23.08.2016 - Obama se fait claquer la porte au nez par l’establishment lorsqu’il tente de se rapprocher de Moscou

Les bonzes de la politique étrangère à Washington sabordent les initiatives de collaboration avec la Russie du président Obama pour mettre fin à la guerre en Syrie et réduire les autres sources de tension. Selon l’ancien diplomate britannique Alastair Crooke, ils souhaitent la poursuite de la nouvelle guerre froide sous Hillary Clinton.

« Comme nous ne le savons tous que trop bien, Hillary Clinton a été officiellement consacrée cette semaine candidate du parti démocrate à la présidence aux prochaines élections. Le parti l’a choisie comme candidate bien avant que la course à l’investiture ne commence. Il a utilisé tous les moyens à sa disposition, au vu et au su de tous et derrière des portes closes, pour que rien − surtout pas la volonté populaire − n’empêche sa nomination. »

C’est en ces termes qu’un commentateur américain a décrit la détermination de l’establishment aux USA à préserver coûte que coûte le statu quo politique. Qu’est‑ce que cela a à voir avec le Moyen-Orient ? Bien, dans la même veine et là encore en évitant tout débat public, deux poids lourds de l’establishment viennent de torpiller les pas de côté, à la manière du crabe, du président Obama (et de Kerry) dans le but d’apaiser la nouvelle guerre froide, en tentant apparemment de trouver une certaine forme de coopération avec la Russie en Syrie.

Le président Barack Obama discute avec le président russe Vladimir Poutine en marge du sommet du G20 au Carya Resort à Antalya, en Turquie, le dimanche 15 novembre 2015. À gauche, la conseillère à la sécurité nationale Susan E. Rice. (Photo officielle de la Maison-Blanche prise par Pete Souza)

L’establishment craint qu’une coopération avec la Russie en Syrie ne devienne une sorte de ballon d’essai menant à une coopération subséquente pour apaiser les tensions ailleurs, comme en Ukraine et dans les républiques baltes.

Lors du sommet sur la sécurité tenu à Aspen vendredi dernier, le directeur de la CIA John Brennan a déclaré ceci : « Nous devons avoir le sentiment qu’Assad est sur le chemin de la sortie. Il peut y avoir une transition, mais il doit être hors de tout doute qu’il ne fait plus partie de l’avenir de la Syrie. D’ici à ce que cela arrive, à ce que cela commence, d’ici à ce que l’on reconnaisse cette transition, des Syriens vont continuer à mourir. »

Lundi dernier, le secrétaire à la Défense Ash Carter, invité à se prononcer sur les longues discussions qu’ont tenues Kerry et le président Poutine à Moscou − qui auraient provisoirement convenu d’établir une salle de contrôle opérationnel conjoint en Jordanie réunissant des officiers russes et étasuniens dans le but de combattre Daesh − a tenu les propos suivants :

« Nous souhaitions que les pourparlers de Kerry à Moscou favorisent une solution politique et une transition pour mettre un terme à la guerre civile, qui est la cause de toute cette violence en Syrie, puis la lutte contre les extrémistes plutôt que contre l’opposition modérée, qui doit faire partie de cette transition. Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres. » Carter a parlé ainsi lors d’un point de presse du Pentagone en compagnie du général Joseph Dunford, le chef d’état-major des armées.

Lorsqu’un reporter a dit à Carter qu’il semblait peu enthousiaste à l’égard des efforts de Kerry, il a répondu :

« Non, je suis très enthousiaste à l’idée de voir les Russes se ranger et d’agir comme il se doit. Et je pense que ce serait une bonne chose s’ils le faisaient. Je crois que ce n’est pas demain que les Russes auront cet état d’esprit. Mais le secrétaire Kerry travaille là-dessus. »

Dire non à Kerry et à Obama

Cette dernière réponse a amené John Batchelor de l’hebdo The Nation à conclure ceci :

« Kerry ne comprend-il pas cette fin de non-recevoir? Il s’est fait tout bonnement claquer la porte au nez. »

Cela ne fait aucun doute. Mais cette rebuffade intentionnelle vise Obama aussi. Les pourparlers de Kerry (et d’Obama) avec Sergei Lavrov reposent entièrement sur le fait qu’ils se sont entendus pour laisser de côté la question de l’avenir d’Assad, afin de mieux se concentrer sur la lutte contre les forces du front al-Nosra (maintenant rebaptisé) et de Daesh.

C’est la teneur des discussions depuis le début de l’année. Il n’y a donc là rien de neuf pour amener soudainement Brennan et Carter à monter sur leurs grands chevaux. En plaçant comme condition préalable à la coopération que les Russes « se rangent et agissent comme il se doit », autrement dit que les USA dictent les règles du jeu (y compris l’éviction du président Assad), ils torpillent évidemment toute entente avec Moscou que Kerry pourrait chercher à obtenir.

 

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