24.08.2016 - Richard Henry Bain reconnu coupable de meurtre non prémédité

À 17h tapant, le juge Cournoyer est entré dans la salle d'audience 4.11 du palais de justice de Montréal. «Le jury est prêt», a dit le magistrat. Une phrase qui était attendue depuis 11 jours. Les jurés en étaient finalement venus à un consensus: Richard Henry Bain est responsable de la mort de Denis Blanchette, qu'il a abattu le soir du 4 septembre 2012.

Tout indiquait que les délibérations allaient se prolonger pour une 12e journée jusqu'à ce qu'en fin d'après-midi, mardi, les membres du jury demandent une deuxième pause; une requête inaccoutumée. Puis, l'avocat de Bain - qui s'était rapproché des journalistes réunis devant la porte de la salle d'audience - a reçu un coup de téléphone lui signifiant qu'une enveloppe serait déposée par le jury et que son client serait conduit dans la salle. Après 11 jours de délibérations, ça y était.

Une annonce confuse

Les sept femmes et cinq hommes composant le jury sont entrés dans la salle par la porte arrière. Les mines étaient basses, les regards, fatigués. Depuis une semaine et demie, ils étaient coupés du reste du monde et avaient la lourde tâche de déterminer dans quel état mental se trouvait Richard Henry Bain lorsqu'il a ouvert le feu au Métropolis, où des membres du Parti québécois célébraient la victoire de leur chef Pauline Marois.

Lorsque la greffière a demandé au président du jury de prononcer le verdict pour les quatre accusations, il a répondu «non coupable» pour le meurtre de Denis Blanchette, puis «coupable» pour les trois accusations de tentative de meurtre, semant la confusion dans la cour, et probablement dans la tête de l'accusé.

«Quand j'ai entendu "non coupable", j'ai eu l'espoir qu'il serait déclaré non criminellement responsable. J'y ai cru jusqu'à la fin.» - Me Alan Guttman, avocat de la défense

Or, le président du jury était confus et voulait plutôt dire que Bain était non coupable de meurtre prémédité, mais que le jury le jugeait coupable du meurtre non prémédité de Denis Blanchette. La greffière a ensuite demandé tour à tour aux 11 autres jurés leur verdict. Certains avaient la gorge nouée, d'autres, la voix faible. Mais tous ont répondu «coupable».

Durant le procès, la défense plaidait la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux, alors que la Couronne plaidait le meurtre prémédité. Les jurés ont finalement reconnu l'accusé coupable de meurtre non prémédité.

«Denis pourra reposer en paix»

Le soir où Richard Henry Bain a tiré avec son CZ858 sur Denis Blanchette et Dave Courage, Gael Ghiringhelli a perdu «un frère». Voilà presque quatre ans qu'il attendait que justice soit faite. Tous les jours du procès, il s'est assis dans la salle 4.11, en attendant de connaître le sort qui serait réservé à celui qui ce soir-là «se croyait investi d'une mission de Dieu».

«Je m'attendais au mot "préméditation". C'était le cas, je pense», a calmement témoigné le technicien. «Le jury a fait acte de sagesse. [...] Je crois que Bain lui-même ne sait pas de quoi il retourne dans son cerveau. Mais on a redoré l'image de la justice au Canada. Denis pourra reposer en paix.»

Présente le soir du drame, Audrey Dulong Bérubé se rappelle avoir vu Dave Courage s'effondrer aux pieds de M. Ghiringhelli et d'une autre technicienne. Ensemble, ils l'ont tiré vers le monte-charge pour le mettre à l'abri. «J'ai traversé beaucoup d'épreuves suite à cet évènement traumatisant, a confié Mme Dulong, mardi soir. Ma seule déception est que le verdict soit de meurtre non prémédité et non de meurtre prémédité. J'ai une pensée pour Denis, sa fille et sa famille ainsi que pour Dave et mes collègues qui ont subi ce drame avec moi.»

Ni Pauline Marois ni le chef par intérim du Parti québécois n'ont voulu commenter le verdict.

 

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