01.09.2016 - De l'absurdité de la politique immigratoire : seul médecin dans son domaine et privé de pratique

L’unique spécialiste des maladies génétiques de la rétine au Québec est suspendu pour avoir échoué à un examen de français

Le Québec est privé de son seul spécialiste des maladies génétiques de la rétine parce qu’il a échoué à une partie de l’examen obligatoire de l’Office québécois de la langue française (OQLF), a appris Le Devoir. Depuis le 1er juillet dernier, Amer Omar est suspendu de sa pratique, le Collège des médecins lui ayant signifié qu’il avait épuisé ses trois années de permis temporaire, octroyé pour qu’il puisse réussir le test de français.

« Je veux pratiquer ici. J’aime ce pays, je suis attaché à Montréal. Ma femme est une Québécoise francophone… Mais je ne suis pas assez bon, selon l’OQLF », a dit en entrevue au Devoir le médecin spécialiste à l’Institut de la rétine de Montréal. « Tous les jours, je côtoie des médecins qui sont incapables d’interagir en français et qui même ont besoin de traducteurs quand ils s’adressent au Collège des médecins. Et il y a des gars comme moi, qu’on suspend de pratique simplement parce qu’ils ne réussissent pas une partie de l’examen », a dit Amer Omar, à qui il ne manque plus que la portion « expression écrite » du test à réussir.

L’homme de 37 ans, qui est citoyen canadien depuis au moins 15 ans, répond aux questions en anglais, la langue dans laquelle, en plus de l’arabe, il s’exprime le plus rapidement et le plus clairement. Mais, vérification faite en entrevue, il converse aisément en français. Il dit n’avoir aucun problème à discuter dans la langue de Molière avec ses patients francophones. Il s’inquiète d’ailleurs pour eux. « Mes patients sont orphelins depuis deux mois ! » Un collègue doit prendre en charge son lot de patients.

D’origine égyptienne mais né au Koweït, Amer Omar est arrivé au Québec à l’âge de 18 ans, après quelques années d’études de médecine en Égypte. Il a recommencé ses études à zéro à l’Université McGill mais c’est à l’Université de Queen’s, en Ontario, qu’il a fait sa médecine. En 2004, il obtient son diplôme et revient s’installer au Québec pour faire sa résidence en médecine familiale, à l’Hôpital général de Montréal, et travaille dans la réserve de Kahnawake.

M. Omar est ensuite l’un des rares médecins déjà formés à qui on a donné le privilège de faire une spécialité. Il fait donc des études en ophtalmologie de 2007 à 2011, avec un fellowship à Londres, dans le meilleur hôpital au monde pour les maladies de la rétine. Malgré qu’il y gagne bien sa vie comme consultant et chercheur, il décide de revenir à Montréal, son port d’attache, en janvier 2014.

36 % à l’examen

Mais ayant déjà « gaspillé » jadis une année de permis temporaire, il ne lui reste plus que deux ans pour réussir le test de français de l’OQLF. Sur les quatre sections de l’examen de français (compréhension de l’oral et de l’écrit et expression orale et écrite), il ne lui manque d’ailleurs plus qu’à réussir la portion « expression écrite », qu’il échoue systématiquement. Peu de temps après avoir été suspendu de pratique le 1er juillet dernier, il a reçu le résultat de sa 12e et dernière tentative : 36 %.

L’OQLF interdit à l’étudiant de voir sa copie, un manque de transparence qui n’a pas lieu d’être, selon M. Omar. Il a toutefois pu parler au correcteur de son examen qui a relevé des erreurs de syntaxes, un argumentaire un peu en surface et un texte de 190 mots au lieu des 200 minimum. « J’ai échoué parce qu’il m’a manqué 10 mots ! » a-t-il dit, dépité.

Sandra Matos, l’une des enseignantes de Le Français en partage, une entreprise qui enseigne le français à des professionnels régis par des ordres pour qu’ils puissent réussir l’examen de l’OQLF, s’est dite étonnée du résultat de son élève. « Il captait très vite et avait un esprit scientifique. Il avait bien compris les connecteurs et maîtrisait le passé composé », commente-t-elle.


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Commentaires   

 
0 #1 Charles Danten 02-09-2016 09:07
La loi s'applique à tout le monde, aux médecins comme aux ouvriers.
Que cet homme qui semble intelligent soit incapable de passer un simple test de français dénote un manque d'intérêt ou de sérieux.
En plus sa femme est francophone !
Ça n'a aucun sens cette histoire. Il n'a aucune excuse.
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