02.10.2016 - « La vérité sur le cours ECR », une nouvelle catéchèse politiquement correcte ?

Alain Tremblay, enseignant en éthique et culture religieuse (ECR) à l’école Curé-Antoine-Labelle de Laval, s’est porté cette semaine dans les colonnes du Devoir à la défense du programme qu’il enseigne en secondaire IV (élèves de 15 à 16 ans).

Il y décrit avec une fierté non feinte (« Je suis fier et honoré de donner le cours ECR ») la merveille qu’il enseigne à ces jeunes de 15 ans :

Je commence l’année scolaire avec le thème de la tolérance (nous faisons référence au dalaï-lama et à Nelson Mandela pour en témoigner).

Ces figures sont suggérées par le programme gouvernemental d’ECR. On comprend la présence du dalaï-lama car, comme le programme ECR, le dalaï-lama parle beaucoup de « dialogue interreligieux » et qu’il met de l’avant une « éthique laïque ». En effet, selon le dalaï-lama, la compassion et l’affection sont des valeurs humaines indépendantes des religions : « Nous avons besoin de ces valeurs humaines. Je les appelle valeurs éthiques laïques, ou convictions laïques. Elles sont sans relation avec une religion particulière. Même sans religion, même agnostique, nous avons la capacité pour promouvoir ces valeurs ».

Notons que le dalaï-lama en bon bouddhiste condamne l’homosexualité... (« Cela fait partie de ce que nous, les bouddhistes, appelons “une mauvaise conduite sexuelle”. Les organes sexuels ont été créés pour la reproduction entre l’élément masculin et l’élément féminin et tout ce qui en dévie n’est pas acceptable d’un point de vue bouddhiste », in Le Point du 22 mars 2001) Le dalaï-lamaï serait-il donc homophobe ? (voir ci-dessous, cela semble très important pour ce prof d’ECR)

Pour ce qui est de Mandela, il fut un simple intermède guère représentatif de l’Afrique du Sud contemporaine, ce pays violent qui pratique la discrimination à grande échelle et qui se dit la nation arc-en-ciel tout en faisant tout pour diminuer la diversité y compris dans les universités. Il serait intéressant d’entendre cet enseignant à son sujet quand on considère la kyrielle de clichés naïfs, d’erreurs et d’approximations simplistes débitées à son sujet dans les reportages de Radio-Canada ou les manuels scolaires.

Il manque Gandhi dans la liste de ces saints modernes (il est pourtant suggéré dans le programme ECR). Dans certains manuels, on fait croire que Gandhi a été décisif dans l’indépendance de l’Inde, ce qui est très discutable. Tous les manuels que nous avons lus passent sous silence la vision très racialiste des rapports humains de Gandhi et son peu de sympathie pour les Noirs en Afrique du Sud. À ce sujet, lire The South African Gandhi : Stretcher-Bearer of Empire d’Ashwin Desai et Goolam Vahed (octobre 2015, Stanford University Press). Le livre n’a pas été traduit en français.

Alain Tremblay mentionne ensuite la lutte aux péchés mortels d’aujourd’hui. On ne parle plus de nos jours d’orgueil, d’avarice, d’envie, de colère, de luxure, de gourmandise, ni de paresse, c’est trop banal, trop quotidien. On pourra donc être envieux et orgueilleux dans la vie de tous les jours du moment qu’on condamne désormais l’intolérance (faut-il tolérer les péchés ?), la haine de la différence, le racisme, le xénophobie, l’homophobie, etc.

Viens [sic] ensuite l’intolérance et ses victimes. Nous parlons donc de ces millions de gens tués parce qu’ils étaient différents, par leur origine ethnique, leur religion, leur sexe ou leur orientation sexuelle.

Des millions de gens tués à cause de leur sexe ? Des femmes ? Où ? Quand ? Les bébés de sexe féminin avortés ? Ce n’est pas du tout clair. Et les autres avortés, d’aucune importance si ce n’est pas à cause de leur sexe ?

Des millions de gens tués à cause de leur orientation sexuelle ? On n’a pas de chiffres certains sur le nombre d’homosexuels tués par les nazis par exemple. Une étude récente mentionne de 5 000 à 10 000 homosexuels enfermés dans les camps de concentration nazis à cause de leur orientation sexuelle (mais souvent ce n’était pas la seule raison), mais on ne sait combien moururent.

Ces jours-ci, nous abordons le racisme et, plus spécifiquement, le nazisme, son apogée. Antisémitisme, eugénisme, xénophobie, endoctrinement, propagande, ignorance, préjugés et folie humaine sont au menu.

Quel poème à la Prévert ! Faut-il comprendre que l’ignorance et les préjugés sont des notions équivalentes au racisme « et plus spécifiquement le nazisme » ?

 

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