20.08.2016 - Le Québec tout détricoté

De « Je me souviens », à « Je ne me souviens plus de rien », à « Il faut absolument que je m’en souvienne »

Certains éditoriaux sont plus difficiles à écrire que d’autres, non pas tant parce qu’ils exigent beaucoup de recherche, mais parce qu’ils requièrent un long approfondissement. J’ai commencé ma réflexion sur celui dont vous entreprenez la lecture il y a près de dix mois lorsqu’on m’a demandé si j’étais disposé à écrire la préface d’un ouvrage sur l’histoire du Québec au titre provocateur, Le Canada français, de Jacques Cartier au génocide tranquille, qui vient de paraître en France, aux Éditions Dualpha.

En fait, pour être plus juste, cela faisait déjà quelque temps que je m’interrogeais sur les rapports des Québécois avec leur histoire, et j’avais déjà abordé la question au moment du débat sur la laïcité qui avait tant soulevé les passions dans quelques articles intitulés Y’a toujours ben un « boutte » à prendre les Québécois pour des caves !, Un « front d’beû » et la mémoire courte , et Un « cheval » sur la soupe.

Si les recherches que j’avais faites pour ces articles m’avaient permis de me rendre compte à quel point le Québec était rendu loin dans sa soumission aux diktats du Nouvel Ordre Mondial, je n’étais pas encore pleinement conscient des conséquences de son action sur l’avenir du Québec, et sur ce qui deviendrait nécessaire pour redresser la barre et reprendre le contrôle de notre destin.

En acceptant de partager une tribune à Montréal quelques mois plus tard avec Pierre Hillard, un universitaire français, essayiste et docteur en sciences politiques, spécialisé dans l’étude du mondialisme, je ne me doutais pas que j’allais être ébranlé aussi profondément dans ma compréhension des enjeux pour le Québec et les Québécois.

Même si j’ai la chance d’avoir reçu une formation en humanités classiques qui me permet de ne pas me sentir étranger à certains débats sur l’histoire et la philosophie, j’ai fait toute ma carrière dans les affaires, un monde dont l’essentiel de la doctrine et des préoccupations se résume à la rentabilité et aux moyens d’y parvenir. J’avais donc passé plusieurs années sans trop me préoccuper du sens dans lequel notre société évoluait, et je n’étais pas pleinement conscient de la gravité de la situation, ni surtout que les enjeux avaient acquis pour la société québécoise une dimension existentielle.

C’est donc avec une grande surprise que j’entendis Pierre Hillard, dans une conversation qui avait précédé notre débat public, me dire que le Québec et les Québécois étaient perdus s’ils ne parvenaient pas à renouer avec leur passé religieux et l’Église catholique. Mon premier réflexe intérieur fut de me dire qu’il déraillait, qu’il n’était qu’un autre de ces universitaires français qui débarquent et qui croient tout nous apprendre sur nous-mêmes. Mais le débat sur la laïcité que nous venions tout juste de tenir au Québec, de même que mes constats et découvertes à cette occasion, m’incitaient à la retenue, et surtout à ne pas écarter ses propos du revers de la main.

Malachi Martin

D’autant plus que, dans la foulée de l’avènement du nouveau pape François, un jésuite argentin, je venais d’entreprendre la lecture d’un roman-à-clé sur la politique étrangère du Vatican, écrit par un autre jésuite, irlandais celui-là, Malachi Martin, intitulé Windswept House, un titre qui, en français, pourrait être La maison balayée par le vent s’il avait été traduit.

J’avais découvert cet auteur par hasard il y a plusieurs années en bouquinant entre deux avions dans les librairies d’aéroport américains, à un moment où mes activités professionnelles m’amenaient très fréquemment aux États-Unis. J’avais lu deux ou trois de ses ouvrages dont l’un justement sur les Jésuites. Je le trouvais formidablement bien renseigné et j’étais fasciné par sa capacité à rendre vivants et captivants des sujets arides, voire même franchement rebutants.

 

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