07.09.2016 - Si si, la COP21 est un échec. Et c’est tant mieux.

Il y a un an de cela, la COP21 déboulait en région parisienne avec son lot de conférences inutiles, de chefs d’États encombrants et de déclarations aux voix tremblantes d’émotions devant la réussite que je pressentais déjà « inévitable » : même devant le four, tout le monde, médias en premier, se congratulait chaleureusement. Et comme prévu, huit mois plus tard, le constat d’échec est soigneusement évité.

Soigneusement, car tout se déroule décidément comme si tout était écrit depuis longtemps, comme si l’agenda de nos politiciens n’était qu’un papier à musique poussé dans un orgue de barbarie couinarde et qu’il n’y avait finalement, à l’exception de quelques grincements occasionnels, rien d’imprévu. On savait dès septembre 2015 que cette conférence serait un gouffre financier. On savait aussi qu’elle transformerait Paris en immense bouchon routier. On se doutait bien que l’accord ne pourrait être atteint qu’a minima, et on savait que l’enthousiasme des uns et des autres à tenir leurs engagements serait d’autant plus feint que ces engagements seraient ridicules.

La COP21 aboutit donc à des accords parfaitement grotesques, des engagements aussi ridicules que possible et l’enthousiasme des pays participants fut donc aussi fin et évanescent que possible. Huit mois après et jusqu’à la semaine dernière, le bilan était sans appel : moins de deux pourcents des signataires avait ratifié l’accord qui, je le rappelle, n’est de toute façon pas contraignant et vaut donc autant qu’un pet de licorne sous Tranxène.

Au passage, on pourra en profiter pour se moquer de la naïveté feinte de Laurent Fabius qui se lamentait avec forces larmes de crocodile de cette si faible représentation des principaux pollueurs dans les pays ayant ratifié le papelard onusien. Dans une tribune pondue sur Le Monde, le vieux coucou mitterrandien a même fait mine de pleurnicher sur le fait que, par exemple, sur les cinq plus gros contributeurs au CO2 atmosphérique (la Chine, les États-Unis, l’Union européenne, l’Inde et la Russie), aucun n’avait encore ratifié l’accord. Snif snif, c’est vraiment trop triste.

On comprend sa tristesse : pour que l’accord rentre en application comme prévu à compter de 2020, il faut qu’au moins 55 pays représentant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre le ratifient. Jusqu’à fin août, les pays signataires représentaient à peine 2% des émissions mondiales. C’était la Bérézina assurée. Snif snif, ça sentait la catastrophe.

Mais voilà : ce 3 septembre, tout le monde peut enfin reprendre son souffle dans un grand soupir de soulagement, puisque, comme l’écrivent avec emphase tous les folliculaires français, « la Chine et les États-Unis ratifient l’accord de Paris sur le climat ». Youpi ! Avec ces deux pays, 44% des émissions de gaz à effet de serre sont représentés et le seuil des 55% n’apparaît plus si improbable !

L’heure est donc à la fête, à la célébration, à la fanfaronnade puisque, c’est dit, la COP21 n’est plus un échec !

Sauf que… Comme souvent, le diable est dans les détails. Et vu la taille des deux derniers pays concernés par ces nouvelles colportées haut et fort par une presse tendrement acquise aux thèses alarmistes, les « détails » sont assez gros.

Le premier détail, c’est que la Chine n’est en rien un pays démocratique et que cette ratification n’est qu’une manœuvre politique des Chinois afin de donner un gage de leur bonne volonté à l’approche du prochain G20 et alors que des tensions s’accumulent en mer de Chine. Il est d’ailleurs piquant de constater que ces mêmes autorités chinoises sont régulièrement fustigées par ces mêmes médias pour ne pas respecter les normes (pollution ou autre) dès lors que leurs intérêts ne les y encouragent pas. Cette ratification n’est, en réalité, qu’un jeton de présence diplomatique et n’assure en rien le moindre effort de l’Empire du Milieu à juguler sa pollution et surtout pas avec l’ampleur décidée dans l’accord de Paris (toujours pas contraignant, je le rappelle). Bref : les autorités chinoises ont signé un papier auquel elles n’accordent probablement aucune importance économique ni écologique. Rentrez le champagne.

Le second détail, que les journalistes s’empressent de camoufler par différents artifices, c’est que les États-Unis n’ont absolument pas ratifié l’accord. C’était même un point totalement bloquant lors des négociations pendant la COP21, cette ratification ne pouvant avoir lieu qu’au travers du Congrès qui dira non quoi qu’il arrive. En l’occurrence, Obama, sachant ne pas pouvoir passer devant le Congrès sans se prendre une claque, s’est simplement contenté de signer un décret présidentiel indiquant qu’il « suivait » l’accord de Paris, sans plus. Là encore, il s’agit d’un pur geste diplomatique, sans aucune volonté politique, économique ou écologique derrière. Oubliez les petits fours.

 

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