01.10.2016 - La réalité de l'insolvabilité bancaire

À l'instar de la Deutsche Bank actuellement en difficulté, ils semble que toutes les banques systémiques du monde entier aient pris l'habitude de publier des bilans comptables "arrangés" faisant apparaître des ratios de solvabilité particulièrement flatteurs qui les font paraître bien plus solides qu'elles ne le sont en réalité.

Depuis quelques jours, l'actualité financière (mais pas seulement) vibre au gré des soubresauts de la Deutsche Bank dont certains semblent découvrir avec effarement l'extrême fragilité au lendemain d'une condamnation à payer une amende, certes considérable mais qui, normalement, ne devrait pas être de nature à l'ébranler sur ses bases. Plus globalement, le public est en train de découvrir ce que les experts savent en revanche depuis très longtemps, à savoir que les institutions financières les plus puissantes du monde, celles sur lesquelles repose la stabilité économique de la planète tout entière, ces banques que l'on appelle systémiques, n'ont finalement rien appris de la crise de 2008 et, pire encore, se sont encore davantage approchées du précipice.

Une banque qui a continué à s'exposer de façon inconsidérée

Cela fait quelques années qu'on entend parler de "banques systémiques", à savoir des banques dont la faillite pouvait causer d’énormes dommages au système bancaire mondial. Le G20 en a même dressé une liste. Elles sont au nombre de 28 et, parmi elles, on trouve effectivement la Deutsche Bank dont on sait désormais qu'elle a, à la fois, trompé les marchés, manipulé les cours des métaux précieux et accumulé les positions risquées au point d'arriver aujourd'hui à plus de 72 000 milliards de dollars d'exposition sur les produits dérivés. Pour rappel, les produits dérivés sont des instruments financiers censés anticiper les cours futurs mais dont la multiplication abusive et incontrôlée à donné naissance à tout une panoplie d'actifs toxiques dont les subprimes ne sont qu'un exemple parmi d'autres. Autant dire qu'avec plus l'équivalent de plus de 20 ans de PIB allemand misés sur ce genre de produits, et seulement "quelques" dizaines de milliards d'euros réellement en caisse, la Deutsche Bank est dans une situation particulièrement délicate.

D'ailleurs, les marchés ne s'y sont pas trompés et, plus douloureuse encore que l'amende de 14 milliards de dollars réclamée par les tribunaux américains, c'est bien la chute phénoménale du cours de son action (50% en 1 an et 90% depuis 2007) qui traduit le mieux la position inconfortable dans laquelle la première banque allemande (et même européenne !) se trouve aujourd'hui.

Les principales banques françaises également concernées

Mais gardons-nous bien de jeter l'opprobre sur nos voisins d'Outre-Rhin car notre position n'est guère plus enviable. En effet, parmi les 28 banques systémiques listées par le G20, on trouve également la BNP, la Société Générale, le Crédit Agricole et le groupe BPCE, soit l'essentiel du tissu bancaire français. Or, il semblerait que leur situation comptable soit, sinon identique, au moins comparable à celle de la Deutsche Bank. Car, justement, toute la subtilité du montage risqué dans lequel tous ces établissements se sont engagés tient uniquement et simplement... à la présentation de leur bilan comptable.

Et si aujourd'hui, toutes ces banques commencent sérieusement à s'inquiéter c'est parce que la réalité, cette mauvaise fille, a décidé de contredire tous les modèles mis en place pour masquer des prises de risques inconsidérées qu'on pensait pouvoir équilibrer par le jeu des marchés, lesquels ne pouvaient bien évidemment que croître sur le long terme.

Sauf que cela ne s'est pas passé comme on l'espérait. Aujourd'hui, la croissance mondiale est en berne, les banques centrales ne savent plus quoi inventer pour soutenir l'économie, au point de proposer désormais des taux d'intérêt négatifs, et le système financier dans sa globalité semble ne plus vouloir se conformer aux modèles théoriques dans lesquels on l'avait pourtant jusqu'ici contenu. Le moment de stupeur passé, il a donc bien fallu prendre des mesures, à commencer par mettre à plat tous le bilans afin de redresser ce qui pouvait l'être. Et c'est là que les (mauvaises !) surprises sont apparues.

 

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