10.08.2016 - La désobéissance de la Turquie à l’égard de Washington

La tentative de putsch échouée en Turquie du 15 juillet 2016 peut avoir été un signal à Erdogan, puisqu’il aurait désobéi aux autorités des États-Unis. C’est ce qu’estime l’Allemand Christoph Hörstel spécialiste en politique extérieure dans une interview de la station de radio ParsToday – autrefois « Iran German Radio » (www.kla.tv / 8657).

Citation de Hörstel : « C’est la politique de Washington : ici on ne discute pas, ici on ne s’embarrasse pas non plus d’amitié, ici il ne s’agit pas de partenariat, ici il s’agit clairement d’obéissance… »

Dans la guerre de Syrie, la Turquie a coopéré jusqu’ici avec les États-Unis qui dirigeaient leurs attaques aériennes contre des positions de l’État islamique EI depuis la base aérienne militaire de l’OTAN à Incirlik en Turquie. A ce propos il est à mentionner que depuis le début de la tentative de putsch et jusqu’à aujourd’hui, la Turquie a coupé le courant électrique à la base d’Incirlik. On ignore les raisons pour cela jusqu’à présent.

Ce qui est connu, donc, et qui indique une désobéissance de la Turquie à l’égard de Washington, est le fait que le ministre des affaires étrangères turc Mevlüt Cavusoglu et son homologue russe Sergueï Lavrov se sont rencontrés début juillet à Sotschi en Russie. C’est ce qu’a annoncé le 14 juillet le journal « Deutschen Wirtschafts Nachrichten » (DWN). Il y a eu un accord bilatéral sur une position commune concernant le front al-Nosra qui fait partie des plus puissantes associations de mercenaires armés dans le conflit de Syrie. Cavusoglu a dit après la rencontre que le front al-Nosra est sans doute une organisation terroriste et doit être traité comme tel.

Citation de DWN : « Lavrov a déclaré : « Avec Cavusoglu nous avons dit que les oppositions armées soutenues par les États-Unis qui se trouvent dans les régions du front al Nosra sont à considérer également comme terroristes. Cavusoglu partage cet avis. » C’est en ces termes que Lavrov était cité par le journal turc Milliyet.

Auparavant la Turquie avait exigé que les oppositions armées qui se trouvent dans les régions du front al-Nosra ne soient pas considérées comme terroristes. » Il est à noter que depuis la réussite diplomatique entre Ankara et Moscou, le front al-Nosra, l’armée libre syrienne (FSA) et d’autres troupes de mercenaires soutenus par les États-Unis et qui sont actifs dans la région d’Alep, ont subi des revers massifs. Le fait que depuis ce temps-là les mercenaires ne reçoivent plus aucun soutien de la Turquie dans la lutte en Syrie, pourrait avoir des conséquences décisives. Selon le DWN, l’itinéraire d’approvisionnement le plus important des mercenaires internationaux qui va du nord d’Alep jusqu’en Turquie aurait été coupé par les Russes et les Syriens. Il n’y a eu aucune protestation ou reproche de la part de la Turquie.

Le journal d’opposition turc Cumhuriyet estimait que le rapprochement entre Cavusoglu et Lavrov est un pas très positif et parle même du fait que la Turquie aurait inversé sa politique vis-à-vis de la Syrie à près de « 180 degrés » en un seul jour. Cumhuriyet parlait auparavant de présumées livraisons d’armes illégales au moyen de camions des services secrets turcs MIT, armes destinées aux troupes de mercenaires terroristes en Syrie.

De plus il y a une autre information qui indique une désobéissance de la Turquie à l’égard de la politique américaine : selon le portail d’informations britannique « The Middle-East Eye », le premier ministre turc Binali Yildirim a dit le 18 juillet que le « plus grand objectif » de la Turquie est la restauration des bonnes relations avec la Syrie. Yildirim a dit : « C’est notre objectif le plus grand et le plus immuable : le développement de bonnes relations avec la Syrie, avec l’Irak et tous nos voisins autour de la Méditerranée et de la mer Noire ». Cette annonce contredit avec véhémence la politique américaine du chaos et du « diviser pour mieux régner » au Proche-Orient et n’a certainement pas trouvé une oreille favorable à Washington. Quels que soient les instigateurs de la tentative de putsch échouée, une chose pourrait être décisive pour la suite des événements : l’attitude de Erdogan à l’égard des États-Unis ! Continuera-t-il à coopérer avec Washington?

Un rappel en mémoire : dans le passé quand certains chefs d’État ont laissé tomber la « coopération » avec les États-Unis et ont agi contre les intérêts américains, cela a signifié leur arrêt de mort. Deux exemples les plus connus en sont le Président de la république irakien Hussein et le chef d’État libyen Kadhafi. De même autour de Erdogan en Turquie, d’autres développements seront à considérer sous cet angle : vont-ils pour ou contre les intérêts de la politique américaine ?

Daniel D. (dd.)


Source : Réseau International

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