19.09.2016 - Les syndicats et les salaires des non-syndiqués

On reproche souvent aux syndicats de ne chercher qu’à améliorer les conditions de travail de leurs membres sans se préoccuper de celles des non-syndiqués, pourtant bien moins avantageuses. Une récente étude (parue le 30 août dernier) porte justement sur cette question.

Intitulée Union decline lowers wages of nonunion workers – The overlooked reason why wages are stuck and inequality is growing (Le déclin de la syndicalisation a fait baisser les salaires des travailleurs non-syndiqués – Le facteur qu’on néglige trop souvent pour expliquer que les salaires stagnent et que l’inégalité ne cesse de croître), cette étude de Jake Rosenfeld, Patrick Denice et Jennifer Laird a été publiée par The Economic Policy Institute (EPI).

Contexte

Comme on peut le voir sur l’image qui accompagne ce billet (image tirée de cet autre document), alors que les salaires des travailleurs des États-Unis ont progressé au même rythme que la productivité de 1950 au milieu des années 1970, ce ne fut pas du tout le cas par la suite, la productivité continuant à croître à un bon rythme alors que les salaires augmentaient très peu. Les facteurs les plus souvent mentionnés pour expliquer ce décrochage sont la mondialisation, les changements technologiques et le ralentissement de la croissance du niveau de scolarité. L’effet du déclin du syndicalisme est parfois cité, mais a fait l’objet de bien moins d’attention que les autres facteurs. Le graphique qui suit montre l’évolution des salaires réels (en tenant compte de l’inflation) des hommes et des femmes non-syndiqué.e.s travaillant à temps plein dans le secteur privé.

La partie gauche du graphique montre que le salaire des hommes dans cette situation a diminué assez fortement au cours des années 1980, a augmenté au cours de la deuxième moitié des années 1990 et a de nouveau baissé par la suite, mais moins abruptement. Au bout du compte, ce salaire était environ 4 % moins élevé en 2013 qu’en 1979. Le graphique montre aussi que cette baisse fut encore plus importante chez ceux qui n’étaient pas titulaires de diplômes des collèges (cours de quatre ans) et des universités (baisse de 11%), et encore plus chez ceux qui possédaient au plus un diplôme d’études secondaires (DES). Chez les femmes, la situation fut meilleure, mais elles partaient de bien plus loin. Ce salaire a augmenté en moyenne de 27 % (mais pas du tout depuis le milieu des années 2000). Cette hausse fut bien moins élevée chez les femmes qui n’étaient pas titulaires de diplômes des collèges et des universités (hausse de 10 % et en fait en baisse depuis le début du siècle) et a même diminué chez celles qui possédaient au plus un DES (baisse de 2 %, mais d’environ 10 % depuis 2000).

Or, la période illustrée dans ce graphique correspond à une très forte érosion du niveau de syndicalisation dans le secteur privé aux États-Unis, comme on peut le voir dans le tableau ci-contre. Ce tableau montre que le taux de syndicalisation a diminué d’entre 60 et 70 % entre 1979 et 2013 selon les groupes présentés, passant par exemple de 34 % à 10 % chez l’ensemble des hommes et de 16 % à 6 % chez les femmes. On notera aussi qu’entre 70 et 80 % de cette baisse s’est réalisée entre 1979 et 1993, et moins de 10 % entre 2003 et 2013 (cette observation servira plus loin). On peut aussi voir que les hommes et les femmes ayant le moins de scolarité ont toujours eu un taux de syndicalisation un peu plus élevé que la moyenne.

 

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