02.08.2016 - Comment Donald Trump renifle la piste de l’argent

Imaginez des hordes de théocrates américains, des suprématistes blancs, nativistes, adorateurs de la NRA [le lobby des armes à feu], le tout dans une orgie de revolvers à la ceinture, déboulant à la convention républicaine de Cleveland dans le sillage des massacres d’Orlando, Dallas, Nice et Bâton-Rouge.

Qu’est-ce qui pourrait aller mal ?

Imaginez le dangereux spectacle d’une foule armée jusqu’aux dents, regroupant, par exemple, le Parti ouvrier traditionaliste (TWP) – allié avec les Golden State Skinheads (ESG) – arrivant en petite troupe au show du Parti Républicain pour faire en sorte que les partisans de Donald Trump soient défendus contre les voyous gauchistes. Les tribunaux de Cleveland sont prêts à traiter jusqu’à mille arrestations par jour, en restant ouverts 20 heures sur 24. Les boîtes de strip-tease sont gonflées à bloc pour Trump. Le bordel global assuré donnera un nouveau sens au mantra du rock ‘n’ roll Cleveland Rocks.

Problème à la jonction Trump–Pence

Pour aggraver le chaos, il y a le fracas Trump-Pence. Donald Trump reste visiblement frustré par sa propre nomination du gouverneur de l’Indiana Mike Pence comme colistier. Il aurait passé sa soirée de jeudi dernier à essayer désespérément de rétropédaler. Il était furieux que sa décision ait fuité avant qu’il n’ait eu le temps de l’expliquer personnellement à la double calamité de ses deux favoris : le pompeux connard Newt Gingrich et le gargantuesque fanfaron Chris Christie.

Et même dans la première interview conjointe Trump–Pence dimanche dernier, le meilleur échange était en réalité celui-ci :

PENCE : − Donald Trump, cet homme bon […] sera un grand président des États-Unis.

TRUMP : − J’aime ce qu’il vient de dire.

Il était fascinant de voir Trump s’ennuyer visiblement à mourir avec son nouvel ami, terne comme un cheeseburger rassis, qu’il a lui-même qualifié de « chrétien, conservateur et républicain, dans cet ordre. »

Lil’ Mikey – Petit Mikey – comme on le nomme ici, n’est manifestement pas la plus brillante ampoule dans la salle – quelle que soit la salle. Le fait qu’il était membre de la commission des affaires étrangères de la Chambre ne lui donne pas précisément une crédibilité en politique étrangère. Après tout, ce qui compte vraiment pour Lil ‘Mikey est d’installer la charia évangélique aux États-Unis d’Amérique.

Pence a été imposé à Trump par son Richelieu, Paul Manafort, ainsi que par la famille de Trump, pour des raisons de pure realpolitik. Le petit garçon de l’Indiana fera bien dans le décor des États du Rust Belt ; prétendument pour récupérer les électeurs Ted Cruz et apaiser les fanatiques de la droite républicaine qui voient The Donald comme un cajoleur dépravé des gays, pro-avortement, incurable hédoniste new-yorkais ; et si le ticket colle bien, renseigner The Donald au sujet des mœurs ultra-byzantines de Washington.

Mais Trump ne devait pas se soucier plus que ça de tous ces avantages allégués parce qu’il est activé par ses tripes et pas par la realpolitik.

Une nomination beaucoup plus juteuse au poste de colistier aurait été celle du lieutenant-général retraité Mike Flynn, qui a été congédié de son poste à la tête de la Defense Intelligence Agency (DIA) de 2012 à 2014, au motif qu’il avait – à juste titre – prédit que la guerre secrète d’Obama en Syrie fabriquerait le Frankenstein ISIS / ISIL / Daesh. Et puis il en a remis une couche en disant que l’épanouissement de Daesh était en fait une « décision délibérée » de la Maison Blanche.

Non seulement Flynn était contre l’obsession de l’équipe Obama de militariser les rebelles modérés en Syrie, mais il avait averti que se débarrasser de Kadhafi via l’OTAN ouvrirait une boîte de Pandore en Afrique du Nord.

Le problème avec Flynn est qu’il n’est pas partisan de la charia évangélique paléolithique, et que le Parti Républicain a cruellement besoin de ces millions de voix chrétiennes évangéliques. De plus, il est en faveur d’un partenariat d’intérêts avec la Russie – couvrant tous les points chauds de l’Ukraine et du Moyen-Orient. Ceci, bien sûr, est un anathème à Washington.

 

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