24.07.2016 - Victoire en demi-teinte pour Pétrolia

Rare consensus dans le dossier de l’exploration pétrolière sur l’île d’Anticosti. Les deux parties en litige ont accueilli favorablement vendredi la décision du juge de la Cour supérieure Martin Castonguay, qui a exigé que Québec et son partenaire, Saint-Aubin, avancent les fonds nécessaires pour assurer les besoins primaires et les emplois liés au projet jusqu’au 31 mai 2017.

La décision du juge a fait suite à une demande d’injonction de Pétrolia, qui souhaitait obtenir une ordonnance forçant Ressources Québec et Saint-Aubin — une filiale de la société française Maurel et Prom — à verser 13 millions de dollars pour financer trois forages exploratoires à Anticosti au cours de l’été. Bien qu’elle n’obtienne pas ce montant, la pétrolière est sortie satisfaite du palais de justice de Montréal.

« On est très heureux, parce que le juge nous a donné en partie raison. Il a reconnu la situation de blocage », a affirmé le président-directeur général de Pétrolia, Alexandre Gagnon, quelques minutes après que le responsable de Ressources Québec, Iya Touré, s’est également dit « satisfait » de la décision.

De l’avis de M. Gagnon, l’ordonnance exigeant le pourvoi des salaires et des besoins administratifs d’Hydrocarbures Anticosti permet à tout le moins de « sauvegarder l’expertise » développée dans le cadre du projet. « On aura tout en place pour reprendre les travaux au moment où on les reprendra », a-t-il déclaré.

Flou sur les forages

Mais ce « moment » reste encore à être déterminé. Le juge Castonguay ne s’étant pas prononcé sur la question des forages, le calendrier des travaux sur l’île d’Anticosti demeure nébuleux. « Cette année, normalement non, [il n’y aurait pas de forages], mais les partenaires peuvent décider autre chose », a ainsi affirmé Iya Touré.

« Quand est-ce que les forages vont avoir lieu ? On va devoir en parler avec les partenaires », a aussi affirmé Alexandre Gagnon. « Je n’exclus rien pour l’instant », a-t-il aussi répondu quand on lui a demandé s’il était possible que des forages aient lieu d’ici la fin de l’année.

Pour Sophie Gallais, responsable de la campagne Anticosti à Nature Québec, le jugement n’est rien de plus qu’un moyen de mettre l’exploration pétrolière et gazière à Anticosti « sur le respirateur artificiel » jusqu’au printemps prochain. « En ce sens, aucune véritable décision n’est prise. La menace sur Anticosti plane toujours », a-t-elle dit.

Saint-Aubin, le seul partenaire s’étant pourvu d’un droit de retrait, soutient qu’il n’y a pas d’urgence à lancer les forages. De son côté, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, tente de se dissocier du projet, à propos duquel il a exprimé plusieurs réserves. Son gouvernement a néanmoins autorisé, en juin, trois forages avec fracturation. Dès lors, les opérations ont suscité la controverse, notamment parce que Le Devoir a révélé qu’elles nécessiteront le prélèvement de 30 millions de litres d’eau dans des rivières d’Anticosti, dont la principale rivière à saumon de l’île.

Un administrateur indépendant

Seule certitude dans ce sinueux dossier, Pétrolia, Ressources Québec et Saint-Aubin devront finir par s’entendre, a fait savoir le juge Castonguay. Le magistrat a donné 30 jours aux deux parties (Pétrolia d’un côté, et Ressources Québec et Saint-Aubin de l’autre) afin qu’elles nomment un administrateur indépendant. En cas de dissension, les parties auront 15 jours supplémentaires pour proposer trois noms chacun à un juge qui aurait la tâche de trancher.

Le juge Castonguay a par ailleurs demandé que la suite des procédures se déroule à Québec afin de « concentrer » le dossier et d’en faciliter la gestion.

 

Source : Le Devoir

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