27.09.2016 - Alzheimer : pourquoi les laboratoires ne trouvent-ils pas le remède miracle ?

Les traitements actuels contre la maladie d'Alzheimer s'attaquent uniquement aux symptômes. Les laboratoires pharmaceutiques ont connu une série d'échecs sur le développement de traitements plus efficaces, à cause notamment de leurs difficultés à diagnostiquer correctement et suffisamment tôt la maladie. Plusieurs molécules innovantes devraient voir le jour dans les années à venir.

Avec le vieillissement de la population notamment dans les pays développés, la maladie d'Alzheimer représente un important marché à conquérir pour les laboratoires pharmaceutiques. D'autant plus que cette maladie implique des coûts énormes (19 milliards d'euros par an rien qu'en France) induits par la prise en charge des malades : elle représente un enjeu majeur de santé publique. Les autorité publiques de plusieurs pays commencent d'ailleurs à s'associer aux gouvernement dans la recherche contre la maladie.

"C'est un marché typiquement prioritaire pour les laboratoires en raison notamment du potentiel représenté par l'aire thérapeutique. Les besoins non satisfaits sont gigantesques, explique Arnaud Laferté, expert EY Sciences du vivant.

Pourtant, il n'existe aucun traitement capable de ralentir ou de stopper la maladie. Actuellement, les molécules sur le marché se focalisent sur les symptômes de celle-ci et visent à ralentir l'évolution des troubles. Leur efficacité est jugée modérée.

Des "surdiagnostics"

Pourquoi un tel manque de traitements efficaces alors "qu'il y a eu énormément d'avancées dans les connaissances scientifiques sur la maladie", selon Marie Sarazin, professeur de Neurologie à l'Université Paris Descartes et responsable de l'Unité de Neurologie du centre hospitalier de Saint-Anne ?

Pour le comprendre, il faut se penser sur la principale stratégie thérapeutique des laboratoires pharmaceutiques. Elle réside dans l'immunothérapie et consiste à développer des anticorps monoclonaux qui s'attaquent aux protéines amyloïde. Celles-ci sont un des facteurs responsables de la maladie d'Alzheimer, d'après les publications scientifiques. Elles entraînent les pertes de mémoire, en s'accumulant dans le cerveau et en s'attaquant aux neurones.

Cette stratégie a jusqu'à aujourd'hui connu une série d'échecs.

"il n'y a pas eu les effets escomptés, car on n'a pas bien ciblé les patients et choisi de donner des traitements au plus grand nombre", selon Marie Sarazin.

En clair, elle explique qu'à cause de "surdiagnostics" des personnes choisies lors de certains essais cliniques avaient des problèmes de mémoire mais probablement dus à d'autres mécanismes qu'Alzheimer, ce qui a mis en échec les études cliniques. "Aujourd'hui, la certitude des diagnostics a été améliorée dans les essais thérapeutiques grâce  à une approche clinique mêlée à une approche biologique", précise-t-elle.

Diagnostiquer tôt pour mieux traiter

Autre problème pour garantir l'efficacité des cliniques, à quel stade de la maladie peut-on donner les traitements ? Celle-ci peut exister sans s'exprimer 10-15 ans avant l'apparition des symptômes, comme le rappelle l'Inserm. Or les chercheurs s'entendent sur un point: plus la maladie est diagnostiquée tôt, mieux elle sera soignée. Et le mieux serait avant l'apparition des symptômes.

"On utilise seulement aujourd'hui l'imagerie avec des techniques in vivo pour diagnostiquer le patient. Avant, le diagnostic définitif intervenait post-mortem, rappelle Arnaud Laferté.

Une stratégie de recherche défaillante ?

Enfin, pour Marie Sarazin, une autre raison peut expliquer le retard des laboratoires pharmaceutiques malgré leurs investissements conséquents, un suivisme dans les stratégies thérapeutiques :

"Pfizer s'est lancé sur la piste de de l'amyloïde, les autres laboratoires pharmaceutiques ont suivi le même chemin préférant ne pas rater le train en marche et quitte à couler."

Face aux échecs, certains laboratoires ont abandonné ou ralenti les recherches. Des voix de scientifiques et d'associations se sont élevées pour déplorer ce changement de stratégie.

 

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