20.09.2016 - Le pivot des Philippines en action: le « Punisseur » peut-il résister à la punition US?

Par Andrew Korybko, le 17 septembre 2016

Alors que les Philippines entament sous la direction du nouveau Président Rodrigo Duterte un pivot qui les éloignent des USA, ceux-ci intensifient leur campagne médiatique dépeignant fallacieusement sa politique de lutte contre la drogue dans le but de l’affubler tout aussi trompeusement de l’image d’un « dictateur ». Cela ressemble à la mise en place d’un scénario de guerre hybride ayant pour objectif le renversement du gouvernement de Duterte, et qui comme en Syrie pourrait impliquer l’emploi de terroristes « djihadistes ».

Rodrigo Duterte s’était engagé à mener une Guerre contre les Drogues et à rendre aux Philippines leur fierté si son peuple l’élisait Président, et moins de trois mois après avoir pris ses fonctions il réalise déjà des progrès impressionnants sur ces deux fronts interconnectés. Plus de 70 000 toxicomanes et dealers se sont rendus aux autorités, et autour de 3 000 d’entre eux ont été tués du fait d’avoir résisté et mis en danger la vie des officiers de police venus les arrêter.

Ce n’est donc évidemment pas pour rien que Duterte a acquis le surnom de « The Punisher » [le « Punisseur », NdT] au cours de ses deux décennies de service en tant que Maire de la ville de Davao, période pendant laquelle il transforma la ville qui était l’un des lieux les plus dangereux d’Asie et qui en est aujourd’hui l’un des plus sûrs.

Sur le registre de la politique étrangère, Duterte a résisté aux USA sous les applaudissements mondiaux, traitant Obama de « fils de chienne » et l’Ambassadeur US de « fils de pute pédé« .

En outre, son Ministre des Affaires Étrangères a puissamment rappelé aux USA que les Philippines ne sont pas le « petit frère brun » des États-Unis, dans une émouvante déclaration évocatrice de l’anti-impérialisme de la Guerre Froide.

D’eux-mêmes et en eux-mêmes, ces mots n’auraient guère d’importance pour les USA et pourraient facilement être ignorés tant que l’hégémonie de Washington était laissée intacte. Cependant, le fait est que Duterte accompagne ses paroles d’actes concrets, et oriente rapidement les Philippines hors de la mainmise unipolaire des USA vers les bras ouverts et accueillants du monde multipolaire.

En l’espace d’une seule semaine le gouvernement de Duterte a courageusement annoncé sa volonté que les USA retirent leurs Forces Spéciales de l’île méridionale de Mindanao, que les Philippines n’allaient plus conduire de patrouilles conjointes avec les USA dans la Mer de Chine Méridionale, et que Manille tourne désormais les yeux vers Beijing et vers Moscou pour l’acquisition future de ses équipements militaires.

Pendant tout ce temps-là, les Philippines ont « officiellement » rassuré les USA qu’ils n’étaient pas en train de « rompre leurs liens » et que les autorités allaient respecter l’accord de l’EDCA [Enhanced Defense Cooperation Agreement, Accord de Coopération de Défense Renforcée, NdT], qui avait été signé par le prédécesseur de Duterte.

Ce que désire vraiment le pays est un « changement de paradigme » dans ses relations avec Washington. En fait les Philippines s’éloignent des USA à un rythme encore plus rapide que je l’avais anticipé dans un article antérieur pour The Duran en mai dernier, et le soi-disant « Pivot vers l’Asie » des USA s’en trouve gravement menacé.

Pour leur part, les USA ont avancé dans leurs plans de Guerre Hybride contre les Philippines, initiant une sale guerre de l’information qui cherche à dépeindre Duterte comme un dictateur à cause de la manière dont son pays résiste aux narco-terroristes.

J’ai parlé de tout cela dans une récente édition de mon émission de radio Context Countdown qui a été retranscrite en véritable article par GPolit.

Seulement l’autre jour un prétendu « informateur » a même allégué que le Président avait ordonné et pris part en personne à des assassinats pendant l’époque où il était Maire. Cet individu a depuis été dévoilé comme fraude mais l’intention est évidente – les USA cherchent par tous les moyens à salir Duterte, en tant que « dictateur renégat du Tiers-Monde », comme première étape de conditionnement du public à l’idée de son éviction soutenue par les USA, par n’importe quel moyen.

 

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