12.09.2016 - Le grand malaise : une analyse du débat organisé par le CNJPQ

Le Comité national de la jeunesse du Parti Québécois (CNJPQ) a organisé le premier débat opposant les quatre candidats à la direction du Parti Québécois à l’Université de Montréal. Pour la petite histoire, rappelons que le CNJPQ, à l’époque dirigé par Léo Bureau-Blouin, avait réprimandé quelques jeunes péquistes voulant établir des liens avec le Front National en réponse à la hausse des frais scolaires pour les étudiants français au Québec.

Avant toute chose, notons la vacuité des thèmes choisis.

Le CNJPQ a décidé de centrer le débat sur le thème de la jeunesse, en présentant cette dernière comme un groupe communautaire auquel devrait s’intéresser spécifiquement les candidats. Nul problème évidemment à ce que les candidats parlent de leurs propositions pour les jeunes, mais l’approche clientéliste dans les questions posées était tellement évidente que cela en devenant gênant. Comme si les « jeunes » n’étaient centrés que sur des questions spécifiquement liées à leur condition de jeunes.

Notons également l’absence de question sur l’immigration, la laïcité et le débat identitaire, alors qu’il s’agit du clivage le plus important régnant à l’intérieur même du parti. Éviter cette question participe de la volonté de faire taire les dissensions à l’intérieur même des souverainistes et de camoufler le conflit sur ces enjeux épineux.

D’ailleurs, le consensus sur presque tous les sujets sociaux rendait la majeure partie du débat inutile. Tous promettent évidemment de réinvestir dans la santé, l’éducation, les CPE, etc. Ces questions consensuelles sans grandes importances pour les membres ne devraient pas accaparer l’essentiel d’un débat entre souverainistes.

Comble de la bêtise, les deux petites questions relatives à l’indépendance furent posées à la fin du débat, laissant donc croire qu’il s’agissait là d’un thème mineur. Choix idiot, car la principale opposition entre les candidats repose sur cet enjeu précis. Reléguer au dernier rang la question de la souveraineté n’est d’ailleurs pas simplement stupide. Ce phénomène démontre en fait à quel point le CNJPQ a intériorisé la critique fédéraliste du PQ en marginalisant lui-même la souveraineté au sein du débat, comme s’il s’agissait d’un enjeu honteux devant être relégué en fin de débat.

De plus, la fin de l’exercice fut carnavalesque. Tandis que l’animateur se fourvoyait dans la mise en place du mot final, le débat vira presque à l’empoignade de foire. Cette fin de débat relevant du capharnaüm, où les candidats se coupèrent mutuellement la parole sans l’intervention d’un modérateur, révèle enfin tout le malaise qui règne chez les souverainistes dans la présente course à la direction du Parti Québécois.

Entre la surenchère progressiste des uns, la démission souverainiste, le revirement pseudo-identitaire d’un autre et le volontariat aveugle de la dernière, les membres en règle du Parti Québécois font face à une des pires crises qu’a connues le parti depuis de nombreuses années. Incapable de parler concrètement du problème de fond que constitue la division du vote francophone et le tribalisme électoral des anglo-allophones, le Parti Québécois joue le jeu du politiquement correct en s’empêchant d’aborder de front la question centrale pour l’avenir du Québec, la question démographique.

Comme le remarquait Mario Dumont dès la victoire de Philippe Couillard en 2014, le PQ perd un comté par année en vertu de l’immigration de masse et du vieillissement de la population. L’urgence devrait ainsi être le maître mot du Parti Québécois, alors qu’il n’en est rien. Même Martine Ouellet qui affiche de manière décomplexée la volonté de faire du Québec un pays le plus rapidement possible semble ne pas comprendre l’enjeu démographique. Elle refuse de parler des enjeux identitaires relatifs à la laïcité.

Jean-François Lisée est le seul candidat à avoir repris le cheval de bataille identitaire laissé en plan par le départ de Bernard Drainville. Seulement voilà, M. Lisée manque totalement de crédibilité sur la question, lui qui promettait de démissionner si la Charte des valeurs n’incluait pas une clause « grand-père » évitant aux employés de l’État portant des signes religieux ostentatoires de les enlever.

 

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