28.07.2016 - Poutine, Erdogan et le complot contre le reste d’entre nous

Poutine et Erdogan ont convenu de se réunir début Août. La tension entre la Russie et la Turquie s’est progressivement dissipée depuis la conversation téléphonique entre Poutine et Erdogan en juin dernier.

Cette semaine, les responsables turcs et russes ont déclaré que les deux administrations sont arrivées à un nouvel accord. En conséquence de cette entente, Erdogan est en train de changer sa politique envers la Syrie, Assad et l’intervention de l’OTAN. Il est donc probable que non seulement la Turquie ne fasse plus partie de la crise syrienne, mais soit même en passe également de jouer un rôle essentiel dans le processus de paix. La preuve de ce changement a eu lieu il y a plus d’une semaine, lorsque la Turquie a commencé à rétablir ses relations avec l’État syrien.

Le mercredi 13 Juillet, deux jours seulement avant la tentative de coup d’État, The Guardian a écrit: « Après plus de cinq ans de guerre civile en Syrie, la Turquie, le pays qui a le plus soutenu la rébellion contre le régime de Bachar al-Assad, a laissé entendre qu’elle pourrait normaliser ses relations avec Damas. »

Le titre du Guardian indique que les « rebelles syriens sont stupéfaits de voir des signes de normalisation des relations entre la Turquie et Damas. »

Nous avons également appris au cours des dernières heures que le gouvernement russe admet maintenant que l’agression turque sur ses jets Su-24 dans l’espace aérien Syrien de l’an dernier a clairement été un complot pour faire dérailler les relations entre les deux pays.

Voila certainement des nouvelles encourageantes pour la région, mais qui ne sont pas nécessairement au goût de l’OTAN, des États-Unis ou d’Israël.

Est-ce cette alliance naissante entre la Russie, la Turquie et peut-être la Syrie qui a conduit quelques chefs militaires turcs à exécuter un coup d’État ? Est-ce une coïncidence si le siège de ce coup d’état manqué était la base aérienne d’Incirlik, le terrain d’aviation turc à partir duquel les États-Unis et l’OTAN lancent régulièrement des frappes aériennes contre l’État islamique ? Il y a également eu la nouvelle cette semaine selon laquelle Incirlik abriterait 50 ogives nucléaires américaines.

Poutine et Erdogan partagent de nombreuses caractéristiques. Les deux dirigeants sont populaires et charismatiques. Ils sont tout deux considérés par leur propre peuple pour être nationalistes et patriotes ; et chacun opère dans un pays qui souffre une longue histoire d’instabilité politique et de coups d’État militaires. Les deux hommes semblent être des animaux politiques originaux et habiles. Mais aucun des deux dirigeants ne semble figurer sur la liste des favoris des États-Unis et de l’OTAN. Les deux sont méprisés par les Zio-cons, les lobbies juifs et Israël. Certains commentateurs suggèrent que les événements du 15 au 16 juillet en Turquie peuvent être un avertissement pour Poutine. Il pourrait être le prochain à subir une tentative de coup d’État.

C’est une drôle d’époque pour la presse. Il n’y a pas une seule agence qui soit fiable ou digne de confiance. Nous sommes bombardés par une pléthore de réseaux de propagande internationale. Plus nous avons de chaînes d’information, moins nous en savons. Construire une image cohérente et objective de la réalité ou des affaires internationales est à peu près impossible. Le recyclage d’extraits sonores prêts à l’emploi par les réseaux de militants et commentateurs progressistes ne permettent pas non plus de s’y retrouver. J’ai été choqué de découvrir cette semaine qu’un groupe de partisans occidentaux pro Assad, que je considérais par erreur, bien intentionnés et bien informés, utilisent la terminologie de néo-conservateurs tel que « islamistes »,  »voyous », « islamo-fascistes” envers le peuple turc qui est descendu dans la rue pour sauver son pays d’un régime militaire.

Au fur et à mesure que les choses se précisent, il semble que la tentative de coup d’État ait été motivée par la nouvelle alliance entre la Turquie et la Russie. La possibilité que la Turquie devienne partie intégrante d’une solution pacifique en Syrie mettrait un terme à la guerre interventionniste de l’OTAN contre le régime d’Assad. Les comploteurs contre Erdogan cherchaient désespérément à empêcher une telle transition.

Un vieil ami m’a rappelé hier un fin adage de Charles Bukowski : «Le problème avec le monde c’est que les gens intelligents sont pleins de doutes tandis que les plus stupides sont pleins de certitudes ».

Gilad Atzmon | 21 juillet 2016

 

Source : Arrêt sur Info

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