06.10.2014 - Frères ennemis

Une étude se penche sur les rapports complexes entre journalistes et relationnistes.

Le journalisme est en crise ? Normal, toute la société l’est ! Résultat : le Québec compte maintenant six fois plus de professionnels des relations publiques que de journalistes. Ce qui n’excuse pas pour autant les nombreuses erreurs diffusées par les médias.
 

La carte professionnelle électronique de Ben Tamblyn annonce qu’il est « directeur, storytelling et communications corporatives Microsoft, Seattle ». Il se présente aussi très sérieusement comme « évangéliste technologique », c’est-à-dire gourou du culte de son entreprise. Sa secte « produit divers contenus qui donnent vie à la marque Microsoft », selon l’introduction à la conférence qu’il prononçait récemment à Montréal dans le cadre des Rendez-Vous médias d’Infopresse.

Ben Tamblyn a raconté à plusieurs centaines de spécialistes du marketing et des« communications corporatives » comment il s’y prend pour convaincre les médias traditionnels de raconter les histoires qui avantagent sa marque. Comment l’évangéliste convertit les reporters à la bonne nouvelle de Microsoft, quoi. Comme le journalisme en pince pour les récits bien racontés, le prêcheur postmoderne les attire avec de belles histoires à se mettre sous le clavier ou la lentille. Il a lui-même décortiqué au pur sucre les structures des contes de fées à imiter, puis fournit des exemples concrets.

En voici un. Les médias ne s’intéressaient pas au nouveau « smart campus » de la compagnie à Redmond, près de Seattle dans l’État de Washington, un complexe hypertechno et überécolo inauguré il y a quelque 18 mois. Le dossier de presse traditionnel a été présenté à une quinzaine de journalistes. Aucun n’a mordu.

« Nous avons alors produit des photos, des vidéos très alléchantes et nous les avons diffusés nous-mêmes sur les réseaux sociaux,a sermonné le sermonneur. En 48 heures, nous avions plus d’un million de connexions et une quinzaine de reportages ont finalement été écrits sur le sujet. »

L’évangéliste s’est aussi vanté d’avoir placé la même photo « corporative » montrant de hauts dirigeants de la boîte à la une de plusieurs grands journaux. Il a aussi fait écrire plusieurs articles sur un programme de traduction en misant sur l’histoire d’un des concepteurs américains qui l’utilisait pour dialoguer avec sa belle-mère chinoise. Un autre beau conte de fées.

Lire la suite sur ledevoir.com

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir