29.07.2016 - Les raisons pour lesquelles l’État islamique persiste

NEW YORK – Les attentats meurtriers qui ont eu lieu à Istanbul, à Dacca et à Bagdad démontrent la portée meurtrière de l’État islamique (EI), en Europe, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et dans certaines régions d’Asie. Plus l’EI maintiendra ses bastions en Syrie et en Irak, plus son réseau terroriste va infliger ce carnage. Pourtant l’EI n’est pas particulièrement difficile à vaincre. Le problème est qu’aucun des États impliqués en Irak et en Syrie, y compris les États-Unis et leurs alliés, n’ont jusqu’à présent traité l’EI comme leur principal ennemi. Il est temps qu’ils revoient cette façon de faire.

L’EI a une petite force de combat, que les États-Unis évaluent entre 20 000 et 25 000 en Irak et en Syrie et une autre d’à peu près 5 000 en Libye. Par rapport au nombre de militaires actifs en Syrie (125 000), en Irak (271 500), en Arabie saoudite (233 500), en Turquie (510 600), ou en Iran (523 000), l’EI est minuscule.<

Malgré les promesses du président des États-Unis Barack Obama en septembre 2014 de « dégrader et ultimement détruire » l’EI, les États-Unis et leurs alliés, notamment l’Arabie saoudite, la Turquie et Israël (en coulisses), ont mis l’accent au contraire sur le renversement de Bachar el-Assad en Syrie. Selon une déclaration franche récente du Général de division israélien Herzi Halevy (qui m’a été citée par un journaliste qui a assisté au discours où Halevy l’a faite) : « Israël ne veut pas voir la situation en Syrie prendre fin avec [l’EI] vaincu, les superpuissances qui auraient quitté la région et [Israël] qui resterait avec le Hezbollah et l’Iran dotés d’une plus grande capacité. »

Israël s’oppose à l’EI, mais les plus importantes préoccupations d’Israël concernent le soutien d’Assad à l’Iran. Assad permet à l’Iran de soutenir deux ennemis paramilitaires d’Israël, le Hezbollah et le Hamas. Israël a considère donc le retrait d’Assad comme prioritaire par rapport à la défaite de l’EI.

Pour les États-Unis, pilotés par les néo-conservateurs, la guerre en Syrie est une continuation du plan d’hégémonie américaine mondiale lancée par le Secrétaire à la Défense Richard Cheney et le Sous-secrétaire Paul Wolfowitz à la fin de la Guerre froide. En 1991, Wolfowitz a déclaré au Général américain Wesley Clark :

« Mais une chose que nous avons apprise [de la Guerre du Golfe persique] est que nous pouvons utiliser nos forces armées dans la région (au Moyen-Orient), sans que les Soviétiques ne nous arrêtent. Et nous avons environ 5 ou 10 ans pour nettoyer ces anciens régimes soviétiques (Syrie, Iran (sic), Irak), avant que la prochaine grande superpuissance ne vienne nous défier.

Les multiples guerres américaines au Moyen-Orient (en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Libye entre autres), ont cherché à retirer l’Union soviétique puis la Russie de la scène et à accorder aux États-Unis la domination hégémonique. Ces efforts ont échoué lamentablement.

Pour l’Arabie saoudite, en ce qui concerne Israël, l’objectif principal est d’évincer Assad afin d’affaiblir l’Iran. La Syrie fait partie de la vaste guerre par procuration entre l’Iran chiite et l’Arabie saoudite sunnite qui se joue sur les champs de bataille de Syrie et du Yémen et dans des confrontations amères entre chiites et sunnites à Bahreïn et dans d’autres pays divisés de la région (y compris l’Arabie Saoudite elle-même).

Pour la Turquie, le renversement d’Assad pourrait renforcer sa position dans la région. Pourtant la Turquie est maintenant confrontée à trois adversaires sur sa frontière Sud : Assad, l’EI et les nationalistes kurdes. L’EI est jusqu’à présent resté à l’arrière-plan des préoccupations de la Turquie comparativement à Assad et aux Kurdes. Mais les attaques terroristes en Turquie dirigées par l’EI pourraient bien changer les choses.

 

Lire la suite sur Novorossia Today, traduction depuis Project Syndicate

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