clientèle immigrante a fait en sorte que les habitués se sont aussi permis d'en faire autant.
La Tablée a demandé l'aide du Regroupement interculturel de Drummond (RID). «Ils sont débordés eux aussi», a fait remarquer Isabelle Lépine.

«C'est bien beau ce qu'a fait Trudeau en accueillant des réfugiés, mais c'est comme s'il nous disait à nous, qui sommes sur le terrain, arrangez-vous avec», déplore pour sa part Simon Bourgault, qui espère que des fonds soient débloqués pour embaucher des effectifs supplémentaires. «Nous, on se bat chaque jour pour contrer les préjugés. Nous faisons ici uniquement référence aux notions de justice et d’équité pour tous. D'ailleurs, si des Québécois agissaient de la même façon, la réaction serait la même», a-t-il tenu à partager.

Un peu de formation

Joint par L'Express, le député François Choquette a dit être au courant du dossier. «J'ai rencontré les gens de la Tablée et j'ai parlé avec Daryl Barnabo (RID). Il faut comprendre qu'il y a parmi ces réfugiés des gens qui ont manqué de nourriture et qui ont connu des moments très difficiles. J'aurais dans mon budget de l'argent pour une séance de formation auprès de cette clientèle immigrante pour leur faire comprendre comment ça fonctionne et qu'il important ici de respecter les règles. Ce n'est pas facile pour un organisme comme le RID qui a reçu des fonds pour six mois et qui est en attente de nouveaux fonds», a fait valoir le député néo-démocrate.

Nous avons logé un appel du côté de Daryl Barnabo mais il n'a pas retourné notre appel.

Selon ce que les gens de la Tablée se sont fait dire, c'est qu'une autre arrivée massive de réfugiés syriens est prévue en 2017.

Source : L'Express.ca