08.08.2016 - En froid avec l'Occident, la Turquie se rapproche de la Russie

Alors que les conséquences de la tentative de coup d’État du 15 juillet ont jeté un froid sur ses relations avec l'Europe et les États-Unis, le président turc Recep Tayyip Erdogan se rend mardi en Russie pour un entretien avec Vladimir Poutine aux allures de mise en garde adressée aux Occidentaux.

Les responsables turcs assurent que le déplacement d'Erdogan à Saint-Pétersbourg ne signifie pas que la Turquie, membre de l'Otan et candidate à l'adhésion à l'Union européenne, tourne le dos à ses alliés.

Il s'agit, disent-ils, de la suite logique du processus de réconciliation entamé plusieurs semaines avant le putsch avorté, après neuf mois de tensions et de sanctions commerciales qui ont suivi la destruction d'un chasseur russe par l'aviation turque près de la frontière syrienne.

Européens et Turcs se parlaient désormais "comme les émissaires de planètes différentes"

Erdogan et de nombreux Turcs ont très mal pris les critiques des pays occidentaux sur la répression et les purges qui ont suivi la tentative de coup d’État et estiment que ceux-ci ont montré beaucoup moins d'énergie a condamner les agissements des militaires félons, qui ont bombardé le Parlement et provoqué la mort de 230 personnes.

Les relations avec les Occidentaux ont subi un tel coup de froid que le chef de la diplomatie allemande a déclaré cette semaine qu'Européens et Turcs se parlaient désormais "comme les émissaires de planètes différentes". Le chancelier autrichien a été jusqu'à suggérer une suspension des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.

"Pour Erdogan, cet entretien avec Poutine est certainement l'occasion d'envoyer à ses partenaires occidentaux le message que la Turquie pourrait avoir d'autres options stratégiques", souligne Sinan Ulgen, un ancien diplomate turc et expert du centre de réflexion Carnegie Europe.

"C'est un moyen de faire entendre que la Turquie pourrait se rapprocher stratégiquement de la Russie si ses relations avec l'Occident se dégradent. La Russie trouve aussi un intérêt à utiliser la crise entre la Turquie et l'Occident pour fragiliser la cohésion de l'Otan", ajoute Ulgen.

"La Russie et la Turquie sont toutes deux des parias aux yeux des Occidentaux"

Poutine sera seulement le deuxième dirigeant étranger à s'entretenir en tête-à-tête avec Erdogan depuis l'échec du putsch il y a trois semaines, après le président du Kazakhstan qui s'est rendu vendredi à Ankara. Les responsables turcs se sont publiquement interrogés sur le fait qu'aucun dirigeant occidental n'était venu manifester sa solidarité.


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