16.07.2016 - Le grand bond en avant des supercalculateurs chinois inquiète les Etats Unis

En juin 2016, la Chine a annoncé avoir mis en service Sunway TaihuLight, le nouveau supercalculateur le plus puissant au monde. Elle prend ainsi la tête des poids lourds mondiaux dans un domaine stratégique pour la Défense comme pour la recherche appliquée ou la médecine. Et en plus, le monstre est 100% chinois.

Sunway TaihuLight a détrôné Tianhe-2, un autre supercalculateur chinois trois fois moins puissant que le nouveau numéro un. Et pour la première fois, un supercalculateur chinois n’intègre aucun périphérique ou système provenant d’Occident. Équipé de 40 960 processeurs ayant chacun 260 cœurs, soit un total de 10 649 600 cœurs, il est capable d’effectuer 93 millions de milliards d’opérations à la seconde, (93 petaflops). Plus que ses quatre suivants réunis sur la liste des supercalculateurs mondiaux.

Installé dans un centre informatique dont il occupe tout un étage dans la ville industrielle de Wuxi, dans l'est de la Chine, Sunway TaihuLight a été conçu pour une utilisation dans le cadre de la recherche et les modélisations sur le climat, les données biologiques et industrielles. Sous les mots « recherche industrielle », on peut tout imaginer...

La performance en terme de puissance se double d'une performance en terme de quantité : la Chine a dépassé les États-Unis au nombre total de 167 appareils recensés contre 165. Une montée en puissance qui a pris à peine 10 ans aux ingénieurs et mathématiciens chinois.

Des géants du calcul pour toutes les applications

Sunway TaihuLight n'est pas une démonstration théorique de la maîtrise technologique chinoise tant ses applications sont nombreuses. Les grands calculateurs sont incontournables dans tous les domaines de l'activité économique, scientifique, civile et militaire. Pour son Falcon 7X, Dassault a raccourci le temps de modélisation (cent quarante millions d'équations), à savoir deux cent mille heures (soit vingt-deux années), à seulement deux cents heures (huit jours). Et le calculateur utilisé était un nain par rapport au Chinois. Récemment, Total a acquis Pangea, le plus gros calculateur en service dans l'industrie, pour traiter des algorithmes de nouvelle génération et traduire en imagerie des zones de plus en plus complexes afin d’effectuer des simulations de gisements en prenant en compte des données de sismiques 4D. C'est également grâce à un supercalculateur que l'on a simulé l'explosion d'une bombe atomique de façon totalement numérique. Des supercalculateurs dépend notre sécurité informatique et c'est encore grâce à eux que l'on peut modéliser des informations météorologiques ou établir des comparaisons entre les millions de cellules cancéreuses de millions de malades. Il est tellement présent dans la recherche médicale, qu'après les expériences in vivo, puis in vitro, on parle maintenant de recherche in silico.

Le calcul intensif ne sert pas seulement à réduire les coûts de conception en s'affranchissant des coûts exorbitants des prototypes physiques. Il aide surtout à tester, essayer et valider de nouvelles idées ou encore les meilleures variantes d'un produit ou d'un procédé en conception.

Les cartes mondiales rebattues

Ces exemples montrent que la course à la puissance des supercalculateurs rebat totalement les cartes de l'économie et de la géopolitique mondiale. La puissance économique, scientifique et stratégique d'un pays ne se mesure plus seulement en PIB ou en divisions blindées. Elle tient compte désormais du nombre de machines installées sur son sol, de leur puissance, et du nombre de fabricants domestiques. La Chine vient donc de frapper un grand coup qui laisse loin les États-Unis, très inquiets des performances de la machine qui confère à la Chine une avance industrielle non négligeable, et, surtout, une avance militaire. Les supercalculateurs sont en effet la clé de la cyberguerre, leur puissance de calcul est garante de l'efficacité des défenses antimissiles, du guidage des missiles tactiques et des satellites, du cryptage/décryptage des transmissions. L'annonce de Barack Obama il y a un an, de la mise en chantier d'un nouveau supercalculateur US capable de 1000 petaflops (10 fois la puissance du Chinois), démontre le retard de la technologie américaine, car cette machine ne pourra être mise en service avant 2023. D'ici là, les Chinois auront encore progressé sur une technologie propre.

D'autres nations – Japon, Suisse, Allemagne, Arabie Saoudite – suivent dans le classement mondial des calculateurs où l'on trouve la France à la 11ème place. A noter que le Français Bull est le seule fabricant européen présent parmi les deux Chinois, les Américains (Dell, Cray, IBM, SGI) et le Japonais Fujitsu. En tête des pays les plus consommateurs, on trouve aujourd'hui les États-Unis (45,4%), suivis par la Chine (12%), le Japon (6,3%), le Royaume-Uni et la France (5,9% chacun), et l'Allemagne (5,1%). Tous les autres pays, notamment la Russie, l'Inde, la Corée du Sud, pèsent moins de 2% chacun, d'après le classement Top 500 2015.

 

Source : Agoravox

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